Pathologies dues à des Artropodes
Gale sarcoptique
Gale sarcoptique;
Règne des animaux
Embranchement des arthropodes
Sous embranchement des Chélicérates
Classe des Arachnides
Famille des Sarcoptidae
Genre Sarcoptes
Sarcoptes scabiei var. hominis;
(gale = atteinte tégumentaire dont il faut préciser l'agent causal; ne pas confondre avec galle qui est une maladie des végétaux)
Morphologie:
corps ovale, gris, octopode (pattes rudimentaires terminées par des ambulacres); se nourrissent de débris cellulaires
adultes : femelle: 350 µm, mâle: 250 µm,
oeuf: 150 µm
Cycle évolutif:
HD = HI : homme;
la femelle adulte creuse un sillon dans la couche cornée de l'épiderme, elle progresse de 2 mm par 24 heures
ponte journalière de 2 à 3 oeufs (total d'oeufs pondus = 100 par femelle)
au bout de 3 à 4 jours, l'oeuf donne une larve hexapode qui parcourt le sillon et gagne la surface
installation dans une logette cutanée => nymphe octopode vers le 16 ème jour
=> adulte vers 28 jours
fécondation des femelles vers 35 jours et formation de nouveaux sillons
durée du cycle d'oeuf à oeuf: 5 à 7 semaines
durée de vie des femelles: 2 mois environ
Epidémiologie:
maladie familiale, cosmopolite, contagieuse,
R de P: homme
contamination directe à 95 % : peau contre peau;
contamination indirecte dans environ 5 % des cas: par le linge, la literie, siège des WC etc...
survie de la femelle hors de l'épiderme: 48 heures, elle s'immobilise à T° < 20 °C
mort en quelques minutes à T° > 55 °C
maladie à éclipses (réapparition périodique )
touche surtout les collectivités à bas niveau social, et lors de mouvements de population entrainant la promiscuité
les jeunes adultes de moins de 30 ans,
nouvelles catégories de personnes à risque: les personnes âgées en maison de retraite et les sujets immunodéprimés ainsi que toute personne moins résistante (personne hospitalisée, enfants)
recrudescence l'hiver
remarque: les acariens responsables de gales chez les animaux n'évoluent pas chez l'homme,
exceptionnellement en cas de contacts répétés et prolongés ils provoqueront des lésions fugaces qui guérisent spontanément
Clinique:
phase d'incubation
dure10 jours environ; asymptomatique
phase d'état:
multiplication des parasites pendant 2 - 3 mois puis état d'équilibre avec 10 femelles environ (phémonène de sensibilisation)
- sillon: élevure sinueuse de la peau avec un oedème à l'extrémité (= éminence acarienne située au niveau de la femelle)
inconstant, souvent peu visible mais palpable
localisation: chez l'adulte: espaces interdigitaux, poignets, chevilles, ceinture, aisselles, zones sexuelles (fourreau de la verge, aréoles des seins); chez les nourrissons: plante des pieds
remarque: il n'y a jamais de lésions de gale sarcoptique au niveau du dos ni de la face
- prurit: constant, surtout le soir, s'accentue au lit (après 6 semaines, il maintient éveillé, après 3 mois l'irritatation est continue et insupportable la nuit) ==> lésions de grattage
évolution: pas de guérison spontanée sans traitement
- complications: eczéma, surinfections bactériennes
- variantes:
gale des gens propres: très discrète => diagnostic difficile
gale hyperkératosique (norvégienne) réapparaît avec l'immunodépression,
pullulation continue des parasites, formation de croûtes surtout au niveau des mains, à ce stade, le prurit a disparu
Diagnostic:
diagnostic d'orientation:
sillons, hypersensibilité cutanée difficile à détecter, hyperéosinophilie inconstante, traitement d'épreuve
diagnostic direct:
ouvrir un sillon,
identifier la femelle
diagnostic indirect
inexistant
Thérapeutique:
gale compliquée ou surinfectée: antiseptiques et antihistaminiques pour débuter
gale hyperkératosique (norvégienne): décaper à la vaseline salicylée à 10 % et enlever les croûtes
schéma thérapeutique classique:
le soir: bain tiède, sécher; appliquer le produit acaricide et laisser agir 12 à 24 heures si adulte,
moins de 12 heures si enfant < 2 ans;
le lendemain: bain savonneux puis douche..
