Les souffrances psychiques de l'adolescent : la place du pharmacien d'officine auprès du jeune (prévention, détection, orientation, suivi)

Exemples concrets

La pilule du lendemain

Une jeune fille se présente à l'officine et formule la demande express d'une pilule du lendemain. Elle ne semble pas à l'aise du tout, et totalement paniquée, regardant autour d'elle et vérifiant que personne ne l'écoute.

Comment le pharmacien réagit-il à cette situation ? Je vous propose de mettre en situation la scène à travers le dialogue suivant : Ph représente le pharmacien, et Ado, l'adolescente.

La jeune fille semble mineure, elle doit à peine avoir 16 ans. Devant l'anxiété qui émane de l'adolescente, le pharmacien lui propose de se décaler afin d'accéder à un comptoir plus isolé des autres.

Ph : « Voulez-vous que nous passions dans la pièce à côté afin de discuter plus tranquillement ?

Ado : Oui si vous voulez...

Ph : Alors, vous m'avez demandé la pilule du lendemain. Il y a donc eu un rapport sexuel à risque récemment ?

Ado : Oui, hier soir, la capote a craqué...

Ph : D'accord, donc hier soir, ça fait moins de 72 heures... Est-ce-que vous prenez une contraception orale régulièrement ?

Ado : La pilule vous voulez dire ? Euh non, je ne peux pas, ma mère ne sait pas que j'ai un copain, et encore moins qu'on a des relations sexuelles...

Ph : D'accord, est-ce-que vous ne pensez pas qu'il serait bien de lui en parler ? Vos relations avec votre mère ne le permettent pas du tout ?

Ado : Bah vous savez, à la maison, on ne parle pas de ces choses la...

Ph : Je vois... En tout cas rassurez-vous, je suis tenu au secret professionnel, et tout ce que vous me direz restera entre nous. Si je me permets de vous poser toutes ces questions c'est parce que la prise d'un contraceptif d'urgence doit rester exceptionnelle. C'est une forte dose d'hormones qui est ingérée pour éviter qu'il y ait une grossesse. C'est pour cela que je vous demandais également si vous utilisiez une autre contraception, en plus. La prise de la pilule quotidiennement permet d'éviter toute grossesse, si elle est bien prise. Pour vous la fournir, il n'est pas nécessaire que vos parents soient au courant. Dans les centres de planning familiaux par exemple, elle est délivrée gratuitement pour les personnes mineures. Je ne dis pas qu'il ne faut pas essayer d'en parler prioritairement avec votre mère, mais cela reste une solution si le dialogue n'est absolument pas possible. A savoir ensuite qu'il n'est pas évident de cacher que vous prenez la pilule à votre entourage.

Ado : Ah ok, je ne pensais pas que je pouvais me la procurer gratuitement, sans l'accord de mes parents. Il faudrait peut-être mieux que je lui en parle avant quand même...

Ph : Peut-être que ce serait effectivement plus facile pour vous par la suite, afin de vivre votre sexualité sans que cela soit caché, et suscite une angoisse. Une autre chose à laquelle il faut que vous pensiez, et que la pilule ne suffit pas à prévenir, sont les maladies sexuellement transmissibles. Lors de votre rapport sexuel hier, si le préservatif s'est rompu, il y a un risque potentiel de transmission de MST. Est-ce-que vous avez déjà fait un test de dépistage des MST ?

Ado : Euh, non...C'est mon premier copain...Y a donc pas de risque que je sois contaminée par le SIDA ou autre chose ???

Ph : Et votre ami, a-t-il eu d'autres relations sexuelles avant vous ? Et s'était-il protégé avec un préservatif à chaque rapport ?

Ado : Oui, oui, ça on en a déjà parlé. Il a eu une copine avant moi, avec qui il n'est pas resté longtemps, et ils se sont toujours protégés.

