Médicaments antitumoraux dérivés du Platine

Interactions avec les protéines circulantes

En raison de leur mauvaise biodisponibilité orale et leur forte toxicité digestive, les médicaments dérivés du platine sont administrés en perfusion intraveineuse. Dans la circulation, ces composés interagissent non seulement avec les protéines plasmatiques mais aussi avec les éléments figurés du sang (érythrocytes). Deux formes circulantes de platine sont habituellement décrites :

  • une fraction liée aux protéines : les liaisons Pt-protéines s'apparentent aux liaisons covalentes et sont donc très stables. La fraction de platine fixée sur les protéines, dépourvue d'activité pharmacologique, est parfois considérée comme une forme d'élimination[1].

  • une fraction non liée aux protéines (ou platine ultrafiltrable)  : elle seule possède la capacité de diffuser vers les tissus ; c'est la forme biologiquement active et dont l'élimination se fait par voie rénale.

Fixation protéique et élimination urinaire

DCI

Fixation protéines

plasmatiques

Élimination

urinaire

CISPLATINE

Forte (90 %) et rapide

Lente

30 % dose → 24 h

CARBOPLATINE

Lente et progressive

25 % (4 h) - 40 % (24 h)

Rapide

80 % dose → 24 h

OXALIPLATINE

Forte

(75-90 %)

intermédiaire

  • En raison de sa grande réactivité, le CISPLATINE est caractérisé par une fixation rapide et très importante sur les protéines plasmatiques. Cette forte fixation protéique explique une élimination rénale assez limitée (seulement 30 % de la dose administrée sont éliminés dans le 24 h qui suivent la perfusion)

  • En revanche, l'inertie chimique du CARBOPLATINE se traduit par une fixation protéique beaucoup plus lente (40 % au bout de 24 h). L'élimination rénale du platine ultrafiltrable est donc très importante (80 % au bout de 24 h).

  • L'OXALIPLATINE se fixe assez fortement sur les protéines plasmatiques ; la cinétique de son élimination urinaire se situe entre les deux cas précédents.

Remarque

Dans le compartiment sanguin, l'OXALIPLATINE a la particularité de s'accumuler progressivement dans les érythrocytes (40 % du platine sont retrouvés dans les globules rouges après une perfusion de 2 heures). L'OXALIPLATINE se fixe irréversiblement sur l'hémoglobine : ceci explique que la fraction intra-érythrocytaire n'est pas relibérée dans le secteur plasmatique et ne participe pas à l'activité thérapeutique (le platine intra-érythrocytaire ne joue aucun rôle de réservoir).

  1. CHATELUT E., Bulletin du Cancer (2011) 98, 1253-1261.

    Pharmacologie des dérivés du platine : différences entre les trois composés et les facteurs de variabilité entre patients.

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