Guide de stage officinal de formation

La Pharmacie, son évolution, son utilité, sa nécessité sociale

RappelUn peu d'histoire... :

Il n'est évidemment pas possible dans le cadre de cet ouvrage de développer même partiellement la très riche histoire de la pharmacie. Nous souhaitons que l'étudiant y trouve à travers quelques points de repère, le témoignage d'une profession très ancienne. Nous les invitons à consulter les bibliographies nombreuses sur ce sujet ainsi que le site de l'Académie Nationale de Pharmacie.

Les pratiques médicales et les remèdes prescrits sont l'héritage d'un passé lointain. Les archéologues ont pu retrouver, sur des tablettes médicales datant de moins de trois mille ans avant notre ère, la révélation de pratiques thérapeutiques déjà élaborées. Un esprit d'observation développé permit aux Assyro-Babyloniens d'établir déjà une pharmacopée comprenant environ 150 plantes, une matière minérale : le soufre, et des produits d'origine animale tels que le lait de vache et de chèvre, le miel, la cire, le castoréum[1]

Dans ces périodes très anciennes, l'assimilation de la maladie à une expression malfaisante ne manque pas d'étayer la croyance d'une extirpation du mal par le mal qui privilégie le choix de substances amères ou répugnantes. De même qu'on ne conçoit pas que ces « guérisseurs », souvent conduits par le hasard dans ce combat contre les puissances maléfiques qui accablent le malade, ne puissent apparaître à leurs contemporains autrement que comme des « exorcistes» héritiers d'un pouvoir sacerdotal. Le thérapeute se doit d'être tout à la fois médecin, pharmacien et prêtre

Les Egyptiens se trouvant les plus avancés dans la connaissance de la nature et des propriétés des corps simples firent évoluer la thérapeutique de la magie à l'expérience, ce dont témoignaient déjà les grecs Homère[2] , Hippocrate, Hérodote[3] , et plus tard Gallien. Au demeurant certains historiens attribuent l'origine du mot « Pharmacie » à l'Egypte ancienne : Ph-ar-maki « qui procure la sécurité » et qui désignait le dieu Thôt.

Le rôle considérable joué par les Egyptiens dans les origines des sciences médicales et pharmaceutiques commence seulement à être connu. Le papyrus d'Ebers, premier ouvrage médical égyptien[4] , traduit en 1875, complété par ceux de Berlin (1909) et d'E Smith (1930) témoignent de l'étonnante richesse de la pharmacopée égyptienne.

La pharmacie hellénique quant à elle, se trouvait déjà relativement avancée à la période pré-hippocratique, de l'aveu même de celui qu'on considère comme le père des sciences médicales en Occident. Depuis la période homérique, au-delà des pratiques sacerdotales à visée curative, inférées de la mythologie, et qui constituait alors l'essentiel des traitements, perdure cependant une connaissance traditionnelle du médicament,acquise auprès des civilisations crétoises et mycéniennes. Dans ses traités, Hippocrate fait mention de nombreuses formules très variées et souvent complexes issues de cet enrichissement progressif. II permettra ainsi à son école d'organiser et construire la science médicale et pharmaceutique sur une solide base expérimentale.

Les Phéniciens, jouèrent .également un grand rôle dans la pharmacie grecque au travers du trafic des drogues, non seulement dans tout le bassin méditerranéen mais aussi avec les Indes.

La science pharmaceutique indienne s'est d'abord développée au Tibet, en Asie centrale et en Indonésie ainsi que dans certains milieux chinois et japonais. Elle servit de modèle dans la Chrétienté et dans l'Islam. A l'origine aux Indes comme en Egypte ou en Chine, la magie joua un rôle thérapeutique important. Mais à l'époque où se développe la tradition de l'Ayurveda (science de la longévité) issue des plus anciens traités de médecine classique indienne[5], le thérapeute n'est déjà plus un sorcier : c'est un homme de savoir et un praticien qui tient compte des données de l'expérience et les organise d'après une théorie générale portant sur l'homme.

En Asie, depuis plus de 2000 ans, ce qui caractérise la médecine chinoise savante, transmise par des textes datés et répertoriés, c'est une pratique à la fois étroitement mêlée à une certaine philosophie de la conception du monde, et s'appuyant sur une matière médicale d'une extrême richesse. La notion de pharmacien et notamment de pharmacie évoque curieusement celles des apothicaires et apothicaireries qui auront cours jusqu'à la fin du XIXème siècle. Aujourd'hui encore, on étudie scientifiquement en Chine cette matière médicale traditionnelle, discipline qui a pris le nom de pents'aologie[6] . Leurs grands hôpitaux publics ont cette particularité d'offrir au choix du malade, à côté de la médecine et de la pharmacie telle qu'on la connaît classiquement à l'Ouest, des pratiques traditionnelles reposant sur cette matière médicale transmise depuis l'antiquité.