Ph : Très bien, dans ce cas, il n' y a pas de raison que vous contractiez ni l'un ni l'autre une MST. Je pense que si vos relations sont amenées à se poursuivre, il serait intéressant d'envisager de faire un test de dépistage des MST les plus courantes, afin que vous soyez rassurés, et que l'utilisation du préservatif ne soit pas obligatoire, si un autre moyen contraceptif est utilisé. Il existe la pilule, mais pas seulement. Beaucoup d'autres méthodes sont disponibles à l'heure actuelle. Je pense qu'il serait intéressant que vous preniez rendez-vous chez un gynécologue afin de discuter de la méthode qui serait la mieux adaptée pour vous. Sur les sites du planning familial, les consultations sont gratuites avec un gynécologue.

Ado : Oué, je vais essayer de voir ça...

Ph : Sinon, vous m'avez dit que vous ne parliez pas de sexualité dans votre famille...Avez-vous des questions particulières ou des choses que vous n'oseriez pas demander et qui restent sans réponse?

Ado : Euh, là tout de suite, je ne vois pas...

Ph : C'est vrai que vous n'y aviez pas forcément réfléchi avant de venir. Sachez que si vous le souhaitez, vous pouvez revenir quand bon vous semble, pour poser vos questions ou demander des adresses ou informations. S'il y a beaucoup de monde dans la pharmacie, nous pourrons fixer un rendez-vous afin de prendre du temps, sans se sentir pressés. Pour l'heure, je vais vous donner le pilule du lendemain, à prendre le plus tôt possible. Quelques effets indésirables sont susceptibles de se produire tels que des maux de ventre voire quelques saignements. Vous vérifierez que vos règles arrivent bien à l'heure prévue ! Mais rassurez-vous, elle est très efficace, et d'autant plus si elle est prise précocement. Je vous remet également ce document associé à la pilule d'urgence, sur lequel sont notées des adresses et numéros intéressants, et je vous note mon nom et numéro de téléphone de la pharmacie en cas de besoin. J'ai également ce document intéressant sur les questions que peuvent se poser les ados sur la sexualité.[86]

Ado : D'accord, je vous remercie beaucoup.

Ph : Je vous en prie, et n'hésitez surtout pas. Vous pouvez revenir dès que vous en sentez le besoin. A très bientôt, au revoir.

Ado : Au revoir et merci. »

Demande de laxatifs par une jeune anorexique

Une jeune fille de 18 ans environ, grande, mince, se présente à l'officine et demande une boîte de Dulcolax® (un laxatif stimulant). Ce n'est pas la première fois que cette patiente se présente et demande ce médicament. Le pharmacien a le devoir d'engager le dialogue avec cette jeune fille, et de la mettre en garde sur l'utilisation de ce médicament. Les laxatifs stimulants doivent être utilisés lors de cas de constipation avérée, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de selles depuis au moins trois jours. Ce sont des médicaments irritants pour l'appareil digestif, et qui entraîne des répercussions sur l'équilibre électrolytique de l'organisme. Les laxatifs stimulants peuvent notamment avoir des influences cardiaques, en modifiant la kaliémie. Des précautions d'utilisation et des mises en garde sont nécessaires.

De plus, le pharmacien peut s'interroger de l'utilisation que sa patiente a de ces médicaments. Effectivement, il est connu que les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire ont tendance à utiliser ce genre de produits afin de ne pas prendre du tout de poids, voire d'en perdre. Cela est très nocif pour leur santé.

C'est pourquoi le pharmacien prend toutes les précautions qui s'imposent avant de délivrer cette boîte de médicaments. S'il sent que la patiente qu'il a en face de lui n'est pas sûre d'elle, ou qu'elle ne demande pas mieux que de l'aide, il peut engager le dialogue avec elle, et lui proposer de prendre un petit peu de temps pour discuter, en toute confidentialité, si elle le désire.

S'il est avéré que la jeune fille présente des troubles du comportement alimentaire, le pharmacien préconisera à sa patiente de consulter son médecin traitant, afin de mettre en place au plus vite la prise en charge adaptée à elle-même. Il doit faire comprendre à l'adolescente que plus le problème s'installe et plus il est difficile à traiter, et donc qu'il faut réagir maintenant. Le pharmacien lui communiquera des noms de médecins si besoin, et peut également lui transmettre les listes de numéros verts ou d'association avec lesquelles elle pourra discuter de son problème. Il ne lui délivrera pas le Dulcolax®, et proposera évidemment de la rencontrer à nouveau, si elle est d'accord, afin de ne pas la laisser seule dans cette situation.

