Prévention
Moyens utilisés pour faire de la prévention
Suivant le moment où la prévention intervient dans l'évolution du problème qui touche les individus, les moyens utilisés ont d'avantage un caractère collectif ou individualisé. La prévention s'exprime à travers différents systèmes : des campagnes de prévention, des jeux ou débats à travers un thème, des journées spécifiques... Des plans régionaux de santé publique sont mis en place afin d'agir de manière cohérente.
L'instauration de mesures législatives a un impact collectif. Elles touchent tout le monde. La limitation voire l'interdiction de la publicité pour certains produits, l'augmentation des prix du tabac et de l'alcool par exemple, la limitation de consommation imposée et l'âge limité lui aussi pour l'achat de certains produits sont des obligations, régies par la loi, auxquelles chacun doit se soumettre, au risque sinon de se voir sanctionné par les autorités.
La prévention sélective, destinée aux adolescents, est retrouvée en grande partie en milieu scolaire. L'éducation pour la santé à l'école se traduit par l'échange avec des professionnels, autour d'un sujet qui pose question aux adolescents, à travers des débats, des vidéos ou des jeux de rôle par exemple. Cela permet d'apporter de nouvelles connaissances et de susciter la réflexion et le choix de leurs comportements. C'est pourquoi on ne parle pas d'information mais bien d'éducation pour la santé, grâce au questionnement qu'elle crée chez les jeunes. Nous en avons parlé précédemment, à travers le thème de la sexualité, où la prévention en milieu scolaire passe par l'éducation sexuelle, obligatoire, grâce à laquelle des groupes d'élèves sont formés et échangent avec des adultes référents à travers des débats ou des jeux de rôle, des vidéos,...
On trouve aussi la prévention dans la promotion de la santé, qui a pour but de donner à chacun la possibilité de maîtriser d'avantage sa santé et de l'améliorer, mais plus sur un plan général. La promotion de la santé inclut l'éducation pour la santé. Elle passe par des campagnes de communication publique, grâce à des affiches, ou des spots à la télévision par exemple. Les thèmes très souvent abordés, et qui nous intéressent ici, pour les adolescents, sont la consommation de tabac, d'alcool, de drogues, les conduites addictives, le VIH...
La prévention doit se centrer sur les facteurs de risques, mais elle doit les individualiser, en fonction de la population cible, afin qu'elle ait un véritable impact. Elle doit également tenir compte du mode de vie des individus auxquels elle s'adresse. Elle ne doit pas se baser sur la peur et les interdits, ou les notions de bien et de mal, et les attitudes infantilisantes sont à éviter expressément. En effet, un tel comportement n'entraînerait qu'une augmentation des attitudes d'opposition et de transgression en réponse. Il ne faut pas condamner le comportement des jeunes, mais plutôt tenter de comprendre ce qui les motive à adopter un comportement à risque.
Qui sont les acteurs en matière de prévention et où se fait-elle ?
La prévention chez le jeune passe évidemment par l'éducation pour la santé faite par ses parents tout d'abord : en effet, l'enfant qui grandit et devient adolescent passe la plupart de son temps au contact de sa famille, et c'est au sein de celle-ci qu'il acquière des valeurs morales et que se forgent son caractère et son comportement. Mais la prévention ne se fait pas seulement dans le milieu familial. Autour de cette dynamique, c'est un véritable réseau qui se forme. La prévention peut se faire en milieu scolaire, à travers des spots publicitaires télévisés ou radiophoniques, sur Internet, dans des lieux d'accueil, dans la rue,... Elle implique beaucoup de professionnels, et de bénévoles d'associations, formés. Cela suggère le besoin de moyens financiers. C'est pourquoi le milieu politique est lié aux campagnes de prévention, car il permet l'apport principal de fonds pour la prévention, et la formation des intervenants. Cependant, les financements restent trop faibles, d'après les professionnels de santé publique.
Exemples concrets de prévention chez les adolescents
Campagne de vaccination contre le Papillomavirus
Le cancer du col de l'utérus touche près de 500 000 femmes par an dans le monde, et 260 000 morts y sont associées (d'après l'OMS, chiffres de 2005). Cependant, 90% de ces cancers sont retrouvés dans les pays en voie de développement.