C'est en accordant en 219 avant J-C à Archagathos, thérapeute grec, le titre de citoyen romain et le droit d'établir une officine pour soigner les malades par des remèdes nouveaux, que le Sénat romain créa probablement la première pharmacie occidentale. Tenant à la fois du cabinet de consultation, de la pharmacie et du centre de soins elle était à l'image des maisons de secours qu'on trouvait à la même époque dans les grandes villes grecques.

A côté des grands encyclopédistes tels que Celse[7], ou Pline l'Ancien[8] qui rapportèrent la substance des progrès réalisés en médecine depuis Hippocrate, Gallien[9] occupe sans conteste une place particulière chez les pharmaciens. Pharmacologue et thérapeute, mais aussi philosophe, physicien et astrologue, il fut un violent polémiste. Il a écrit sur tous les sujets. Certains lui attribuent plus de 500 traités, et parmi ceux-ci le traité de la Composition des médicaments caractérisé par le bon sens de son auteur et la qualité de ses descriptions. Le rejet de son système médical jugé artificiel fut sans doute la conséquence des excès du culte qu'il subit jusqu'au XVIème siècle.

La période du Moyen Age[10] n'a pas conduit, comme on le pense souvent, à une sclérose des connaissances médicales et pharmaceutiques. Certes, le triomphe de la religion chrétienne développe le mépris du monde charnel, où la maladie n'est que l'expression d'une colère divine ou d'une haine démoniaque. Les églises, les couvents et les abbayes sauvèrent la tradition latine, assurant la survivance d'une routine thérapeutique enrichie de la transmission d'un savoir empirique populaire, tandis que la science grecque antique fut transmise aux occidentaux par les Arabes, grâce à la persistance d'échanges commerciaux avec l'Orient.

Les Arabes ont joué un rôle capital dans l'histoire de la thérapeutique. Ils sont dépositaires dans un premier temps des richesses scientifiques de la Grèce antique, traducteurs de tous les auteurs anciens et conservateurs des usages professionnels. Héritiers des écoles Perse, de l'Espagne Omeyyade, ou du Caire, tout en faisant progresser la pharmacologie, ils apporteront à partir du VIIlème jusqu'au XIIIème siècle, des perfectionnements importants aussi bien en ce qui concerne les remèdes, que les formes pharmaceutiques.

L'antiquité n'avait connu que des thérapeutes, dont les pratiques médicales, pharmaceutiques et philosophiques encore confondues le disputaient à celle plus commerciale de vendeurs de drogues. Le philosophe Olympiodore[11] , fait bien la mention d'une articulation entre un médecin prescripteur et un pigmentarius chargé de réalisé ces prescriptions. Mais c'est aux Arabes, qu'on doit une prise de conscience de la grandeur de la tâche du pharmacien. « La pharmacie dite aussi art des drogues et des boissons, est avec la médecine la plus noble des sciences» écrira au XIIIème siècle Cohen el Atthar[12] , prêtre pharmacien. Dans son Manuel de l'Officine, il développera une notion, étonnante pour l'époque, de « tact et de mesure[13] ».

En Occident cependant, aucune apothicairerie ne semble avoir existé en tant qu'officine avant la fin du XIème siècle. C'est seulement à la fin du XIIème siècle, qu'en France, la séparation de la médecine et de la pharmacie devient formelle. Le terme d'apothicaire, synonyme à l'origine de « boutiquier », désigne le moine qui s'occupe de la pharmacie, puis celui qui vend des drogues ou des épices. On ne trouve d'ailleurs pas d'enseigne d'apothicaire avant le XIIIème siècle.

Avec la Renaissance on assiste d'ailleurs plus à une exhumation qu'à une renaissance de la pharmacie. Les jardins permettant la culture de plantes médicinales : les simples, héritiers de ceux fondés dès le XIème siècle par les monastères, furent créés un peu partout en Europe Padoue, Pise, Heidelberg, Paris[14] et Montpellier... décuplant les ressources thérapeutiques et offrant d'inédites approches.

.Au XVIème siècle les apothicaires sont encore peu nombreux. L'étrange personnalité de Paracelse[15] , alternativement réformateur génial et mage illuminé, illustre la rupture de pensée de cette époque. Défenseur de l'expérience et de la raison contre la tradition il introduisit l'emploi des substances chimiques en thérapeutique.

Parallèlement la pharmacopée européenne s'enrichit de ressources végétales nouvelles importées d'Afrique, d'Asie et d'Amérique, grâce aux explorations et découvertes ainsi qu'au développement du commerce international.