La jeune fille repart donc avec l'impression d'avoir été écoutée et entendue, et avec des moyens à sa disposition pour tenter de s'en sortir.

Une mère s'inquiète pour son adolescent au comportement étrange

Une cliente habituelle de votre pharmacie se présente pour le renouvellement de son ordonnance. Comme d'habitude, elle vous demande des nouvelles de votre famille et vous parle de la pluie et du beau temps. C'est alors qu'à votre tour vous l'interrogez sur la rentrée du petit dernier en primaire, et sur la préparation du bac de français de son aîné. Elle vous répond que le petit est ravi d'aller à l'école, mais qu'en revanche, elle trouve son fils de 15 ans fatigué. Il est parfois même désagréable et agressif et s'enferme dans sa chambre, soit disant pour réviser. Dans le dialogue suivant, Ph représente le pharmacien, et l'autre protagoniste est la mère de l'adolescent.

Ph : « Ah bon, c'est étrange cela, lui qui était si calme et enjoué de tout.

Mère : Oui je sais, je me suis dit que ce devait être le bac qui l'angoisse.

Ph : Vous pensez ? Il a toujours eu de très bon résultats ? Pourquoi serait-il anxieux comme cela ? Il fait toujours du handball avec mon fils ?

Mère : Et bien non, ça fait quelques mois qu'il n'y va plus. Il me dit que ça ne l'intéresse plus, il préfère rester à la maison, mais il ne fait rien de la journée, lorsqu'il n'est pas en cours. En plus, on pourrait croire que du coup il révise d'avantage, mais pas du tout ! Ces résultats sont en chute libre depuis la rentrée. On ne sait plus quoi faire...

Ph : Ah...et est-ce-qu'il voit toujours ses amis ? A-t-il une petite amie ?

Mère : Il ne les voit plus beaucoup. Son meilleur ami passe de temps en temps à la maison, mais lui ne fait pas l'effort d'aller le voir. Et une copine, j'en doute ! C'est vrai que cet été, je pense qu'il en avait trouvé une ! Mais depuis septembre, il n'est plus aussi jovial qu'avant...

Ph : En avez-vous parlé avec lui ?

Mère : Non, c'est impossible de lui parler. Je vous ai dit, il s'énerve.

Ph : Peut-être qu'il serait bien qu'il parle de ce qui ne va pas avec quelqu'un d'extérieur à votre famille... C'est parfois plus facile pour un adolescent, de s'adresser à quelqu'un qu'il ne connaît pas, qui ne le jugera pas. Vous pouvez lui proposer de venir me voir si vous voulez. Je pense qu'il est peut-être angoissé par son année de lycée, avec le bac de français qui s'annonce, mais il y a peut-être également autre chose qui le tracasse. Il ne faut pas qu'il s'enferme dans sa tristesse, au risque que cela s'aggrave. Proposez lui sinon d'aller voir votre médecin de famille. Il le connaît bien non ?

Mère : Oui c'est vrai. Il le voit depuis qu'il est né ! Je vais lui proposer, il faut qu'il fasse quelque chose de toutes manières, cela ne peut plus durer. Et c'est difficile pour une mère de ne pas pouvoir aider son enfant...

Ph : Je comprends, ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas responsable. L'adolescence est une période difficile, où il n'est pas facile de trouver sa place en tant que parent. Mais l'adolescent lui-même est souvent perdu et a besoin qu'on l'aide, même s'il ne s'en rend pas compte et n'ose pas le demander.

Mère : Je vais lui proposer d'aller voir notre médecin, et lui dirait que sinon, vous pouvez le recevoir.