remarque: les acariens sont détruits mais le prurit peut persister quelques jours dù à la mémoire, à l'irritation causée par le traitement, ou par l'échec du traitement
éventuellement seconde application après 1 semaine
désinfection linge et literie
précautions nourrissons et femme enceinte,
médicaments acaricides externes:
benzoate de benzyle (Ascabiol®),
clofénotane (Benzochloryl®),
pyréthrinoïde (Sprégal®),
lindane (Elenol®, Scabecid®, Elentol®, Aphtiria®)
remarque 1: les médicaments acaricides sont irritants, ne pas les ingérer
remarque 2: traiter simultanément l'entourage, laver à 60 - 90 °C le linge et/ou le repasser au fer chaud
le matériel éventuellement contaminé doit être traité avec un produit acaricide (Aphtiria, Apar) et ne pas être utilisé avant 48 heures
remarque 3: Ivermectine (Stromectol®) 200 mg/kg per os;médicament acaricide par voie générale, AMM pour cette indication depuis 2001:
Pédiculose de la tête
Pédiculose de la tête
Règne des animaux
Embranchement des Arthropodes
Sous embranchement des Antennates ou Mandibulates
Classe des Insectes
Ordre des Anoploures
Genre Pediculus
Pediculus humanus, var. capitis;
Morphologie;
adultes : aplatis dorso-ventralement, gris, fortes pinces, hexapodes, sans ailes
taille environ 2 mm
oeufs : environ 0,8 mm, grain blanchâtre fixé au cheveu à 1 cm du cuir chevelu (= lente)
Cycle évolutif:
HD = HI : homme
parasites permanents de la peau humaine;
tous les stades sont hématophages et prennent 1 à 2 repas par jour (un repas dure 30 minutes)
la femelle pond environ 10 oeufs par jour pendant 1 mois (300 lentes par femelle)
après 6 jours: éclosion des larves
après 15 jours: stade adulte, accouplement 10 heures après la dernière mue
durée moyenne du cycle: 18 jours d'oeuf à oeuf;
durée de vie de l'adulte: 30-40 jours,
Epidémiologie:
parasite cosmopolite,
strictement humain, R de P : homme
en recrudescence
t° optimale de vie: 28-30 °C (les poux quittent les fiévreux et les cadavres)
résistance des poux adultes: 8 à 10 jours à + 10°C, quelques jours à 0°C, quelques heures à - 20 °C
résistance à la chaleur: l'oeuf meurt en 10 minutes à 55°C,
humidité: arrêt de la reproduction si l'humidité est supérieure à 85 %
mort par immersion dans l'eau douce (en 20 heures) et dans l'eau salée (en 48 heures); les huiles minérales et le pétrole ==> asphyxie des poux (cf. ancienne thérapeutique populaire)
remarque: le pou marche, il ne vole pas, il ne saute pas, il nage mal
la contamination est directe (contact de chevelure) et/ou indirecte (échange de coiffure, peignes, brosses, chapeau, écharpes, cols de vêtements etc...)