Mais c'est véritablement au XVIIIème siècle que l'histoire de la pharmacie prend un essor nouveau. Jusqu'alors en raison de leur fréquente inactivité, les formules des médicaments étaient l'objet de constants remaniements, aboutissant graduellement à plus de complexité, et dans lesquelles entraient des principes souvent opposés neutralisant leurs éventuelles activités thérapeutiques. L'intérêt que l'on avait à préférer des substances pures plutôt que celles complexes de produits végétaux s'impose avec l'introduction de la chimie : « Science de la transformation de la matière ». Contourner la nature en opérant des synthèses, c'est-à-dire créer des espèces chimiques inédites dans lesquelles se trouvaient des substances médicamenteuses constitue une révolution

La confusion entre apothicaire et épicier[16] , s'estompe alors, quand de commerçant il devient artisan en préparant les produits qu'il délivre. Le 25 avril 1777 une Déclaration royale consacre la valeur de la Pharmacie comme« art précieux à l'humanité ». Elle donne sa totale indépendance à la corporation des apothicaires, qui prit le nom de « Collège de Pharmacie » déterminant les devoirs et les droits des « Maîtres en Pharmacie ».

A la Révolution, malgré les services éminents qu'il rendait au public, mais héritier de l'esprit corporatif contraire aux nouveaux principes, le Collège est victime du décret du 2 mars 1791 et dissous: n'importe qui peut s'établir et délivrer des remèdes. Devant les incidents qui en résultent pour la santé publique, le Collège est cependant rétabli, à titre provisoire, dans ses droits et prérogatives le 14 avril suivant.

Entre 1830 et 1890 l'utilisation des hydrocarbures allait concourir au développement spectaculaire de la créativité pharmaceutique. Cependant cette évolution ne s'effectue pas sans profond bouleversement. Les moyens de ce développement ne sont pas à la mesure technique et financière de l'officine. L'apparition des spécialités, médicaments fabriqués industriellement, hors du champ de l'officine, va modifier profondément la perception du médicament. Leur généralisation va marginaliser progressivement la production officinale et déporter l'exercice du pharmacien vers d'autre activités: la recherche, la fabrication, la répartition, la dispensation de produits de santé à l'officine comme à l'hôpital, et la biologie.

Tout au long du XXème siècle, les techniques de production que l'industrie pharmaceutique s'est appropriée, n'ont pas cessé d'évoluer et de se complexifier devenant la base de sa puissance au plan mondial. La recherche d'abord focalisée sur la copie ou la modification de principes naturels pour les rendre à la fois plus efficace et plus tolérant, s'est ouverte sur des séries chimiques aux effets inédits.

L'arrivée aujourd'hui des biotechnologies consistant à produire des protéines pour élaborer des médicaments spécifiques comme des anticancéreux, constitue un axe de développement nouveau préfigurant la thérapie génique. Les enjeux qu'elle soulève introduit ainsi de nouvelles réflexions éthiques : « L'homme peut-il être son propre médicament ? ». Celles-ci ne vont pas manquer de redéfinir dans l'avenir des cadres de production et de distribution pour ces nouveaux remèdes, remodelant du même coup le paysage pharmaceutique.

Le médicament, objet scientifique de haute technologie mais aussi économique, représente un enjeu stratégique majeur autant pour les quinze pays qui le produisent que pour ceux qui les achètent. A l'échelle nationale, il reflète les contradictions de notre société, simultanément avide d'innovation technologique et nostalgique de « naturel », qui souhaite à la fois qu'il soit matière à exception mais aussi objet d'une banalisation. Malgré ce contexte paradoxal, l'histoire démontre que les pharmaciens, au sein de leurs laboratoires ou de leurs officines, riches d'une expérience millénaire, exercent et continueront d'exercer, au cœur de la création, du contrôle et de la dispensation du médicament. Leur objectif reste le même : soulager leur contemporain en fonction de leur connaissance et de leurs moyens.

Le pharmacien dans la chaîne de santé

L'ensemble des activités concourant à soigner les maladies humaines et animales constitue la chaîne de santé. A côté du médecin, du dentiste, du vétérinaire, le pharmacien occupe une place originale:

  • dans l'industrie pharmaceutique : recherche, fabrication du médicament, et affaires réglementaires

  • dans la répartition : distribution et approvisionnement

  • à l'officine et à l'hôpital : préparation et dispensation pour une prise en charge globale du patient

  • dans les laboratoires d'analyse libéraux ou hospitalier : réalisation d'examens biologiques concourant au diagnostic, au traitement ou à la prévention des maladies humaines

L'exercice de la pharmacie officinale se situe à un point stratégique de cette chaîne, au contact direct avec le patient, elle assure sa protection au sein de la santé publique.