Ph : Oui très bien, la porte de l'officine est toujours ouverte, qu'il n'hésite surtout pas à venir. Je peux vous donner ces numéros verts, qui sont parfois utiles aux jeunes. Il y a aussi la maison des adolescents, qui se trouve en centre ville, qui reçoit les jeunes pour discuter ou pour communiquer des informations voire donner des conseils. Donnez-lui, peut-être qu'il n'y prêtera pas attention de suite, mais au moins il les aura.

Mère : Merci beaucoup

Ph : De rien, et tenez-moi au courant de l'évolution. »

La mère de famille repart avec une liste d'adresses et numéros verts à transmettre à son fils, et le soulagement d'avoir parler à quelqu'un de ce qui la tracassait depuis un moment, sans vraiment en avoir conscience. Elle sait qu'elle peut compter sur son pharmacien. Elle n'est plus seule, et se sent moins démunie. Le pharmacien n'intervient pas directement auprès du jeune, mais une relation pourra s'instaurer par la suite. Dans le cas d'une suspicion de dépression chez l'adolescent, ce sont souvent les parents qui s'inquiètent en premier et transmettent leurs craintes à leur pharmacien de qui ils sont proches. Le pharmacien est alors un soutien pour les parents du jeune qui ne se sent pas bien.

La mère du jeune se présente à nouveau à l'officine quelques semaines plus tard. L'adolescent a accepté de voir son médecin généraliste pour évaluer son état de santé, notamment parce que son état de fatigue chronique le justifiait. Il est ressorti de cet entretien que l'adolescent ne se sent vraiment pas bien dans sa peau. Le médecin généraliste lui a conseillé de consulter un médecin spécialisé dans l'écoute des jeunes, un pédopsychiatre, qui saura certainement l'aider à aller mieux et à parler de ce qui ne va pas. A l'heure actuelle, la mère dit que son fils refuse d'aller voir un « psy », qu'il n'est pas fou, et que tout va bien. Le pharmacien conseille alors à la mère de famille de lui laisser un peu de temps pour y réfléchir, mais qu'il faudra lui proposer à nouveau dans quelques jours. Le pharmacien répète à la maman que son fils peut venir à l'officine, s'il se pose des questions sur l'intérêt d'aller consulter un spécialiste ou pour tout autre chose. Il fera également part à la maman de l'existence de maisons pour parents, qui sont là pour aider les parents dont les adolescents souffrent, et qui en souffrent eux-même. Ce lieu permet de partager avec d'autres parents sur des problèmes similaires ou proches, et de se soutenir afin d'avancer dans la résolution du problème et de ne pas se laisser submerger.

Quelques semaines plus tard, c'est le jeune qui se présente à la pharmacie. Il a en sa possession une ordonnance de Prozac®, rédigée par le pédopsychiatre du quartier. Le pharmacien décide d'engager prudemment la conversation :

Ph : « Tu es allé voir le Dr X. Cela s'est bien passé ?

Ado : Mouais... J'y vais toutes les semaines, on essaie de parler... J'ai pas l'impression que ça fasse grand chose mais bon... Il m'a prescrit ça, il a dit que ça serait plus facile comme ça. On verra bien, de toutes façons j'y crois pas trop mais bon...

Ph : Oui je vois. Il t'a expliqué un peu ce que c'était ?

Ado : Il m'a dit que c'était un antidépresseur, d'après lui j'en aurai besoin, pour pouvoir aller mieux et avancer plus facilement vers la guérison.

Ph : C'est ça. C'est un antidépresseur, il va faire que tu te sentes mieux, et que tu sois remontes la pente plus rapidement. Pour que se soit efficace, il faut que tu le prennes bien tous les jours, comme il te l'a prescrit. Peut-être que tu ne verras pas tout de suite les effets du médicaments, mais il faut persévérer. Il est normal que le traitement mette un peu de temps à se mettre en place. Il t'a expliqué qu'il pouvait y avoir des effets secondaires ?

