La syphilis
Cours

III – EPIDEMIOLOGIE

La 1ère épidémie de Syphilis a été décrite à la fin du XVème siècle lors de l'invasion de l'Italie par Charles VIII. Elle est alors qualifiée par les Italiens de "mal français" et par les Français de "mal de Naples" ! Avec la condamnation du libertinage au XVIIème, la syphilis devient une "maladie honteuse".

La mise en œuvre en Europe des campagnes intensives de traitement par la pénicilline dans les années 1950 entraîne une diminution importante de la syphilis précoce (de moins d'un an d'évolution) avec une incidence estimée à 40/100 000 personnes en 1946 à 3/100 000 en 1954.

Les chiffres étaient pratiquement stables depuis, malgré une légère ré-ascension au début des années 1980, mais sans lien avec l'apparition de l'épidémie de l'infection à VIH.

Dans les pays d'Europe de l'Est, et notamment dans les pays de l'ex-URSS, une recrudescence marquée de la syphilis, mais aussi d'autres IST comme l'infection par le VIH ou la gonococcie, a été observée depuis le début des années 1990, en rapport avec la prostitution féminine et l'usage de drogues par voie intraveineuse.

Alors que la syphilis avait quasiment disparu dans les années 1990 en France mais aussi en Europe du Nord et de l'Ouest ainsi que dans les états des côtes Est et Ouest des Etats-Unis, une résurgence de la syphilis précoce a été constatée dès la fin 2000.

Un système de surveillance sentinelle a alors été mis en place en France fin 2000 sous l'égide de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS). Ainsi, depuis 2000 et jusqu'en 2002, le nombre de cas déclarés a augmenté puis une stabilisation a été observée en 2004. L'évolution des chiffres est la suivante : 37 cas déclarés en 2000, 207 en 2001, 417 en 2002, 448 en 2003 et 402 en 2004.

D'après les enquêtes publiées récemment par l'InVS, la syphilis en France est observée de façon très prédominante chez l'homme (96 % des cas rapportés, âge médian entre 35 et 40 ans). Plus de 80% d'entre eux sont homosexuels ou bi-sexuels. Près de la moitié des patients présentant une syphilis sont séropositifs pour le VIH. Ces chiffres témoignent probablement d'un relâchement dans la prévention des conduites sexuelles "à risque" (rapports non protégés, partenaires multiples...).

La majorité des cas rapportés correspond à des patients d'Ile de France (environ 80% en 2003, 76% entre 2002 et 59% en 2004). Les formes cliniques décrites sont surtout secondaires (46%) ; les formes primaires correspondent à 24% des cas et les syphilis latentes de découverte sérologique à 30% des cas.

Les données épidémiologiques de la syphilis en France (diffusion prédominante les homo- ou bi-sexuels masculins) sont comparables à celles des pays de l'Europe de l'Ouest et des Etats de l'Est et l'Ouest américains. Dans le Sud des Etats-Unis, la situation est différente en ce sens où la syphilis est surtout observée chez les sujets pauvres, à faible couverture sociale, afro-américains ou hispaniques, chez lesquels elle est endémique, sans doute à cause de la prostitution et à l'usage de drogues dures, comme cela est invoqué pour les pays de l'Europe de l'Est. De ce fait, dans ces pays, les proportions d'hétérosexuels et de femmes sont très supérieures aux nôtres.

L'organisation mondiale de la santé estime que dans le monde, un million de grossesses chaque année sont compliquées par une syphilis. Les femmes représentent 12% des cas de syphilis au Royaume-Uni et 8% des cas en 2003 aux Pays-Bas, soit des proportions 2 à 3 fois supérieures à celle retrouvée en France (4%, âge médian de 31.5 ans), peut-être du fait de biais de recrutement des centres impliqués dans la surveillance en France.

La prévalence actuelle en Europe de l'Ouest est faible, plus élevée aux Etats-Unis (13.4 pour 100 000) et beaucoup plus élevée, malgré de grandes disparités, dans les pays en voie de développement (de l'ordre de 1% pour certains mais allant jusqu'à plus de 15% dans certaines zones d'Afrique sub-saharienne). La recrudescence actuelle de la syphilis en Asie, en ex-URSS mais aussi en France fait craindre une augmentation de la prévalence chez les femmes enceintes. En France, les cas actuels de syphilis congénitale surviennent chez des enfants nés de femmes dont la grossesse n'a pas été suivie médicalement pour des raisons sociales, psychologiques ou mentales ou chez lesquelles une sérologie positive a été négligée.

La mise en œuvre de programmes nationaux d'éradication est toujours nécessaire à l'heure actuelle pour faire diminuer l'incidence : dépistage anonyme et gratuit, traitement (en particulier celui des cas asymptomatiques), suivi prénatal, campagnes de  prévention (information et incitation au dépistage, en particulier celui des partenaires) des IST en privilégiant les populations cibles.

En France, on a constaté pour la 1ère fois en 2004 une légère baisse du nombre de cas déclarés par rapport au début des années 2000, alors qu'à l'étranger, celui-ci continue à augmenter, de 37% au Royaume-Uni et de 8% aux Etats-Unis par exemple entre 2003 et 2004.

AccueilImprimerRéalisé avec SCENARIIII – EPIDEMIOLOGIE (page Précédente)IV – DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DE LA SYPHILIS (page suivante)