L'officine de pharmacie

La licence fixe le lieu d'exercice de la pharmacie : « Etablissement affecté à la dispensation au détail des médicaments, produits et objets mentionnés à l'article L 4211-1 ainsi qu'à l'exécution des préparations magistrales et officinales. » Art L 5125-1. La réglementation reste encore aujourd'hui peu contraignante quant à son agencement[17] : introduction de notion d'espace comme l'espace de confidentialité, d'espace réservé aux médicaments « en libre accès » etc.

La découverte de la configuration de l'officine et son agencement, est la première démarche que le stagiaire effectuera.

Reconnaître l'aspect extérieur

• l'enseigne, la croix verte (croix grecque),

• les vitrines et la porte sur laquelle doit toujours être indiqué le nom du ou des pharmaciens titulaires.

Définir les spécificités de chaque zone de l'officine, notamment :

  • Partie accessible au public

    • l'espace clientèle l'espace réservé aux médicaments « en libre accès »

    • la zone de dispensation respectant la confidentialité

    • le local des activités spécialisées (orthopédie, matériel médical...)

    • le bureau du pharmacien

    • le sas pour les gardes et les urgences

  • Partie non accessible au public

    • le préparatoire

    • l'espace de réception et de déballage des commandes

    • la zone de stockage, les rayonnages, l'enceinte réfrigérée

    • l'emplacement réservé aux médicaments non utilisés et à détruire

    • le sas de livraison des médicaments en dehors des heures d'ouverture de l'officine

Conditions minimales d'installation

  • La superficie, l'aménagement, l'agencement et l'équipement des locaux d'une officine de pharmacie doivent être adaptés à ses activités et permettre le respect des bonnes pratiques officinales

  • Les locaux de l'officine doivent former un ensemble d'un seul tenant y compris pour ce qui concerne les activités spécialisées d'optique-lunetterie, d'audio prothèse et d'orthopédie. Ces dernières activités font l'objet d'un rayon individualisé et d'un espace permettant au patient d'essayer le produit dans des conditions satisfaisantes

  • Aucune communication directe ne doit exister entre l'officine et un autre local professionnel ou commercial

  • L'accueil de la clientèle et la dispensation doivent s'effectuer dans des conditions de confidentialité permettant la tenue d'une conversation à l'abri des tiers

  • Le mobilier pharmaceutique doit être disposé de telle sorte que le public n'ait directement accès ni aux médicaments, ni aux autres produits dont la vente est réservée aux officines sauf les médicaments de prescription médicale facultative autorisés à être mis devant le comptoir

  • Un espace de confidentialité doit être prévue où le pharmacien peut recevoir isolément les patients. Cet espace est réputé adapté dès lors qu'il permet un dialogue entre le pharmacien et le patient en toute confidentialité

  • Un espace réservé aux médicaments « en libre accès » peut être aménagé

L'officine doit comporter

  • Un préparatoire : local ou emplacement adapté et réservé à l'exécution et au contrôle des préparations magistrales et officinales. Les surfaces de travail du préparatoire sont lisses, imperméables, sans fissures et facilement nettoyables

  • Une armoire ou un local de sécurité fermant à clef destiné au stockage des médicaments et produits classés comme stupéfiants

  • Une enceinte réfrigérée avec un contrôle et relevé régulier des températures

  • Un emplacement destiné au stockage des médicaments non utilisés

  • Un emplacement réservé au stockage des produits chimiques

  • Le cas échéant, un emplacement destiné à l'exécution des analyses de biologie médicale autorisées

  • Un local ventilé adapté au stockage des liquides inflammables

Un emplacement adapté au stockage des gaz médicaux (oxygène gazeux)

La vie à l'officine

Elle est axée principalement sur la préparation et la dispensation du médicament et d'un certain nombre de produits et d'articles autorisés (CSP art. L 4211-1 et L 5125-24). Ces activités sont étroitement liées à la présence d'un stock qui nécessite une surveillance continue : péremption, retrait laboratoire, alerte Afssaps (fiches d'alerte Afssaps et leur archivage). Le stagiaire devra se familiariser avec l'ensemble des opérations qui en découlent :

  • réception et contrôle des produits : spécialités, plantes médicinales, produits chimiques, produits galéniques, dispositifs médicaux, produits dermo pharmaceutiques, produits diététiques...)

  • rangement dans les rayonnages selon leur spécificité : médicaments classés par ordre alphabétique, par forme, selon leurs contraintes (stupéfiants, médicaments à conserver au réfrigérateur et à ranger dès réception...), autres produits...

