Notions fondamentales
Les huiles essentielles
Il s'agit de liquides complexes constitués de composés apolaires et de bas poids moléculaires obtenus par distillation (hydrodistillation ou distillation sèche) ou expression à froid (pour les péricarpes du genre Citrus). Les composés rencontrés sont :
des monoterpènes (composés en C10) tels que le linalol : |
des sesquiterpènes (en C15) tels que le β-caryophyllène : |
Propriétés fondamentales et intérêt pratique
Elles sont :
Volatiles → flacons scellés
Oxydables → flacons teintés conservation 2 ans maximum (un an pour les Citrus) dans un endroit frais (max. 20°C)
Variables et complexes → composition contrôlée et identification correcte : espèce, chimiotype, partie (parfois indiquée sous la forme "o.p." ...)
Exemple : Importance de l'identification
Cinnamomum camphora (L.) J. Presl. (Lauracées), le camphrier, peut fournir des substances très différentes :
Historiquement, le camphre[5] a été obtenu par refroidissement et distillation de l'huile essentielle présente dans son bois. Il est aujourd'hui principalement produit par synthèse
L'huile essentielle de ravintsara (du malgache "bonne feuille") est obtenue à partir des feuilles et contient environ 55% d'eucalyptol[6]
L'huile essentielle de bois de Hô provient normalement des feuilles d'un chimiotype précis de la même espèce et contient 75 à 85% de linalol[7] ; sur internet on peut trouver des produits commercialisés sous le nom "bois de Hô" apparemment obtenus à partir du bois, qui revendiquent des teneurs allant jusqu'à 98% de linalol
Sans oublier la possibilité de confusion avec d'autres espèces du genre Cinnamomum, à commencer par les cannelles de Ceylan (C. verum J. Presl.) et de Chine (C. aromaticum Nees) dont plusieurs parties peuvent parfois être utilisées !
Conseil : A retenir
Bien que la densité des huiles essentielles soit variable, on peut globalement retenir qu'une goutte pèse en moyenne 20 mg. 1 g d'huile essentielle équivaut donc à 50 gouttes.
Attention : Contre-indications de l'aromathérapie
Il n'existe pas de contre-indications "officielles" de l'aromathérapie, dans la mesure ou de nombreux produits d'aromathérapie ne sont pas des médicaments, mais des compléments alimentaires, des préparations aromatisantes, des produits cosmétiques, des parfums d'ambiance, ce qui est d'ailleurs à déplorer car la diversité des statuts entraîne un perception floue des modes d'utilisation et des risques encourus pour chaque produit. Par analogie avec les mesures de prudence qui seraient prises pour un médicament à base de plante, on retiendra comme contre-indications :
la grossesse,
l'allaitement,
l'enfant de moins de 3 ans (cas général),
les voies injectables. et oculaire
Comme nous aurons l'occasion de le répéter, l'aromathérapie n'est pas anodine. L'utilisation de composés chimiques purs dont l'innocuité n'est pas démontrée n'est pas plus justifiée que pour tout autre produit de santé. Le souci de rapport bénéfice/risque chez la femme enceinte ou allaitante conduit à déconseiller l'usage de l'aromathérapie. Les enfants de moins de 3 ans sont particulièrement vulnérables aux crises convulsives pouvant être causées par certaines huiles essentielles. Une molécule aussi banale que le menthol doit être présente à des concentrations inférieures à 3% dans les préparations pour application locale pour les moins de 15 ans.
Toxicités associées aux composants d'huiles essentielles en fonction de leur nature chimique
Phénols (thymol[8], carvacrol[9], eugénol[10]) : réputés hépatotoxiques → traitement par voie orale court ou à faible dose pour les huiles essentielles en contenant (thym, giroflier); irritants
Composés terpéniques non oxygénés : irritants, néphrotoxiques en usage prolongé p.o. (pin, sapin, genévrier, santal)
Cétones (thuyone...) : neurotoxiques, épileptogènes
Autres toxicités envisageables :
Phototoxicité (photosensibilisation) : furocoumarines rencontrées surtout chez les Rutacées (rue, bergamote) et les Apiacées (angélique, Ammi majus...)
Allergie, hypersensibilité : l'ANSM indique que la présence de certaines substances sensibilisantes doit être indiquée : citral[12], eugénol[10], isoeugénol[13], cinnamaldéhyde[14], géraniol[15], citronellol[16], linalol[7], farnésol[17]. Certaines huiles essentielles sont allergisantes (cannelle, laurier). Ici une simple prise en compte d'un terrain allergique ou d'une allergie connue est souhaitable dans le conseil.
Aspect légal : huiles essentielles dont la vente est réservée aux pharmaciens
Armoises (Artemisia spp.), sauge (Salvia officinalis), tanaisie (Tanacetum vulgare), thuyas (parfois appelés improprement cèdres (Thuja occidentalis, T. koraenensis) : thuyone[18] épileptogène
Hysope (Hyssopus officinalis) : Pinocamphone, isopinocamphone[19] épileptogènes
Sabine (Juniperus sabina) : sabinène[20], acétate de sabinyle[21], camphre[5], thuyone[18] incriminés (épileptogènes)
Sassafras (Sassafras albidum) : safrole[22] cancérigène et matière première potentielle pour la synthèse de l'ecstasy[23]
Rue (Ruta graveolens) : furanocoumarines[24] photosensibilisantes
Thé du Mexique (Dysphania ambrosioides, Dysphania anthelmintica) : ascaridole[25] irritant (peroxyde), en particulier hépato- et néphrotoxique
Moutarde jonciforme (Brassica juncea) : isothiocyanates[26] irritants
Cas particuliers : Les huiles essentielles de fenouil, de badiane, d'hysope et d'absinthe ne peuvent être délivrées que sur prescription médicale à cause du risque d'utilisation pour la fabrication frauduleuse de liqueur.