Les souffrances psychiques de l'adolescent : la place du pharmacien d'officine auprès du jeune (prévention, détection, orientation, suivi)

Le suicide

A l'adolescence, le mode d'expression privilégié du jeune est le passage à l'acte : il s'exprime à travers les fugues, les vols, les violences... Le suicide est une marque d'auto agressivité de l'adolescent, pour exprimer un certain mal-être.

Epidémiologie

A l'heure actuelle, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15 – 24 ans, après les accidents de la voie publique. Cela représente un véritable problème de santé publique, auquel il est difficile d'apporter une solution miracle. Les données épidémiologiques montrent que ce sont d'avantage les garçons que les filles qui se suicident (3,5 garçons pour 1 fille), mais les tentatives de suicide sont plus souvent retrouvées chez les sujets de sexe féminin (1,3% des filles de 15 - 19 ans) que masculin (0,5% des garçons de 15 - 19 ans). On relève environ 22 tentatives de suicide pour un suicide réussi chez les garçons, et 160 tentatives de suicide pour un suicide réussi chez les filles. De plus, au moins le tiers des sujets ayant fait une tentative de suicide récidivent dans la première année qui suit cet épisode. Les moyens utilisés par les adolescents pour tenter de se donner la mort sont d'abord l'absorption de médicaments par voie orale, à hauteur de 80 à 85% des cas. Ces médicaments proviennent très souvent d'une prescription médicale, faite au jeune lors d'une consultation, qu'il utilise en surdosage. Viennent ensuite l'absorption de produits toxiques, comme les produits ménagers ou les insecticides par exemple, et enfin l'ingestion ou l'injection intra-veineuse de drogues.

Toutes ces données épidémiologiques sont à considérer avec prudence car il semble que les déclarations de tentatives de suicide sont bien inférieures à ce qu'elles sont en réalité. En effet, une sous-déclaration de ces épisodes est certaine, liée à la honte et au tabou qui entoure ce sujet.

Psychopathologie du suicide

Il faut différencier plusieurs termes qui, à première vue, semblent évoquer des choses similaires : les pensées sur la mort, les idées suicidaires, la tentative de suicide, et le suicide. Tout le monde a, dans sa vie, eu des pensées sur la mort : elles correspondent à un cheminement tout à fait normal de l'esprit, qui se pose des questions sur ce qu'est la mort et ce qu'elle implique. Les idées suicidaires représentent des pensées sur la mort, sur l'élaboration d'un projet de suicide, mais sans passage à l'acte. La tentative de suicide quant à elle, traduit le comportement qui vise à se donner la mort, mais sans y parvenir. Enfin, le suicide est l'acte qui permet au sujet de se donner volontairement la mort.

De nombreux auteurs s'accordent à dire que la question du suicide est liée aux conflits intra-psychiques, propices à la période d'adolescence, où le corps et l'esprit du jeune subissent de nombreux changements. Cet acte auto-agressif de l'adolescent permettrait d'éviter de se confronter à ces conflits, en se retournant directement contre l'objet responsable du mal-être qu'il subit, c'est-à-dire son propre corps. Il apparaît que ces jeunes que l'on retrouve après une tentative de suicide présentent souvent une certaine vulnérabilité psychique, se traduisant par des difficultés à supporter les pensées douloureuses par exemple. En plus de cela, le contexte familial et social dans lequel évolue l'adolescent semble jouer un rôle important dans le cheminement d'une tentative de suicide.

Facteurs de risque d'une tentative de suicide (mots clés)

Un certain nombre d'éléments ont été retrouvés chez des adolescents suicidaires, qui sont considérés comme des facteurs de risque d'une tentative de suicide. Cela étant dit, ce n'est pas parce qu'un jeune présente les facteurs suivants qu'il fera une tentative de suicide.

  • L'adolescence, en soit, est un facteur de risque d'une tentative de suicide : cette période de changement dans la vie du jeune est propice à son mal-être et à l'expression de celui-ci par un acte suicidaire.

  • Le contexte socio-démographique : les antécédents de tentative de suicide dans l'entourage et la famille, ou l'environnement dans lequel l'adolescent évolue peuvent être des facteurs influençant le risque suicidaire. De plus, la précarité et la faible insertion sociale sont des éléments que l'on retrouve fréquemment, ainsi que l'échec scolaire.

  • Tout antécédent personnel de tentative de suicide : 30 à 50 % des adolescents récidivent dans la première année qui suit la tentative de suicide.

  • Les facteurs psychiques : dans au moins 30% des cas, l'adolescent présente un syndrome dépressif lorsqu'il y a passage à l'acte. A cela s'ajoutent très souvent des troubles anxieux. On retrouve aussi quelques cas de troubles de la personnalité.

L'important est de parvenir à détecter ces facteurs de risque et à engager une démarche de soins chaque fois que cela est possible. Cela implique qu'une information sur ces facteurs de risque est importante, pour les parents, les professionnels de santé, ou non, qui sont directement au contact du jeune.

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