  • organisation des commandes en fonction d'une bonne gestion du stock (achats notamment chez les grossistes qui livrent tous les jours toutes les pharmacies, achats directs...)

  • dispositifs médicaux en location (aérosols, pèse-bébés, tire-lait...) dont la maintenance est indispensable (nettoyage et désinfection)

  • matériel de préparation et de conditionnement

Le stagiaire perçoit alors que l'officine est un lieu ouvert au public, où il est impératif de communiquer dans une ambiance de totale confidentialité, d'ordre et de propreté.

L'équipe officinale

1) Le(s) pharmacien(s) titulaire(s) ou co-titulaire(s) de l'officine civilement responsables de toutes les opérations qui s'y déroulent.

2) Le(s) pharmacien(s) adjoint(s) du ou des titulaire(s) de l'officine partage(nt) toutes les responsabilités inhérentes à son diplôme. Il(s) exerce(nt) évidemment les mêmes fonctions. Dans l'acte pharmaceutique, leur responsabilité est également engagée.

3) Les personnes habilitées à seconder le pharmacien dans ses activités :

  • préparateur (titulaire du brevet professionnel BP)

  • étudiant en pharmacie (inscrit en 3ème année au moins)

4) Les personnes non autorisées à délivrer le médicament :

  • étudiant en pharmacie inscrit en 1ère et 2ème

  • élève préparant le brevet professionnel

  • aide-préparateur (titulaire du certificat d'aptitude professionnelle, CAP)

  • apprenti

  • rayonniste

  • personnel d'entretien

  • personnel administratif

Situé au bout de la chaîne du médicament, le pharmacien constitue une interface entre le médecin et le malade. Spécialiste du médicament, il a en charge le contrôle et l'exécution de la prescription médicale et de la médication officinale dont il assume la totale responsabilité. Il n'a pas droit à l'erreur.

Parallèlement, le pharmacien joue un rôle social important, tant en matière de conseil et d'éducation pour la santé que de relations humaines. Il se met à la portée de son patient pour répondre à ses attentes par une approche psychologique et par une mise en confiance propices à un véritable dialogue.

Il est un acteur vigilant de la santé publique, et la pharmacie est un lieu d'écoute, de réflexion et de communication.

Son implication dans les dossiers médicaux et administratifs du malade en fait un interlocuteur privilégié des organismes sociaux.

En tant que chef d'entreprise, le pharmacien titulaire est l'animateur de son équipe dans laquelle il s'efforce de créer la meilleure ambiance relationnelle possible. Il insuffle le dynamisme de l'officine, fixe ses objectifs, fait circuler l'information et s'assure de la qualité du travail effectué par chacun, dans le respect des règles propres à l'exercice de la pharmacie et à la législation du travail.

Remarque

Bien que n'appartenant pas au personnel de l'officine, l'étudiant-stagiaire veillera à bien s'intégrer dans l'équipe officinale en observant les règles de courtoisie et de discrétion qui régissent les relations humaines. Il aura une tenue correcte. Il participera à toutes les tâches qui découlent des missions du pharmacien mais, selon la réglementation, il ne peut délivrer les médicaments (art. L. 4241-1 CSP), avant d'être lui-même totalement responsable, une fois diplômé (art. L. 4241-10 CSP).

Le stage officinal d'initiation a justement pour rôle de préparer l'étudiant aux différentes tâches professionnelles qu'il pourra être amené à réaliser pendant ses études.

Si réglementairement, seul le pharmacien et le préparateur ont l'obligation de porter un badge, il est recommandé à l'étudiant-stagiaire d'en porter un pour être identifié.

Le secret professionnel s'impose à toute l'équipe officinale et le stagiaire ne saurait y déroger.

Les spécificités de l'exercice officinal

Déontologie et éthique professionnelle

La nécessité de se conformer à des règles de bonne conduite a débouché sur l'élaboration d'un code de déontologie fixant les rapports du pharmacien avec les malades, avec ses confrères, avec les médecins, avec le personnel de l'officine, et de manière générale avec le public dans le souci d'une éthique qui préserve la dignité de l'exercice professionnel.

L'Ordre National des Pharmaciens est chargé d'assurer le respect des droits et devoirs professionnels, la défense de l'honneur et de l'indépendance de la profession alors que l'Inspection de la pharmacie contrôle la bonne observation des règles d'exercice officinal. Ils agissent en complémentarité dans le seul objectif de la protection de la santé publique.