En 2006 et 2007, deux nouveaux vaccins apparaissent sur le marché : Gardasil® et Cervarix®. Il s'agit de vaccins visant à prévenir des infections aux principaux Papillomavirus, responsables de la majorité des cancers du col de l'utérus. Cette vaccination s'adresse aux jeunes filles avant le début de leur vie sexuelle de préférence. Les données montrent que le taux d'anticorps en réponse au vaccin augmente de manière importante puis diminue progressivement, jusqu'à atteindre des valeurs stables 24 mois après l'injection de la première dose de vaccin. L'OMS recommande la vaccination des jeunes filles par Gardasil® ou Cervarix®.
Une campagne de communication autour de ces vaccins est mise en place afin de diffuser l'information les concernant. Des publicités à la télévision, des dépliants d'information dans les cabinets médicaux ainsi que dans les pharmacies, sont exposés au grand public. La prévention du cancer du col de l'utérus par ce vaccin est relayée par la campagne de dépistage du cancer du col de l'utérus. En un premier temps, la campagne de prévention incite à la vaccination, puis en un second temps, la réalisation de frottis cervicaux réguliers est rappelée afin de détecter un éventuel cancer du col de l'utérus.
Prévention de l'usage abusif d'alcool
La prévention du mésusage de l'alcool doit se faire dès le plus jeune âge. Pour que le message soit bien intégré, il faut qu'il soit transmis dès l'enfance, avant que le jeune ne soit exposé à la substance en question. C'est donc dès l'école primaire et le collège que les ateliers de prévention sur la consommation d'alcool doivent être mis en place. Il est conseillé de proposer des projets, qui s'inscrivent dans la durée, afin de solliciter les jeunes suffisamment longtemps (au moins sur 2 ans). Il n'empêche que les jeunes sont souvent incités par leurs pairs à consommer de l'alcool, lorsqu'ils grandissent. C'est l'effet de groupe, de mode, et l'adolescent veut faire comme tout le monde. Le but des campagnes de prévention est aussi d'aider les jeunes à apprendre à dire non, lorsqu'on leur propose un verre d'alcool. A travers des débats lors de journées de prévention en milieu scolaire par exemple, c'est ce travail qui est proposé. Comme dans toute tactique de prévention auprès des jeunes, l'important est de les faire réfléchir sur le sujet qui potentiellement peut poser problème et conduire à adopter des conduites à risques. Les jeunes doivent apprendre à faire leurs propres choix, parler de ce qui les inquiète, et reconnaître leurs émotions, sans être guidés par les seules normes et pressions sociales.
Sur un plan moins individuel, la prévention collective se traduit, d'une part, par la réglementation entourant l'alcool, notamment à travers le Code de la Santé Publique (CSP), et la loi Evin du 10/01/1991. De plus, depuis la loi Hôpital Patient Santé Territoire (HPST) adoptée le 21/07/2009, il est interdit de proposer de l'alcool aux mineurs. Auparavant, la limite d'âge imposée pour délivrer de l'alcool était de 16 ans, et seuls les vins et bière étaient autorisés entre 16 et 18 ans. Maintenant, plus aucun alcool ne peut être vendu à un mineur de moins de 18 ans. Tout vendeur qui enfreint cette loi risque une amende de 7500 euros ainsi qu'une peine complémentaire d'interdiction d'exercer dans son établissement, pour une durée maximale d'un an. Il peut également être amené à effectuer un stage de responsabilité parentale. En cas de récidive, le vendeur risque une amende de 15 000 euros, et une peine d'un an de prison. De plus, les open-bars sont désormais interdits. Il s'agissait de soirées pour lesquelles l'entrée était payante, mais la consommation d'alcool gratuite et à volonté durant toute la soirée.
Du côté de la sécurité routière, le taux maximal autorisé d'alcool est de 0,5g/L de sang. Des publicités « choc » passent à la télévision, en vue de prévenir l'usage abusif d'alcool. Les images de la simulation d'accident en état d'ivresse marquent les esprits de chacun. En cas de conduite en état d'ivresse, l'amende est comprise entre 135 et 4 500 euros. A cela peuvent s'ajouter le retrait de points du permis de conduire, ainsi qu'une suspension voire un retrait du permis, associé ou non à une peine de prison dans les cas les plus graves.
