AROMATHERAPIE

Conclusion

Le conseil au patient : sérieux et pédagogie

Pour justifier l'utilisation de l'aromathérapie, on entend souvent deux arguments : c'est une médecine naturelle, dont l'innocuité est garantie par un usage traditionnel, ancien qu'on fait généralement remonter à l'Antiquité, hors :

  • l'aromathérapie n'est pas, à proprement parler, naturelle : les huiles essentielles sont obtenues par des procédés actifs qui demandent un certain savoir-faire (distillation, expression) concentrant certaines molécules au détriment d'autres, potentiellement actives. De nombreuses transformations chimiques surviennent lors de ces manipulations (le chamazulène, constituant bleu caractéristique de l'huile essentielle de matricaire, n'est pas un constituant natif de la plante).

  • l'usage des huiles essentielles pures n'a rien de traditionnel. Si l'usage des plantes aromatiques à des fins alimentaires ou médicinales est effectivement ancien, l'expérience décrite plus haut comme "fondatrice" de l'aromathérapie (Gattefossé) remonte au début du XXe siècle (1928)... les huiles essentielles ne peuvent donc pas légitimement revendiquer la garantie de sécurité reconnue aux plantes médicinales par un usage ancien et largement répandu.

Quelques recommandations, donc :

  • En règle générale, préférer la phytothérapie, qui est aussi, voire plus efficace, fait l'objet de davantage de travaux scientifiques valides (même s'ils sont souvent insuffisants) et est plus sûre car plus anciennement pratiquée.

  • En conseil, se focaliser sur quelques huiles essentielles (évoquées dans ce cours) parmi les mieux documentées, qui doivent être rigoureusement notées (numéros de lot, etc.) à l'ordonnancier, et sur des spécialités pharmaceutiques contenant des huiles essentielles ou certains de leurs constituants. Ces spécialités font l'objet d'une AMM et d'une vigilance que ne peuvent pas toujours revendiquer les formes plus artisanales.

  • Réserver les autres huiles essentielles à la prescription par des médecins spécialistes confirmés.

  • Attention aux états à risque (grossesse, nourrissons) - le danger est REEL, connu, mais des accidents surviennent encore par manque d'information du Grand Public.

  • Toute HE est potentiellement irritante, allergisante et doit faire l'objet d'un suivi.

Références bibliographiques consultées (généralement trouvables à la BU pharmacie) :

BRUNETON J. (2009) Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales. 4e édition, Tec et Doc EMInter, Lavoisier.

BRUNETON J. (2005) Plantes toxiques - Végétaux dangereux pour l'Homme et les animaux. 3e édition, Tec et Doc EMInter, Lavoisier.

ESCOP (2003 et 2009) ESCOP monographs, 2ème édition et supplément, ESCOP/Thieme, Exeter/Stuttgart.

ROUX-SITRUK D. et al. (2008) Conseil en aromathérapie. 2e édition, Pro-officina.

TEUSCHER E. et al. (2005) Plantes aromatiques - Epices, aromates, condiments et huiles essentielles. Tec et Doc EMInter, Lavoisier.

WILLIAMSON E. et al. (2009) Stockley's herbal medicines interactions, Pharmaceutical Press.

Articles de périodiques :

Rédaction Prescrire (2007) Des plantes pour soulager les troubles fonctionnels digestifs - la menthe poivrée semble efficace. La Revue Prescrire 27 (286), 578-580.

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