Ado : Oui oui. Ah ba là-dessus, on est au courant ! Quand il a décidé de me mettre sous médicament, il m'en a parlé avant, mais il a exigé d'en parler à mes parents ! Alors on a eu droit à toutes les recommandations qui s'imposent. Mais il m'a bien expliqué que se serait bien mieux pour moi, mais que ce n'est pas une solution à long terme.

Ph : Oui voilà, c'est ce qu'il faut que tu te dises. Ce médicament est là pour t'apporter une aide ponctuelle. Tu le prendras pendant une période plus ou moins longue, mais l'objectif n'est pas que tu le prennes à vie. C'est une aide au travail que ton médecin fait à côté.

Ado : Oui ba pour l'instant c'est pas très efficace !

Ph : Il faut du temps, mais c'est normal. Si tu prends ton traitement régulièrement et que tu continues à voir Mr X., tu mets toutes les chances de ton côté pour te sentir mieux.

Ado : Je vais essayer, on verra bien...

Ph : Ne baisse pas les bras, ça va aller. Et le hand ? Ca ne te dirait pas de reprendre ?

Ado : J'en n'ais pas envie...pas pour l'instant.

Ph : Prends ton temps, mais pense bien qu'il y a du monde autour de toi pour te soutenir. Si tu as envie, tu peux revenir ici, on pourra discuter, ou même si tu as des questions sur ton traitement médicamenteux ou tout autre chose, tu n'hésites surtout pas. Nous on ne bouge pas d'ici de la journée tu sais ?!

Ado : Ok merci. Au revoir. »

Le pédopsychiatre de l'adolescent a donc décidé de lui prescrire un traitement antidépresseur, pour faciliter le travail psychothérapeutique en parallèle. Cela signifie que le jeune ressent une souffrance tellement importante que la psychothérapie seule ne suffit pas à l'aider. Le pharmacien reverra la maman quelques jours plus tard, et elle lui rappellera l'importance de surveiller son fils dans les premières semaines de traitement, pour éviter le passage à l'acte lié à la levée d'inhibition grâce au traitement antidépresseur. C'est un long travail qui se met en place, mais toutes les chances sont du côté de l'adolescent pour qu'il s'en sorte. Il est important de rassurer la maman et de l'encourager et la soutenir.

Accompagnement du sevrage tabagique

Un jeune homme se présente à l'officine et vous demande le prix d'une boîte de patchs nicotiniques pour arrêter de fumer. On peut imaginer le dialogue suivant entre le pharmacien (Ph) et l'adolescent (Ado) :

Ph : « Vous avez déjà utilisé ce dispositif ?

Ado : Non non mais bon, j'ai décidé d'arrêter de fumer...mais je voulais savoir combien ça allait me coûter tout ça...

Ph : D'accord. Est-ce-que vous avez déjà réalisé le test qui permet d'évaluer votre dépendance à la cigarette ? Cela permet ensuite d'envisager le meilleur traitement pour que vous réussissiez à arrêter de fumer.

Ado : Non je n'ais pas fait ça.

Ph : On va donc commencer par ça. C'est le test de Fagerström. Quel âge avez-vous au fait ?

Ado : Je viens d'avoir 17 ans pourquoi ?

Ph : D'accord. L'utilisation de ces substituts nicotiniques n'est recommandée qu'à partir de 15 ans, c'est pour cela que je me permettais de vous poser la question. »

Ils remplissent le test de Fagerström ensemble, et ils obtiennent un score de 8. La dépendance à la nicotine est donc bien présente. Il s'agit ensuite d'évaluer la motivation du jeune à l'arrêt du tabac :

Ph : « Alors, le test montre que vous présentez une dépendance assez importante à la nicotine... Pourquoi avez-vous décidé d'arrêter de fumer ?

Ado : Bah, déjà ça me coûte cher ! Mais bon, je suis pas sûr que de payer des patchs ça me reviendra à moins cher...

Ph : Sur ce point, soyez sûr que si ! Il est vrai que ces produits sont chers, mais cela vous coûtera toujours moins cher que d'acheter des cigarettes. D'autant plus que la baisse des prix du tabac n'est pas à espérer !

