Le souci - Calendula officinalis L.
Botanique
Calendula officinalis L. (Asteraceae) est une herbe annuelle d'origine méditerranéenne, assez robuste, à racine fuselée. La tige est anguleuse, ramifiée et velue, et peut atteindre 50 cm de haut. Les feuilles[1] sont ovales-lancéolées, alternes et sessiles. Les inflorescences[2] sont de grands capitules terminaux solitaires, jaune à orange-rouge. Les fleurs ligulées sont situées à la périphérie du capitule alors que les fleurs centrales sont tubulées. A maturité, les capitules donnent une grande quantité d'akènes falciformes[3], sans pappus, épineux sur la face dorsale. La plante possède une odeur caractéristique.
Forme utilisée (état sec) : Fleurs entièrement épanouies de la variété à fleur double (ligulées). Fleurs détachées du capitule[5] (qui doit être absent), ligulées, jaune-orangé. Ces fleurs sont allongées en languettes (1-3 cm × 2-5 mm), terminées par 3 dents.
Microscopiquement, on notera la présence de :
Composition chimique
Huile essentielle : 0,1 à 0,4%, surtout constituée de sesquiterpènes oxygénés dont l'α-cadinol[12] est le composé majoritaire (25%)
Composés terpéniques non volatils Alcools triterpéniques : faradiol, arnidiol, calenduladiol principalement estérifiés en 3 par des acides gras saturés : acides laurique, myristique, palmitique), formes libres ou acylées d'autres triterpènes (α- et β-amyrine[14]...). Stérols libres, estérifiés ou glycosylés (0,06-0,08%). Saponosides triterpéniques (2 à 10%, dérivés de l'acide oléanolique[15]), caroténoïdes (0,02-4,7%). |
Flavonoïdes : > 0,4% pour la Pharmacopée Européenne (hétérosides en C-3 de la quercétine et de l'isorhamnétine[16]).
Coumarines : scopolétol, ombelliférone, esculétol[17].
Autres constituants : polysaccharides solubles dans l'eau (15%), dérivés polyacétyléniques, acides phénoliques, diverses substances amères.
Pharmacologie et clinique
Certains extraits possèdent des propriétés antimicrobiennes, cytotoxiques, antitumorales, anti-inflammatoires, hypolipidémiantes, immunostimulantes et cicatrisantes. L'huile essentielle est bactéricide et modérément fongicide, de même que les flavonoïdes.
L'utilisation d'un modèle expérimental révèle que c'est la fraction lipophile, dépourvue de saponosides et de polysaccharides, qui est anti-inflammatoire. Cette activité est due aux triterpènes, principalement des monoesters du faradiol. Le faradiol libre, préparé par hydrolyse, est sensiblement aussi actif que l'indométacine (molécule de référence) sur le même modèle expérimental.
Les propriétés antiseptiques et antibactériennes, nettement marquées contre le staphyloccoque, sont dues aux terpènes oxygénés. L'acide oléanolique est actif contre plusieurs souches bactériennes.
Les essais cliniques menés à ce jour n'ont porté que sur l'effet sur les brûlures. L'activité observée pour une préparation de souci dans la vaseline était légèrement supérieure à celle de la vaseline seule.
Toxicologie - effets indésirables
La toxicité aiguë par voie orale semble relativement limitée. Expérimentalement, cela est confirmé après administration aiguë ou subchronique chez le rat. Le souci est néanmoins rarement utilisé par voie générale. On peut envisager sa présence dans un mélange de plantes en tant qu'améliorant de l'aspect de celui-ci.
En dépit d'une absence de lactones sesquiterpéniques, fréquemment responsables des allergies causées par les Asteraceae, un risque réel d'hypersensibilité existe et le nombre de réactions positives par contact s'est même révélé supérieur à celui de l'arnica lors d'un dépistage réalisé sur 443 candidats. Les réactions étaient souvent croisées avec celles au nickel, à la propolis, au colophane, au Fragrance mix[18] et au baume du Pérou[19].
Aucune information n'est disponible concernant les interactions médicamenteuses causées par le souci. L'usage local généralement recommandé limite les risques à ce niveau.
Usages et recommandations
Les utilisations retenues par la monographie de l'HMPC (EMA) sont :
le traitement symptomatique des inflammations mineures de la peau (telles que les coups de soleil) et le traitement d'appoint favorisant la guérison des blessures mineures chez l'adulte ou l'enfant à partir de 6 ans ;
le traitement symptomatique des inflammations mineures de la bouche et de la gorge chez l'adulte ou l'enfant à partir de 12 ans.
