Médicaments antitumoraux dérivés du Platine

Proportions des divers adduits Pt/ADN

Les proportions relatives des adduits formés par les complexes de platine utilisés en clinique sont indiquées dans le tableau suivant.

Répartition des adduits

CISPLATINE

CARBOPLATINE

OXALIPLATINE

Adduits intrabrins

1,2-GG : 65 %

1,2-AG : 25 %

1,3-GXG : 5-10 %

1,2-GG : 30 %

1,2-AG : 16 %

1,3-GXG : 5-10 %

1,2-GG : 3-8 %

1,2-AG : 1-3 %

1,3-GXG : 4-11 %

Adduits interbrins

+

monoadduits

2 %

4 %

4-17 %

puce CISPLATINE

Les lésions les plus courantes induites par le cisplatine sont essentiellement des pontages intrabrins : les pontages entre deux Guanines adjacentes (1,2-GG), ou entre une Adénine et une Guanine (1,2-AG) représentent environ 90 % du platine lié. La préférence de formation des adduits 1,2-GG s'explique par la plus forte réactivité de la Guanine, comparativement à l'Adénine :  la position N7 de la guanine est considérée comme la plus nucléophile.

puce CARBOPLATINE

Il est à noter que le carboplatine forme les mêmes adduits que le cisplatine, mais dans des proportions différentes (les adduits de type 1,2-GG sont deux fois moins nombreux avec le carboplatine)

puce OXALIPLATINE

Les adduits formés par l'oxaliplatine se répartissent en divers pontages intra- et interbrins. Deux remarques concernent les adduits intrabrins entre deux guanines adjacentes (adduits de type 1,2-GG) :

  • d'un point de vue quantitatif, ces adduits sont minoritaires dans le cas de l'oxaliplatine (< 8 %), contrairement au cisplatine.

  • d'un point de vue qualitatif, les déformations de l'ADN sont pratiquement identiques à celles observées avec le CISPLATINE.

Déformations de l'ADN provoquées par des adduits de CISPLATINE et d'OXALIPLATINE (d'après ARNESANO F. et al., 2015)

Bien que les adduits d'OXALIPLATINE soient moins nombreux que dans le cas du CISPLATINE, ils possèdent un potentiel cytotoxique supérieur à l'égard de nombreuses cellules tumorales. Ce profil pharmacologique particulier a été attribué au caractère hydrophobe ainsi qu'à l'effet stérique généré par le groupement DACH (ce motif réalise un remplissage du grand sillon de l'ADN) : en faisant saillie dans le grand sillon de l'ADN, le groupement DACH pourrait gêner l'approche de certaines macromolécules impliquées dans la reconnaissance des adduits d'OXALIPLATINE. Cette hypothèse a été avancée pour expliquer l'inertie de l'OXALIPLATINE vis-à-vis du système de réparation des mésappariements (MMR).

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