la pédiculose est en recrudescence, une des raisons pourrait être un problème de résistance à des produits comme le DDT
Clinique:
localisation: cheveux d'abord derrière les oreilles puis extension vers la nuque et tout le cuir chevelu; barbe
signe: prurit permanent dù aux morsures correspondant aux repas sanguins, il n'y a pas d'immunité
possibilité de surinfection des lésions de grattage
remarque: les poux de la tête ne transmettent aucune maladie infectieuse
Diagnostic
diagnostic direct:
mise en évidence des lentes sur la chevelure
Thérapeutique
Produits pédiculicides externes
DDT abandonné car résistances
produits organo-phosphorés: Lindane ( Elentol®, Aphtiria®, Scabecid®);
malathion (Prioderm®)
pyréthrines et pyréthrinoïdes: (Marie-Rose suractivée ®, Parasidose®, Para spécial poux®, Sprégal®, Pyréflor®, Item antipoux®, Hégor anti poux®, Para plus®, Heldis®, Itax®, Nix®, Spray pax®) liste non exhaustive
les principes actifs peuvent être renforcés par des additifs ex: acide acétique Parasidose®
formes galéniques diverses, lotions, gels, spray, mousse et poudre souvent plus efficaces, shampooings
faible action sur les lentes => recommencer après 7 jours
Protocole opératoire:
couper les cheveux trop longs
imprégner largement les zones parasitées, mais éviter le contact avec les yeux et les muqueuses
respecter les temps de contact,
rincer
passer le peigne fin pour éliminer les lentes (il existe un peigne électrique efficace sur les adultes mais sans action sur les lentes)
désinfecter les vêtements, bonnets, écharpes, literie par la chaleur de préférence
traiter simultanément l'entourage familial et scolaire
risque de résistance en fonction de la pression exercée => association de principes actifs dans certaines spécialités médicamenteuses
Autres thérapeutiques:
l' ivermectine est décevante
Pédiculose du corps
Pédiculose du corps
Règne des animaux
Embranchement des Arthropodes
Sous embranchement des Antennates ou mandibulates
Classe des Insectes
Ordre des Anoploures
Genre Pediculus
Pediculus humanus var. coporis;
Morphologie:
plus grand que le pou de la tête: environ 3 à 3,3 mm
Cycle évolutif:
cycle comparable à celui de Pediculus humanus var. capitis;
différences: adultes et oeufs (lentes) sont localisés sur les vêtements,
les adultes sont sur le corps le temps du repas sanguin
Epidémiologie:
parasites cosmopolite, strictement humains, R de P: homme
apparaît quand les conditions d'hygiène sont mauvaises: rassemblements de populations, guerres, exodes, catastrophes naturelles etc...
en recrudescence,
contamination directe ou indirecte par les vêtements (en une nuit le pou peut parcourir 1 mètre)
60 °C pendant 15 minutes suffisent à tuer les poux
Clinique:
- prurit intense aux aisselles, taille, face intérieure des cuisses mais jamais aux mains, pieds et visage
- mélanodermie (taches grisâtres sur la peau)
- lésions de grattage,
jamais d'immunité
le pou du corps peut transmettre des affections:
typhus exanthématique (Rickettsia prowasecki) par les déjections du pou
fièvre des 5 jours ou des tranchées par les déjections du pou
fièvre récurrente cosmopolite (Borrellia recurrentis) par écrasement du pou
Diagnostic
diagnostic direct
par mise en évidence des lentes attachées aux fibres des vêtements surtout au niveau des coutures
Traitement:
Produits pédiculicides externes identiques à ceux utilisés dans le cas de la pédiculose de la tête
principes actifs efficaces: lindane et pyréthrines
sont principalement utilisés: Paragerm® et Hégor antipoux en aérosols
imprégner largement les zones pileuses parasitées, éviter le contact avec les yeux, respecter le temps de contact puis rincer
surtout: désinfecter les vêtements et le linge, par la chaleur
traiter simultanément l'entourage
Prophylaxie
prophylaxie générale: maintenir des conditions d'hygiène convenables et siffisantes
prophylaxie individuelle: possibilité d'utiliser des répellents tels que le DEET, mais la durée de protection varie selon les individus, elle est toujours faible sur la peau
leur utilisation répétée est déconseillée chez les enfants