Exercice libéral

Professionnel indépendant, propriétaire de son officine, le pharmacien titulaire exerce personnellement sa profession dans le cadre défini par le Code de la Santé Publique. Il peut être secondé par un ou plusieurs pharmaciens adjoints ; c'est une obligation si le chiffre d'affaires dépasse un seuil réglementairement déterminé, ou en cas d'incapacité physique incompatible avec l'exercice personnel. Leur formation et leur inscription à l'Ordre permettent aux pharmaciens d'exercer leur activité et d'assumer le monopole de la dispensation des médicaments et de certains articles autorisés. Ce monopole est accompagné de contraintes multiples telles que :

  • le secret professionnel

  • l'exercice personnel

  • l'obligation d'assistance au malade

  • le refus de dispensation

  • la disponibilité

  • l'obligation de garde

  • l'obligation de stock

  • l'obligation de conseil et d'éducation à la santé

  • l'obligation de participer à la pharmacovigilance et à la matériovigilance

  • l'obligation de lutter contre le charlatanisme

  • l'obligation de contribuer à la lutte contre la toxicomanie, les MST et le dopage

  • le devoir d'actualiser ses connaissances : formation continue obligatoire

Appartenir à une profession libérale a conduit les pharmaciens à assurer eux-mêmes la rigueur de leur exercice professionnel. L'Ordre des pharmaciens peut se réunir en chambre de discipline chargée de sanctionner, le cas échéant, tout manquement.

Dans l'acte pharmaceutique, l'officinal engage en permanence sa responsabilité tant civile que pénale. La pharmacie est bien une profession libérale, ce qui ne signifie pas qu'elle s'exerce librement. Le stagiaire notera que, parmi les professions dites libérales (médecins, pharmaciens, sages-femmes, avocats, notaires, architectes, experts comptables,...), la pharmacie a à la fois un Ordre et une Inspection.

Activité coommerciale

Le pharmacien vend des produits mais à la différence des autres formes de commerce, comme il s'agit de médicaments, il ne peut inciter à leur consommation excessive et inappropriée. Pour assurer son obligation de service public, il ne doit pas aliéner son indépendance par des contraintes commerciales (bail, conditions commerciales, vitrines...).

Il est inscrit au registre du commerce et doit se soumettre aux dispositions relatives aux commerçants (inventaires, tenue de livres comptables, bilans...). Il encourt des contrôles de prix.

C'est un chef d'entreprise, mais qui ne maîtrise pas sa croissance, car il ne fixe ni le prix du médicament remboursable, ni le volume des ventes.

La licence accordée par le Préfet pour l'officine définit le lieu précis d'exercice (adresse exacte) pour un meilleur accès aux soins de tous.

La concurrence entre les confrères officinaux et celle vis-à-vis des autres circuits de distribution ne peuvent de toute façon s'exercer que dans le domaine limité par l'éthique professionnelle. Elle est liée avant tout à la compétence du pharmacien, à sa disponibilité et à ses qualités humaines.

L'officine dans l'union européénne

Dans le cadre de l'Union Européenne et en application des directives correspondantes, chaque Etat demeure libre d'organiser son service de santé (principe de subsidiarité).

La libre circulation des personnes et la reconnaissance mutuelle du diplôme permettent à un diplômé français d'exercer la pharmacie dans un autre pays européen et réciproquement à un diplômé d'un autre pays européen d'exercer en France.

Les nouvelles missions du pharmcien prévues par la loi HPST

La Loi Hôpital, Patient, Santé et Territoire du 21 juillet 2009 (Loi n° 2009-879) a pour but de réformer l'hôpital tout en mettant au centre du dispositif le patient dans un cadre régional de santé plus harmonieux grâce à une refonte des territoires de santé adaptés aux besoins de chaque population.

Cette loi se consacre aussi à la pharmacie et modifie profondément l'exercice officinal en confiant notamment de nouvelles missions aux pharmaciens.

Au 1er avril 2010, beaucoup de décrets qui préciseront la loi restent à paraître mais l'on peut déjà dessiner les contours de ce qui va se mettre en place pour nos métiers.

Avant cette loi, les pharmaciens d'officine (titulaires et adjoints) étaient les seuls professionnels de santé dont le Code de la santé publique (CSP) ne précisait par le champ de leurs activités. La loi promulguée en juillet 2009 corrige donc le tir.