En cas d'ivresse avérée et manifeste sur la voie publique, la personne alcoolisée s'expose à une amende de 150 euros, et au risque de rester dans un établissement de police, jusqu'à ce que les effets de l'alcool se dissipent.
D'autre part, des « zones protégées » sont également mises en place. Il s'agit d'un périmètre défini, à proximité des établissements scolaires ou de terrains de sport, où l'implantation de lieux de vente d'alcool est interdite. Cependant, des assouplissements sont autorisés depuis 1998, avec la présence de buvettes dans les stades par exemple.
Concernant la vente de l'alcool en France, celle-ci est tout à fait légale, mais soumise à une taxation de l'état. Pour ne pas inciter à sa consommation, la production, le transport, et la vente d'alcool sont lourdement taxés. En fonction du type d'alcool, la taxe est comprise entre 10 et 60% du prix. Cela en fait un produit cher, qu'il est donc difficile de se procurer, et d'autant plus pour les jeunes qui n'ont pas de revenu. De plus, la publicité autour de l'alcool est interdite, dès que le degré alcoolique dépasse 1,2°. Mais malheureusement, il existe là encore des assouplissements de la loi, et la tolérance de certaines publicités sur Internet. Les slogans « abus d'alcool dangereux pour la santé » et « consommer avec modération » sont toutefois obligatoires.
Nous voyons ainsi que la place de la loi et du gouvernement n'est pas négligeable quant aux incitations à la non-consommation d'alcool. Cependant, il me semble qu'il est très important d'agir plus en amont, notamment au niveau scolaire, afin d'intervenir principalement sur les mentalités des jeunes plutôt que d'imposer des interdits, que l'adolescent a tendance à vouloir transgresser.
Prévention du tabagisme
Le tabac est un véritable problème de santé publique, puisqu'on le retrouve incriminé dans de nombreuses maladies. La prévention du tabagisme revêt plusieurs facettes. Il existe tout d'abord la prévention primaire du tabagisme, c'est-à-dire l'action en amont de la prise de tabac, avant toute consommation. Mais il existe également des campagnes de prévention afin d'aider à l'arrêt du tabac, et dans ce cas, il s'agit de prévention secondaire, visant à ne pas aggraver le problème déjà présent chez l'individu. Ce volet de la prévention est important et tend à se développer puisque beaucoup de fumeurs tentent d'arrêter de fumer.
En vue de prévenir de l'initiation au tabac, le travail de prévention doit se faire le plus tôt possible, avant que le jeune n'y soit exposé. Il s'agit d'intervenir au niveau comportemental. Cela suggère une démarche en milieu scolaire, dès l'école primaire. Des établissements scolaires ont mis en place des projets, à travers des pièces de théâtre ou la réalisation de vidéos par exemple, pour promouvoir le bien-être associé au non-tabagisme. Ce travail est réalisé en collaboration avec des acteurs de santé publique. Il permet d'impliquer activement les jeunes dans un projet, et de les faire réfléchir et mûrir sur le sujet.
D'autre part, la loi Evin, datant de 1991, pour la protection des non-fumeurs, incite à l'éviction du tabac. L'interdiction de fumer dans les lieux publics, l'interdiction de publicité pour le tabac, et la possibilité d'augmentation des prix du tabac découlent de cette loi (comme le montre une nouvelle augmentation du prix du tabac de 6% en octobre 2011, et une hausse du même taux prévue pour début 2012). Cette mesure de prévention collective montre des résultats intéressants, puisqu'une diminution de consommation du tabac a été notée depuis 20 ans.