Ado : Oui c'est vrai. Et puis aussi parce que j'aime pas avoir l'impression d'être dépendant à quelque chose. Je veux me prouver que je suis capable d'arrêter. Et y a l'odeur aussi ! C'est vrai que ce n'est pas très agréable, et encore moins pour les autres autour. Enfin voilà, j'ai pas non plus envie de mourir d'un cancer du poumon tout de suite ! Tout ça fait que je pense que le tabac ça ne m'apporte pas que de bonnes choses. Mais j'ai déjà essayer d'arrêter comme ça, sans rien, et je n'ai pas tenu 2 jours.

Ph : Je comprends. Je pense que ce n'est pas la solution de vouloir arrêter sans moyen de substitution. Votre dépendance à la nicotine est avérée, il faut donc tenter d'y pallier, progressivement. Si vous allez trop vite, vous ressentirez de véritables symptômes de manque, et vous risquez de vous découragez. Donc il vaut mieux prendre votre temps, pour parvenir à vos fins.

Ado : Ok, c'est vous qui savez !

Ph : Selon votre test, nous allons commencer par utiliser les patchs les plus dosés, à 21 mg/24h. Je vous conseille d'utiliser ce dosage pendant un mois, puis de passer à 14mg/24h le mois suivant et ainsi de suite. Si le passage à une dose inférieure est trop rapide, on repassera au dosage supérieure pendant quelques semaines avant de tenter à nouveau une diminution. Comme je vous l'ais dit, il ne sert à rien de vouloir aller trop vite.

Ado : D'accord, donc là je commence par un patch de 21 par jour.

Ph : Oui c'est cela. Votre test nous a montré que vous fumiez votre cigarette tôt le matin , au réveil. Je vous conseille donc de mettre votre patch le soir, sur une peau bien propre et sèche, afin que vous ne ressentiez pas les symptômes de manque au réveil. Cependant, la nicotine étant stimulante, cela pourrait vous gêner pour dormir. Vous pouvez alors mettre le patch plutôt le matin, risquant de vous sentir moins bien au réveil... N'hésitez pas à venir m'en parler si vous avez besoin.

Ado : D'accord. Bon ba je vais vous prendre une boîte de patchs alors.

Ph : Je pense que c'est une bonne idée. Je vous conseille également d'y associer des pastilles à sucer, en complément, lorsque vous ressentez l'envie de fumer, malgré la présence du patch. Une pastille correspond à une cigarette en gros. L'association des deux systèmes montre une plus grande chance de réussite d'arrêt. Ce qui peut également aider à l'arrêt du tabac, c'est de modifier vos habitudes associées à la cigarette. Par exemple, si vous prenez un café en fin de repas, avec une cigarette, essayez de remplacer le café par un thé, ou ne prenez tout simplement plus de boisson chaude après le repas. C'est ainsi des comportements qui doivent être modifiés pour que l'arrêt de la cigarette soit plus facile.

Ado : Mouais... Bon je vais mettre toutes les chances de mon côté, je vais prendre les deux, patchs et pastilles !

Ph : Sachez également que sur prescription de votre médecin, ces dispositifs sont remboursés à hauteur de 50 euros par an par la sécurité sociale. C'est déjà ça de pris !

Ado : Ah d'accord, j'en parlerai à mon médecin alors !

Ph : Très bien. Je vous souhaite bon courage, et n'hésitez pas à venir me voir si vous avez besoin de plus de renseignements ou de conseils. L'arrêt du tabac peut également susciter de la fatigue ou du stress, auxquels nous pourrons trouver une solution si cela vous arrive.

Ado : Ok, merci beaucoup. Au revoir. »

Le jeune repart avec un traitement de substitution nicotinique, qui offre les meilleurs chances de réussite à l'heure actuelle à l'arrêt du tabac. Si le jeune se présente à nouveau, et qu'il fait part de la difficulté qu'il rencontre à arrêter, le pharmacien pourra alors lui préconiser de rencontrer un spécialiste, voire de pratiquer des thérapies cognitives et comportementales qui aident à l'arrêt du tabac.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)