Cette loi comporte 135 articles organisés en 4 parties :

  • Modernisation des établissements de santé

  • Accès de tous à des soins de qualité

  • Prévention et santé publique

  • Organisation territoriale du système de santé

Elle vise à une prise en charge des soins plus coordonnés et à une organisation de tous les acteurs de la santé au niveau régional en s'appuyant particulièrement sur de nouvelles structures administratives régionales depuis le 1er avril 2010, les Agences Régionales de Santé (ARS) (Art. 118 de la Loi) (art. L. 1431-1 et suivants du CSP)

Pour les pharmaciens d'officine, au-delà de la dispensation des médicaments et de l'exécution des préparations magistrales ou officinales, 8 nouvelles missions font leur apparition : (art. 38 de la Loi) (Art. L. 5125-1-1 du CSP)

→ 4 premières missions impératives

  • Soins de premiers recours (et voir aussi art 36 de la Loi et art. L. 1411-11 du CSP)

  • Coopération entre professionnels de santé (voir aussi art. 51 de la Loi et art. L. 4011-2 du CSP

  • Mission de service public de la permanence des soins

  • Action de veille et de protection sanitaire

→ 4 autres missions représentant des opportunités à savoir :

  • Education thérapeutique (voir aussi art. 84 de la Loi et art. L. 1161-1 et suivants du CSP)

  • Pharmacien référent dans les EHPAD

  • Pharmacien correspondant susceptible de renouveler des traitements chroniques....et désigné par les patients

  • Conseils et prestations pour améliorer ou maintenir l'état de santé des personnes

A coté un article 59 (L 4021-1) et suivants du CSP défini les modalités selon lesquelles les pharmaciens devront satisfaire à leur obligation de développement professionnel pharmaceutique continu, rénovant complètement la notion de formation continue obligatoire.

A noter donc l'inscription du conseil pharmaceutique dans les soins de premiers recours ainsi que les rendez-vous santé au même titre que la prévention, le dépistage, le diagnostic, l'administration des médicaments produits et dispositifs médicaux.

Ainsi que le renforcement du lien ville/hôpital pour une meilleure prise en charge globale des patients en favorisant les échanges d'informations entre la ville et l'hôpital (coordonnées de professionnels de santé, dossier pharmaceutique à terme) à l'entrée ou la sortie d'une période d'hospitalisation par exemple.

Enfin, en ce qui concerne les coopérations entre professionnels de santé, des expérimentations démarreront sous couvert des ARS et de l'HAS.

Réflexions sur l'assurance qualité à l'officine

Qu'est ce que l'Assurance-Qualité ?

Il s'agit d'une démarche du chef d'entreprise et de son équipe en relation avec des partenaires.Elle vise à garantir un niveau optimal de la qualité.

La qualité doit s'appliquer dans tous les actes pharmaceutiques ...par exemple :

  • Respect de la chaîne du froid

  • Réalisation des préparations magistrales

  • Dispensation des médicaments

  • Gestion des retraits du marché et retraits de lot des médicaments

  • Etc.

...mais aussi pour des tâches plus générales :

  • Commandes auprès des fournisseurs

  • Optimisation de la confidentialité

  • Gestion du temps d'attente des clients

  • Entretien des locaux

Pour ce faire, le pharmacien doit élaborer des procédures écrites décrivant les activités à réaliser qui sécurisent et facilitent les tâches officinales, et surtout permettent une traçabilité sans faille de chaque acte pharmaceutique.

Les BPP (Bonnes Pratiques de Préparation), le Guide d'Assurance-Qualité Officinale, le site EQO (Evaluation Qualité Officinale) et le site Qualité de la Faculté de Pharmacie de Lille peuvent aider le pharmacien à s'auto-évaluer pour déterminer les plans d'actions prioritaires.

Guide d'Assurance-Qualité Officinale

www.ordre.pharmacien.fr (rubrique « documents de référence »)

www.eqo.fr

www.cqapo.fr

Fiches « Qualité et Sécurité Pharmaceutiques » de la Faculté de Lille

(rubrique « formation continue ») pharmaweb.univ-lille2.fr

Pourquoi l'Assurance-Qualité à l'officine ?

Son but est de satisfaire bien évidemment les clients-patients, mais aussi d'une façon plus générale, l'ensemble des interlocuteurs en relation avec le pharmacien et son équipe : le grossiste répartiteur, les laboratoires, les organismes d'assurances sociales, les médecins, etc.

Tous les maillons de la chaîne du médicament sont rentrés depuis longtemps dans cette démarche, parfois rendue obligatoire par la loi : les laboratoires pharmaceutiques, les dépositaires, les grossistes répartiteurs, les pharmacies hospitalières, etc.

Le pharmacien d'officine,professionnel se santé et chef d'entreprise se doit de mettre en place lui-même cette démarche avant que d'autres ne l'y contraignent (État, Assurance Maladie, mutuelles privées, etc.).

C'est aussi un moyen de justifier son monopole en montrant par des méthodes définies que le pharmacien est un maillon indispensable dans la chaîne de soins et qu'il met tout en œuvre pour garantir la sécurité et la fiabilité dans son officine.

Comment mettre en place une démarche qualité ?