Depuis la loi HPST, en 2009, il est interdit de vendre du tabac aux mineurs (alors qu'avant, un jeune pouvait s'en procurer dès 16 ans). La vente de cigarettes aromatisées est également interdite en France, car trop souvent assimilées à des bonbons. D'autre part, un plan gouvernemental de lutte contre drogues et toxicomanies, qui s'étend de 2008 à 2011 a été mis en place, pour répondre à trois objectifs principaux. A travers ce plan, les politiques de prévention dans les établissements scolaires se sont développées. D'autre part, la police municipale est autorisée à sanctionner le non-respect de l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Enfin, un accent est porté sur la protection de l'enfant à naître et de la mère fumeuse. Nous devrions connaître l'impact de ce plan sur la consommation tabagique française d'ici peu de temps.
Plus récemment, depuis le 20/04/2011, en plus de l'avertissement textuel obligatoire au recto des paquets de cigarette (depuis le 01/01/2004), un message sanitaire est maintenant obligatoire, sous forme d'une photographie associée à un texte, et disposant d'au moins 40% du verso du paquet de cigarettes. En plus, le numéro de la ligne Tabac info service doit également figurer. Cette disposition deviendra obligatoire pour les autres produits comme le tabac à rouler ou les cigarillos, courant 2012.
Une autre mesure de prévention collective est l'instauration d'une Journée mondiale sans tabac tous les ans, le 31 mai. Elle vise à mettre l'accent sur le rôle décisif joué par les professionnels de la santé dans la lutte antitabac. Ce sont eux qui sont les plus à même de discuter avec les fumeurs qui souhaiteraient arrêter, en essayant de leur apporter les solutions ou les moyens de réfléchir à parvenir à leur fin.
Il est important de ne pas aborder le sujet en dénonçant les dangers du tabac, mais plutôt en insistant sur le bien-être et la récupération du souffle grâce à l'arrêt du tabac. Les interventions auprès des jeunes ont d'autant plus d'impact qu'elles permettent d'ouvrir le débat et de partager sur leurs expériences personnelles d'échec d'arrêt, ou au contraire de réussite.
L'incitation à l'arrêt du tabac passe également par le remboursement par l'assurance maladie des substituts nicotiniques, à hauteur de 50 euros par an et par personne. Cela ne suffit pas à rembourser la totalité du traitement de substitution nicotinique, mais c'est toujours un plus, qui peut permettre d'aider le fumeur dans sa démarche d'arrêt.
Prévention du suicide
La prévention primaire du suicide repose sur la détection précoce des facteurs que l'on retrouve souvent chez les jeunes suicidaires : dépression, troubles psychiatriques, antécédents familiaux de troubles psychiatriques ou de suicide, conduites addictives...Ces critères suggèrent un mal-être chez le jeune, et le fait de les repérer précocement permet d'intervenir rapidement, afin de les réorienter vers les systèmes de soin qui leurs correspondent.
Cependant, les symptômes ne sont pas forcément présents chez le jeune suicidaire, et il est difficile de les repérer. C'est pourquoi, un gros travail est fait au niveau de la prévention secondaire, qui est la prévention des récidives.
La prévention primaire non sélective peut-être mise en place auprès des jeunes, en milieu scolaire notamment, que l'on appelle plutôt promotion de la santé mentale. Elle a une action beaucoup plus large et non spécifique. Elle vise à prévenir de tout type de mal-être, sans inclure nécessairement la notion de suicide dans ses campagnes de prévention. La formation de jeunes-relais dans les établissements scolaires est mise en place, ainsi que la communication sur les lieux d'écoute, physiques ou téléphoniques, pour soutenir le jeune en souffrance, grâce à des plaquettes informatives. A travers des vidéos, des ateliers santé, ou des théâtres forum, les jeunes sont activement impliqués dans la réflexion sur les questions de santé. Ils s'interrogent sur ce que représente la santé pour eux, et la manière dont elle s'exprime, ainsi que sur l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes.
D'autre part, il serait intéressant d'agir également sur les moyens utilisés pour le passage à l'acte suicidaire. L'accès aux armes à feu, la distribution de médicaments dangereux, la sécurisation des ponts et monuments, relèvent d'une certaine législation qu'il conviendrait peut-être de revoir. Mais cela suggère des modifications à l'échelle nationale...
La prévention chez les jeunes se traduit plutôt par un accompagnement, une éducation, que par de la prévention au sens strict. Cela permet de contribuer au développement de comportements favorables à leur santé.