AROMATHERAPIE

Voies d'administration

Voie rhinopharyngée

On utilise généralement un diffuseur électrique, qui vaporise l'huile essentielle sans chauffage, selon différents procédés.

Les appareils utilisant la chaleur, également commercialisés peuvent dégrader les huiles essentielles. En outre, tout ou partie des constituants de certaines huiles ont un point d'évaporation trop haut pour ce type d'appareils.

Posologie : on suggère ici de ne pas excéder 15 minutes 4 fois/jour (risque d'irritation de la muqueuse pulmonaire). Là encore, il n'existe pas de règle ni de recommandation officielle et de nombreux critères pourraient être pris en compte (volume de la pièce...). La posologie proposée ici n'a pour objet que d erappeler qu'une certaine modération est à observer en l'absence de données fiables relatives à l'exposition prolongée à des quantités importantes de composés potentiellement irritants.

Indications : Les principales indications à retenir, qui seront détaillées plus loin, sont :

  • l'assainissement de l'air

  • la recherche d'un effet sur l'humeur

L'inhalation est fréquemment pratiquée, sans qu'on songe toujours à la rattacher à la notion plus tendance d'"aromathérapie".

Posologie : 5 à 10 gouttes d'huile essentielle diluées dans environ 15 mL (1 cuiller à soupe) d'alcool à 90°. Le tout est dilué dans l'équivalent d'un bol d'eau chaude (inhalateur). Des comprimés à disperser dans l'eau chaude sont également commercialisés (Activox®...)

Indications : infection des voies respiratoires supérieures (recherche d'effet antiseptique et décongestionnant).

Autres méthodes : quelques gouttes sur un coin de l'oreiller, un pyjama ou un mouchoir. Concept à manipuler avec précaution (contact avec l'huile essentielle pure).

Voie orale

En raison de la grande capacité de diffusion des huiles essentielles dans l'organisme, la voie orale n'est pas forcément à considérer comme la voie "générale" par excellence. Elle est à privilégier pour un effet local, notamment digestif.

Posologies :

Préparations à l'officine (inconvénient : dégradation accélérée des huiles essentielles, péremption rapide comme la plupart des préparations magistrales) :

  • 10-20% d'huile essentielle diluée dans une huile végétale ou de l'alcool à 90°. Une prise classique consistera en 10-20 gouttes de la préparation ainsi obtenue/verre d'eau chez l'adulte.

  • 10-20% d'huile essentielle adsorbée sur gomme guar, qui sera diluée dans l'eau (1 g/100 mL). Une prise = 1 cuiller à café.

  • Gélules, gastrorésistantes ou non.

Préparations réalisables par le patient (inconvénient : augmente le risque de surdosage ou d'erreur car le patient manipule lui-même l'huile essentielle pure) :

  • Dispersion de l'huile essentielle pure dans du miel : 2-3 gouttes/cuiller à café (1 prise ; il est proposé de ne pas dépasser un total de 6 gouttes/jour)

  • Adsorption sur comprimé neutre (carbonate de calcium) : 2-3 gouttes/comprimé (1 prise ; il est proposé de ne pas dépasser un total de 6 gouttes/jour)

Peau et muqueuses

La voie cutanéo-muqueuse (cutanée, rectale, vaginale) doit faire l'objet d'une justification réelle. Si la voie rectale peut être employée pour un effet rapide et direct au niveau pulmonaire, le caractère irritant des huiles essentielles ne doit pas être perdu de vue. Elle peut s'avérer intéressante chez l'enfant ou en cas de prise par voie orale difficile ou jugée trop désagréable.

AttentionIl n'existe pas d'usage local (de manière certaine) en aromathérapie

L'utilisation d'une préparation d'aromathérapie par voie cutanée, par exemple, doit être prise en compte et adaptée en fonction de l'utilisation d'autres produits à base d'huiles essentielles. Des effets combinés peuvent entraîner des accidents.

La surface d'application doit être réduite.

Les médicaments pour usage externe contenant des huiles essentielles ou composants d'huile essentielle (Synthol® : menthol ; Baume Aroma® : eugénol et menthol) sont généralement réservés aux enfants de plus de 7 ans.

ComplémentIllustration des dangers de l'aromathérapie : huile essentielle d'eucalyptus et convulsions

Cas d'intoxication publié : une petite fille de 12 mois a reçu, sur un période de quatre jours, cinq bains prolongés dans lesquels ont été ajoutées des quantités inconnues d'huiles essentielles d'eucalyptus, de thym et de pin, pour une affection des voies respiratoires supérieures, sans fièvre. Peu après le dernier bain, l'enfant devient agité, somnolent puis pris d'une convusion tonique pendant une minute (regard fixe, respiration irrégulière, cyanose, flexion des bras, extension des jambes, mouvements anormaux de la langue, sialorrhée et sourire particulier). Deux crises identiques surviendront le même jour puis le phénomène s'intensifiera jusqu'à 133 crises en 24 heures ! Le phénomène régressera au bout de 4 semaines. Le développement psychomoteur de l'enfant sera durablement affecté et des crises occasionnelles se répéteront au moins jusqu'aux 5 ans de le fillette.

Ce cas a été publié en 1999 dans le Journal of Neurology sous le titre "Plant-induced seizures : reappearance of an old problem" ! Ceci illustre bien la récurrence d'accidents liés à une médecine considérée sans risque et souvent utilisée, à tort sur des jeunes enfants.

Le magazine Envoyé Spécial a diffusé, le 29 octobre 2009 un reportage intitulé "Le nouveau business des plantes", pendant lequel est évoqué le cas d'une maman, fan d'aromathérapie dont la fille a été prise d'une crise de convulsions vraisemblablement à cause de 3 gouttes d'huile essentielle d'eucalyptus déposées sur le pyjama. Le site internet de l'émission ne rediffuse malheureusement pas le reportage. Ironiquement, en accédant au résumé du programme peu après la diffusion, on accédait notamment à des publicités sur l'achat en ligne d'huiles essentielles, dont le risque épileptogène était rarement évoqué.

Si on reprenait la composition de quelques suppositoires "respiratoires" pour nourrissons :

Coquelusedal® (extrait de grindélia)

Bronchodermine® (10 mg eucalyptol par suppositoire)

Bronchorectine® (5 mg d'huile essentielle de serpolet par suppositoire)

Terpone® (5 mg d'huile essentielle d'eucalyptus, 5 mg d'huile essentielle de niaouli)

Trophirès® (44 mg d'huile essentielle d'eucalyptus)...

... on constate qu'on flirte parfois avec une dose administrée potentiellement épileptogène ! Depuis cette observation, l'utilisation de suppositoires à base de "dérivés terpéniques" a été interdite chez le nourrisson par l'ANSM.

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