Il s'agit d'organiser toutes les tâches pharmaceutiques et administratives pour commettre le moins d'erreurs possible. En cas de dysfonctionnement (par exemple un patient retrouve dans son sac un médicament qui ne lui était pas destiné), tout doit être fait pour que ce type d'erreur ne puisse pas se reproduire et il faut mener aussi bien une action corrective et une action préventive.

Par exemple,en premier récupérer la boîte,si elle n'est pas rapportée par le patient puis il va être décidé de ranger systématiquement toute boîte de médicament sortie en trop lors d'une précédente délivrance et présente sur les comptoirs afin qu'elle ne soit pas inopinément délivrée à un autre patient.

Ces procédures écrites sont des modes opératoires qui doivent être utilisables par toute personne habilitée pour un acte donné. Après rédaction, la procédure doit être testée et validée par l'ensemble de l'équipe officinale. Elle doit impérativement être mise à jour régulièrement.

On appelle référentiel de l'officine le classeur dans lequel on aura regroupé l'ensemble des procédures.

Dans une procédure,il est décidé de :

- ce que l'on veut faire

- comment le faire ?

- quand le faire ?

- qui va le faire et avec quels moyens ?

- comment mesurer les résultats obtenus ?

L'idéal étant qu'une nouvelle personne puisse occuper son poste et réaliser ses tâches en s'aidant uniquement du référentiel de l'officine.

Et après ?

La qualité se mesure sans cesse. Il faut enregistrer les critères et mettre des indicateurs pour la mesurer : par exemple le taux de manquants, les erreurs de stock, les fautes de dispensation... Ces indicateurs peuvent être consignés dans un cahier afin de voir si leur nombre diminue au fil du temps, gage de qualité de service officinal.

Pour aider les pharmaciens, la profession s'est engagée à mettre en place sur tout le territoire des séances de formation professionnelle continue. Des spécialistes de la Qualité forment ainsi des titulaires et des adjoints qui deviendront les Pharmaciens Responsables Assurance-Qualité (PRAQ). L'objectif est d'obtenir un PRAQ par officine.

Exemple de rédaction d'une procédure réalisée par un officinal : « Appel d'un médecin prescripteur ».

  1. Castoréum

    Drogue sécrétée par les deux glandes préputiales du Castor mâle. A l'état sec, elle se présente sous forme d'une matière résineuse, d'odeur forte. Jusqu'au siècle dernier, il était utilisé en officine comme stimulant

  2. Homère

    Poète grec du VIIIème siècle avant J.-C

  3. Hérodote

    Un des premiers prosateurs et historiens, Vème siècle avant J-C

  4. Papyrus d'Ebers

    découvert au XIXème siècle dans une tombe de la XVIIIème dynastie (1580 avant J-C)

  5. traités de médecine classique indienne

    Le Samhitâ ou Corpus, le Caraka et le Suçrata

  6. Pents'aologie

    Science des Pen ts'ao néologisme créé par King Li-pin (1936)

  7. Celse

    Publia sous le règne de Tibère son ouvrage de vulgarisation le De re medica sorte d'encyclopédie médical dans laquelle il donne une classification de médicaments que l'on peut considérer comme une véritable pharmacopée

  8. Pline l'Ancien

    Caius Plinius Secundus né à Côme en 23 après J-C et mort dans l'éruption du Vésuve en 79 auteur d'une Histoire Naturelle, ouvrage de référence médical qui fut avec la Bible un des premiers ouvrages imprimés (Venise 1469).

  9. Gallien

    Né à Pergame en 130 après J-C

  10. Moyen Age

    Allant de la chute de l'Empire romain (395) jusqu'à la prise de Constantinople en 1433 par Mohamed II

  11. Olympiodore

    Olympiodore vécut à Alexandrie au VIème siècle après J-C

  12. Cohen El Atthar

    1197-1248

  13. Tact et mesure

    L'apothicaire « doit être un homme propre et religieux, craignant Dieu d'abord, puis les hommes. Il doit peser ses paroles et surtout ses écrits. » Il conseille par ailleurs de faire payer le prix juste aux gens aisés, d'avoir des égards pour les autres et de donner les remèdes gratuitement aux pauvres.

  14. Paris

    Jardin de Nicolas Houel 1578

  15. Paracelse

    Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse, né en 1494 à Einsiedeln (près de Zurich) en Suisse centrale, philosophe, théologien, astrologue, alchimiste, minéralogiste, chirurgien et pharmacien.

  16. Apothicaire et épicier

    Résultant pour une part d'une même réglementation, plutôt favorable puisqu'ils étaient exempts d'impôts

  17. Agencement

    Le CNOP avait en son temps essayé d'introduire une notion de surface minimale (100m²). Cette disposition a été réfutée par le Conseil d'Etat.

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