Phthiriase
Phthiriase ,
Règne des animaux
Embranchement des arthropodes
Sous embranchement des Antennates ou mandibulates
Classe des Insectes
Ordre des Anoploures
Genre Phthirius
Phthirius pubis; morpion, pou du pubis
Morphologie:
adulte : corps trapu et trapézoïdal, griffes puissantes
taille: 1-2 mm,
oeuf: 0,8 mm
Cycle évolutif:
d'oeuf à oeuf: 15 jours,
cycle comparable à celui des Pediculus
durée de vie des adultes: 1 mois;
faibles déplacements,
faible survie à l'extérieur (un jour); les oeufs peuvent rester en dormance 1 mois
Epidémiologie
cosmopolite, strictement humain
contamination directe lors de rapports sexuels le plus souvent,
contamination indirecte par le linge et la literie possible
souvent considéré comme maladie vénérienne
Clinique:
prurit continuel augmenté la nuit,
lésions de grattage
chez le nourrisson: blépharite (inflammation du bord libre des paupières)
localisation: poils pubiens et périanaux des jeunes adultes (20 à 35 ans), extension possible: barbe, cils, sourcils; poitrine et aisselles si la pilosité est importante
chez le nourrisson: cils et sourcils
Diagnostic
diagnostic direct: identification des lentes et des adultes
Thérapeutique:
Produits pédiculicides externes:
Pyréthrines Spray-pax® spécifique de la phthiriase, 1 seule application de 30 minutes puis lavage au savon
Lindane Elentol® et Aphtiria® demandent 2 applications séparées de 8 jours
si blépharite: pommade à l'oxyde de mercure
éventuellement rechercher une MST et la traiter
Myiases
Myiases
de Muia = mouche et de iasis = maladie
Généralités sur les myiases
Parasitisme dù à des larves de mouches non piqueuses (diptères à métamorphoses complètes). Elles sont souvent accidentelles chez l'homme et le plus souvent exotiques.
Les mouches mênent généralement une vie libre. Les femelles pondent des oeufs qui donnent des larves L1 (asticot) qui pénètrent activement ou passivement chez l'hôte.
Ces larves peuvent effectuer des migrations complexes et aboutissent après un temps variable, sous la forme L3 au point d'émergence.
La larve L3 sort, la pupaison s'effectue sur le sol et donne un adulte libre.
Le plus souvent les myiases se recontrent chez les animaux, on ne les trouve chez l'homme que dans des conditions particulières:
mauvaise hygiéne, mauvais état général, contact avec les animaux, vie à l'extérieur etc...
Les larves détruisent les tissus sains ou putréfiés pour se nourrir.
Morphologie générale des stades larvaires:
les stades L1, L2 et L3 se caractérisent par:
- un aspect vermiforme, allongé, conique ou ovalaire.
- une couleur blanchâtre
- une cuticule ornée de protubérances ou d'épines
- 12 segments en général
- l'absence d'extrémité céphalique, mais l'extrémité antérieure est plus pointue et comporte une armature buccale compliquée (2 crochets)
- un squelette interne au niveau des premiers segments
- l'appareil respiratoire est constitué de stigmates et de trachées auxquels il faut ajouter la possibilité d'une respiration transcutanée.
Les stigmates sont généralement au nombre de 4; 2 stigmates antérieurs et 2 stigmates postérieurs très enfoncés
la structure des stigmates est caractéristique et sert à la diagnose spécifique.
- les stigmates postérieurs s'ouvrent au niveau d'une plaque chitineuse arrondie d'aspect très variable.
Clinique:
Les manifestations cliniques dépendent de la localisation
et des migrations des larves
Diagnostic
Il est fonction de la localisation anatomique,
une bonne indication est donnée par l'origine géographique.
Confirmation obtenue par l'observation de la larve après son émergence spontanée ou chirurgicale.
Thérapeutique
elle consiste essentiellement en:
- l'extirpation chirurgicale de la larve
- médication symptomatique (les insecticides sont peu efficaces sur les larves)
- pas de produit spécifique: pommade au Lindane, ou au Thiabendazole
Prophylaxie
elle consiste en:
- lutte contre les adultes par les insecticides
- hygiéne corporelle
- protection des plaies par des pansements fermés
- interdiction de l'abandon des cadavres d'animaux et des ordures.
