Alcool et système nerveux central

Contrairement aux autres substances psychoactives, l'éthanol n'a pas de récepteurs spécifiques dans le cerveau mais agit sur de nombreuses cibles dont il modifie l'activité : récepteurs glutamatergiques NMDA[1], les récepteurs GABA de type A[2], les récepteurs sérotoninergiques et nicotiniques. L'alcool stimule notamment la libération de dopamine (neuromédiateur du plaisir) au niveau du système méso-cortico-limbique[3], impliqué dans la dépendance.

FondamentalEn consommation aiguë :

La prise aiguë d'alcool entraîne une diminution de la transmission glutamatergique[4] et une potentialisation de la réponse GABAergique[5] (récepteurs GABA de type A). Les effets sont dépresseurs du système nerveux central, ce qui explique les pertes d'équilibre (par effets de l'alcool sur les neurones du cervelet) et la survenue d'un possible "coma" éthylique.

FondamentalEn consommation chronique :

La prise chronique d'alcool entraîne une "hypersensibilité" des récepteurs glutamatergiques NMDA et une "désensibilisation" des récepteurs GABA-A. Les effets sont alors préférentiellement excitateurs et neurotoxiques ce qui explique les effets délétères sur le comportement (tremblements, crises d'épilepsie, delirium tremens) qui peuvent être observés lors d'un sevrage brutal.

Tableau récapitulatif des effets de l'alcool sur la neuromédiation
  1. Récepteurs glutamatergiques NMDA

    Les récepteurs glutamatergiques NMDA sont des récepteurs ionotropes principalement post-synaptiques, activés dans des conditions physiologiques par le glutamate et la glycine. Ces récepteurs sont essentiels à la mémoire et à la plasticité synaptique.

    Ils sont perméables aux cations monovalents (sodium, potassium) et au calcium.

  2. Récepteurs GABA de type A

    Les récepteurs GABA de type A (GABA-A) sont des canaux ioniques des membranes des neurones qui sont activés par fixation de l'acide gamma-aminobutyrique (GABA).

    Les canaux GABA-A sont la cible de plusieurs molécules pharmacologiques de première importance en termes de santé humaine :

    • les benzodiazépines, comme le diazépam.

    • les barbituriques

    • l'alcool.

    • le gamma-hydroxybutyrate (GHB) aussi appelée drogue de viol.

    Après fixation coopérative de deux molécules de GABA, un changement de conformation du récepteur est transmis au pore qui le fait passer d'un état fermé vers un état ouvert, ce qui a pour conséquence de le rendre perméable aux ions chlorures. Ceux-ci s'engouffrent alors dans la cellule et l'hyperpolarisent. Cette hyperpolarisation rend le passage d'une vague de potentiel d'action plus difficile, car le potentiel du neurone s'éloigne du seuil d'activation des canaux sodiques voltage-dépendants. C'est pour cette raison que le GABA est un neurotransmetteur dit inhibiteur.

    Le récepteur GABA-A possède une certaine affinité pour l'éthanol. Lorsqu'on boit une boisson alcoolisée, l'éthanol se retrouve, par le biais du système sanguin, dans le système nerveux central. Il pourra alors aller se lier au récepteur GABA-A et augmenter son potentiel de réponse au GABA, c'est-à-dire qu'une moins grande quantité de GABA pourra causer la rentrée d'une quantité équivalente d'ions chlorures.

    Puisque le GABA est un neurotransmetteur inhibiteur, une augmentation de son effet risque de causer une certaine altération des fonctions cérébrales, comme par exemple un temps réflexe augmenté et des facultés motrices et intellectuelles diminuées.

  3. système méso-cortico-limbique
    Voie mésolimbique (en rouge) et voie mésocorticale (en mauve), sur une coupe sagittale médiane du cerveau humain.
  4. Transmission glutamatergique

    Le glutamate est le principal neurotransmetteur excitateur dans le système nerveux central. Il agit sur les récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA) et non-NMDA acide amino-3-hydroxy-5-méthyl-4- isoxazole propionique (AMPA) et les récepteurs du kainate, qui sont tous des canaux ioniques.

  5. Transmission GABAergique

    L'acide γ-aminobutyrique aussi appelé GABA, est le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central chez l'Homme. Il joue un rôle important chez l'adulte en empêchant l'excitation prolongée des neurones. Il possède par ailleurs un rôle neurotrophique, c'est-à-dire qu'il favorise la croissance de certains neurones.

    Les effets inhibiteurs du GABA servent à contrebalancer les effets excitateurs du glutamate.

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