Travaux Pratiques Pharmacie Galénique 
Cours

Propriétés d'un collyre

Stérilité

Les diverses méthodes de stérilisation des préparations injectables peuvent être appliquées à la préparation des collyres en fonction de la stabilité des principes actifs.

On peut réaliser une filtration stérilisante dans des conditions de propreté rigoureuse et de manipulation aseptique : stérilisation du matériel par la chaleur, puis remplissage à la seringue des flacons stérilisés au travers d'un support filtre écran (type Swinnex Millipore ou Millex), muni d'une membrane filtrante stérile (en esters de cellulose) qui retient toute particule de dimension supérieure à 0,22 µm.

Le support-filtre est alors placé entre la seringue et le flacon après remplissage de la solution par aspiration dans la seringue.

Le filtre étant stérile, tout ce qui est en aval de ce filtre doit être stérile (aiguille, flacon, bouchon...); tout ce qui est en amont devra être le moins contaminé possible.

Ce procédé de stérilisation permet en outre d'obtenir une solution limpide. L'intégrité de la membrane et l'étanchéité du support peuvent être contrôlées par la mesure du point de bulles. Des conservateurs sont classiquement ajoutés. La liste des produits utilisés ainsi que leur concentration maximale autorisée figurent à la Pharmacopée.

La justification de leur addition et leur efficacité doivent être démontrées.

Une stérilisation finale par la chaleur est à effectuer si le principe actif le supporte.

  1. Dans une enceinte à flux d'air laminaire vertical

    Les parois intérieures de l'enceinte seront désinfectées avec de l'alcool à 70 % V/V, en commençant par la paroi supérieure, les parois latérales, puis le plan de travail, en allant du fond de l'enceinte vers l'avant. Y placer ensuite, le matériel en désinfectant l'extérieur avec l'alcool à 70 % V/V.

    - Bécher contenant le soluté

    - Paire de gants stériles

    - Seringue + aiguille stériles

    - Flacon stérile

    - Filtre et porte-filtre stériles

    L'opérateur devra se laver les mains, puis les passer à l'alcool à 70 % V/V avant d'enfiler les gants sans faire de faute d'aseptie. A l'aide de la seringue, aspirer le soluté contenu dans le bécher. Adapter à l'extrémité de la seringue le porte-filtre stérile. Introduire le collyre dans le flacon en poussant doucement sur le piston de la seringue. Le collyre est ainsi filtré et stérilisé. Mettre le bouchon et sertir. -

  2. En l'absence de flux d'air laminaire

    Procéder à la désinfection de la paillasse et stériliser le flacon et le bouchon dans de l'eau distillée portée à ébullition ou utiliser un flacon et un bouchon emballés dans un sachet stérile après être passé dans un autoclave à 120° C pendant 20 minutes.

Limpidité

Les "collyres-solutions" doivent être absolument limpides et le rester en cours de conservation.

Isotonie

Il est conseillé d'ajuster les collyres à une tonicité équivalente à celle du liquide lacrymal car les muqueuses oculaires sont sensibles aux variations de pression osmotique.

Un collyre sera mieux supporté par l'oeil et moins douloureux s'il est isotonique.

La mesure directe de la pression osmotique est difficile à effectuer, aussi on se réfère habituellement à l'abaissement du point de congélation.

Définition : Abaissement du point de congélation et Isotonisants

La pression osmotique et l'abaissement du point de congélation (Dt) sont directement proportionnels au nombre de molécules et d'ions en solution. Le point de congélation des larmes est très proche de celui du sérum sanguin qui est égal à - 0,52° C.

Les solutions présentant une température de congélation inférieure à - 0,52° C sont hypertoniques; celles ayant une température de congélation comprise entre - 0,52° C et 0° C sont hypotoniques.

Pour isotoniser une solution hypotonique, on ajoute au principe actif des constituants appelés "corps isotonisants".

Le choix du produit à ajouter dépend de la nature du principe actif pour éviter toute incompatibilité physique, chimique ou autre. On utilise habituellement le chlorure de sodium quand il n'y a pas de risque de formation de sels insolubles. Sinon, on emploie alors le nitrate disodique, le phosphate de sodium, le sulfate de sodium et autres sels..., ou encore des produits organiques (lactose, glucose).

Chacun des constituants de la solution à préparer va intervenir sur l'abaissement du point de congélation par additivité de leurs propriétés osmotiques. La loi de Raoult indique que l'abaissement du point de congélation d'une solution diluée est proportionnel au nombre de molécules ou d'ions présents.

Dt = K . concentration en g / 100g poids moléculaire

Si la substance dissoute est ionisée, c'est le nombre d'ions qui intervient à la place du nombre de molécules.

Calcul de la quantité d'isotonisant à ajouter

Il existe différentes méthodes expérimentales ou mathématiques pour déterminer la quantité de corps isotonisant à ajouter.

Aux T.P., on utilisera la formule de Lumière et de Chevrotier : elle permet de calculer le poids d'isotonisant en grammes à ajouter pour 100 ml de solution à isotoniser (= X).

soit X = (0,52 - D1) / D2

Avec : D1 = abaissement du point de congélation de la solution à isotoniser,

D2 = abaissement du point de congélation de la solution à 1 % du corps isotonisant.

Les valeurs de l'abaissement du point de congélation du corps isotonisant et de divers principes actifs en solution à 1% sont fournies par des tables (ces valeurs sont expérimentales).

Exemple : Solution de chlorhydrate de papavérine à 0,25 %

Pour une solution injectable, forme pour laquelle le problème d'isotonisation est le même :

Préparer 100 ml d'une solution de chlorhydrate de papavérine à 0,25 %, rendue isotonique par addition de chlorure de sodium.

L'abaissement du point de congélation d'une solution à 1 % de chlorure de sodium est égal à 0,576.

L'abaissement du point de congélation d'une solution à 1% de chlorhydrate de papavérine est égal à 0,062. Donc celui d'une solution à 0,25% sera égal à 0,062/4 = 0,0155.

D'où en appliquant la formule de Lumière et Chevrotier, nous obtenons : x % = (0,52 - 0,0155) / 0,576 = 0,875%.

On utilisera donc 0,875 % de chlorure de sodium; ce qui donne comme formule de cette solution isotonique:

Chlorhydrate de papavérine 0,25 g

Chlorure de sodium 0,875 g

Eau distillée qsp 100 ml

Ajustement du pH

Les pH du liquide lacrymal et du plasma sanguin sont voisins de 7,4.

Le pH des collyres devra se rapprocher de cette valeur sauf exception : certains principes actifs (alcaloïdes en particulier) sont instables, précipitent ou sont inactifs à un pH voisin de la neutralité. D'autre part, la muqueuse oculaire tolère une légère acidité ou une très légère alcalinité.

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