Classification des myiases
elle peut se faire selon trois critères:
classification parasitologique,
classification zoologique
classification clinique.
remarque: nous fournissons ci dessous une classification clinique des myiases à la suite de laquelle nous détaillerons les principales myiases affectant l'homme
Classification clinique des Myiases
A - Myiases sous-cutanées ou cutanées
Myiases furonculeuses: Dermatobia hominis (ver macaque); Cordylobia anthropophaga (ver de Cayor); Hypoderma
Myiases ambulatoires: Hypoderma bovis; Hypoderma diana
Myiases rampantes: Gasterophilus; Hypoderma
B - Myiases des cavités et de la face
Myiases nasales: Oestrus ovis; Rhinoestrus
Myiases oculaires
externes
internes antérieures
internes postérieures
C - Myiases des plaies:
Callitroga hominivorax; Chryzomyia; Wohlfahrtia; Lucilia; Calliphora
D - Myiases des conduits naturels:
Intestin, Vessie, Vagin
E - Myiases superficielles
Myiases des plis
Larves hématophages: Auchmeromyia
F - Myiases généralisées
PRINCIPALES MYIASES SOUS-CUTANEES ET CUTANEES
Ver torcel
Ver macaque,
Dermatobia hominis
Localisation: Amérique tropicale
Cycle évolutif:
mouche bleue de 2 cm
l'adulte femelle pond sur l'abdomen d'insectes piqueurs: mouches ou moustiques (phénomène de phorésie = transport)
en 8 jours, l'oeuf donne une larve L1
L'insecte porteur pique l'homme et la larve L1 pénètre activement sous la peau au moment de la piqûre, possibilité de pénétration par les muqueuses;
en 6 semaines on obtient le stade L3 qui tombe sur le sol, y donne une pupe puis un adulte
Clinique:
la présence des stades larvaires de L1 à L3 entraîne: une papule prurigineuse qui grandit et forme une ulcération avec sérosité;
on observe l'aspect d'un piston qui monte et descend au fond de la lésion et est dû à la respiration de la larve
la partie postérieure de la larve est périphérique.
Diagnostic et traitement:
recueil de la larve à l'issue du cycle normal ou extirpation chirurgicale
Identification par l'aspect des plaques stigmatiques
par l'aspect de la larve: renflé au stade 2
ovalaire (environ 25 mm) au stade 3
Ver de Cayor
Cordylobia anthropophaga:
Localisation: Afrique tropicale
Cycle évolutif:
mouche jaune de 1 cm environ; la femelle pond sur le sol ou les vétements,
les oeufs éclosent rapidement ==> L1 qui traverse la peau de l'homme ou du chien;
au bout de 8 à 10 jours, formation d'une logette sous-cutanée.
La L3 parvient à maturité en une semaine et tombe sur le sol.
Obtention de l'adulte après 3 à 4 semaines.
Clinique:
aspect d'un furoncle qui n'évolue pas,
prurit
Diagnostic:
morphologie larvaire: L3: 8 à 12 mm, 3 fentes stigmatiques sinueuses par plaque
Traitement:
guérison spontanée par issue de la L3
sinon extraction à la pince rendue possible par la forme conique de la larve.
Traitement médical: Elenol® et pommade au chlorhydrate d'amyléne et lindane pour faciliter l'etraction (Marty, Le Fichoux, Presse médicale 1990, 19, pp 1196)
Varron
Hypoderma bovis et Hypoderma lineatum:
Localisation: Hémisphère nord au dessus du 20ème parallèle, en France: Bretagne, Massif Central, Alpes, Atlantique.
H. bovis dans les régions plus froides
Cycle évolutif:
l'hypoderme adulte a une vie brève; en juillet, par temps chaud, la femelle pond des oeufs collés aux poils des bovidés et du gibier (aspect de lentes de poux)
l'oeuf éclot en Août-Septembre => L1 de 0,5 mm qui pénètre dans le corps de l'hôte par léchage ou pénétration transcutanée.
Migration complexe pendant 8 à 10 mois (H bovis passe par le canal rachidien, H lineatum passe par la muqueuse sous-oesophagienne).
L'année suivante, en Février la larve atteint le tissu conjonctif sous-cutané du dos.
L2: 0,5 à 0,8 cm
L3 ou varron: 3 cm, détermine un furoncle et quitte l'hôte en raison d'un géotropisme négatif (Avril-Mai)
Le stade nymphal se déroule sur le sol et un mois environ après l'émergence, l'insecte parfait naît
Parasite parfaitement adapté à son hôte et bien supporté, inconvénient économique: cuir troué
Chez l'homme, pénétration accidentelle de la larve, surtout chez les enfants; la migration s'effectue, puis phase rampante
la sortie se fait en Janvier mais les larves sont incapables de muer (impasse parasitaire)
Clinique humaine:
manifestations en automne et hiver, la larve est un corps étranger qui se déplace et a un métabolisme propre, peu de signes typiques
manifestations des déplacements sous cutanés: larva currens ou myiase ambulatoire: traces d'effraction des tissus, écchymoses, douleurs en vrilles
manifestations du métabolisme des larves: réactions granulomateuses et allergiques: oedèmes fugaces, surtout céphaliques,
douleurs articulaires et musculaires, troubles neurologiques dus surtout à des réactions de nature allergique plutôt qu'à une migration nerveuse des L1,
chute pondérale, anorexie.
H. bovis peut entrainer une ophtalmomyiase avec conjonctivite, photophobie et diminution de l'acuité visuelle
Diagnostic:
diagnostic d'orientation:
Anamnèse: enfant, rural, été en zone d'endémie (Ouest de la France), troubles entre Septembre et Décembre
penser à l'hypodermose si hyperéosinophilie sans autre parasitose.
diagnostic clinique:
fièvre, hyperéosinophilie, VS augmentée, pseudo furoncle apparaissant en quelques heures à la partie supérieure du corps
évolution lente sans douleur.
Examens biologiques: éosinophilie sanguine jusque 60 % sans relation avec l'intensité de l'infestation (confusion possible avec fasciolose)
éosinophilie du LCR: jusque 80 % en cas de syndrome méningé.
diagnostic direct:
dans le pus, petite larve (asticot) blanche de 10 mm X 2-3 mm.
Après fixation dans l'alcool à 70°, les critères d'identification sont:
sclérites mandibulaires,
plaques stigmatiques (en demi-lune pour H. bovis),
chétotaxie (3 rangées de soies )
Diagnostic indirect:
recherche d'anticorps sériques;
Ag = larve L3 d'H. bovis. (la larve L1 est de meilleure qualité antigénique, mais petite et d'obtention plus difficile)
techniques utilisées: Immunoélectrophorèse et électrosynérèse
réactions croisées avec des helminthiases et en particulier la fasciolose, conseiller l'utilisation d'antigènes fournis par les deux espèces
IFI peu valable d'après Doby
pronostic souvent bon
Traitement:
traitement spécifique:
éviter la chirurgie, sauf si localisation aberrante (dans ce cas, éviter de léser la larve car risque d'accidents anaphylactiques)
un morceau de lard frais sur la peau qui fait sortir la larve.
les insecticides sont peu efficaces
traitement symptomatique: antalgiques, sédatifs, anti inflammatoires, anti histaminiques
Cas de la Méningite à hypoderme
(4 cas sur 76)
mécanisme non élucidé
syndrome méningé d'installation brutale avec céphalées intenses isolées ou accompagnées de vomissements en jets; température normale; signes méningés observés: obnubilation, hémiparèsie, crises convulsives
LCR: plus de 60% d'éosinophiles
sang: 10 à 30 % d'éosinophiles
diagnostic immunologique
évolution spontanée vers la guérison sans séquelle.