Les formes utilisables retenues sont la forme de plante (vrac) pour infusion et les autres formes liquides ou semi-solides pour application cutanée ou oro-muqueuse (extraits liquides à l'alcool à 40-50° ou à l'huile végétale, teinture, pommade). Les posologies recommandées sont équivalentes à 2 à 10% de drogue pour les formes liquides, 4 à 20% pour les formes semi-solides. Pour la forme vrac, on utilisera une infusion d'1 à 2 g de drogue pour 150 ml d'eau. L'infusion chaude sera utilisée telle quelle pour le rinçage ou les gargarismes en cas d'irritation de la gorge ou de la cavité buccale, ou en pansements imprégnés en cas de plaie cutanée (application de 30-60 minutes maximum). La consultation médicale est recommandée en cas d'absence d'amélioration des symptômes au bout d'une semaine ou de développement d'une infection cutanée.
Place dans le conseil
Le souci trouve toute sa place dans les médicaments de conseil à visée apaisante contre les irritations cutanées ou brûlures mineures. On retrouvera généralement les antiseptiques classiques pour le traitement des plaies (chlorhexidine...), mais il peut être conseillé en plus pour favoriser la cicatrisation.
Phytomédicaments et spécialités
La principale utilisation du souci est l'amélioration des irritations, petites plaies, brûlures. L'application doit être précédée par un nettoyage de la zone à traiter.
Seul
Calendula LHF® pommade (extrait glycériné 4 g/100 g) - crevasses, gerçures, écorchures, 1 à plusieurs applications/jour.
Calendula officinalis Boiron® poudre pour application cutanée (souci teinture mère 10 g/100 g, kaolin 25 g) traitement d'appoint des irritations de la peau, des rougeurs des fesses du nourrisson, des escarres et des brûlures légères et peu étendues, plusieurs applications/jour.
Calendula crème Boiron® (teinture mère 4,4 g/100 g). Irritations de la peau : crevasses, gerçures, dartres, rougeurs. Soin quotidien des peaux à tendance acnéique. 2 applications par jour.
Calendula vaseline Boiron® (teinture mère 4 g/100 g). Irritations de la peau : crevasses, gerçures, dartres, rougeurs. Soin quotidien des peaux à tendance acnéique. 2 applications par jour.
En association
Cicaderma® (Calendula 20 g/100 g, millepertuis et achillée 10 g - plantes fraîches, teintures mères de Ledum palustre et Anemona pulsatilla 1,5 g). traitement des brûlures peu étendues, des coups de soleil, des gerçures, des crevasses, des piqûres d'insectes et des petites plaies superficielles. 1 ou 2 applications par jour.
Homéoplasmine® pommade (acide borique 4 g/100 g, teintures de phytolaque 300 mg, souci, bryone et benjoin 100 mg) : brûlures faiblement indiqué, contre-indiqué en cas de lésions infectées ou chez l'enfant de moins de 30 mois), 1 à 2 applications/jour.
Des formes ovules existent également pour des infections gynécologiques sans fièvre (Endhométrol®, Boiron®).
Des dilutions homéopathiques sont retrouvées dans des spécialités à usage cutané, oculaire et à visée sédative.
Le souci peut être trouvé en tant qu'améliorant de l'aspect dans des tisanes (Santane F10®).
La drogue est largement utilisée en cosmétologie comme adoucissant, cicatrisant et hydratant (laits, crèmes, savons, produits après-soleil...).
Source : Eurekasanté (les indications et posologies sont données à titre indicatif) - 04/10/2010.
Complément : Bibliographie
Ouvrages
AFSSaPS, Médicaments à base de plantes. Les Cahiers de l'Agence n°3, 1998, Ministère de l'emploi et de la solidarité.
Aronson J.K., Meyler's side effects of herbal medicines, 2009, Elsevier, Oxford.
Botineau M., Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs, 2010, Tec-Doc Lavoisier, Paris.
Bruneton J., Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales, 4e édition, 2009, Tec-Doc EMI Editeurs Lavoisier, Paris.
ESCOP monographs, 2e édition, 2003, Calendula flower- Calendulae flos, ESCOP/Thieme, Exeter/Stuttgart.
OMS, WHO monographs on selected medicinal plants, volume 2, Flos calendulae, 2002, World Health Organization, Genève.
Pharmacopée. Européenne 6.8, Souci - Calendulae flos.
Wichtl M. et al., Plantes thérapeutiques, 2e édition, 2003, Tec-Doc EMI Editeurs, Paris.
Williamson E. et al., Stockley's herbal medicines interactions, 2009, Pharmaceutical Press, London.
Publications scientifiques
Fontanay S. et al., Ursolic, oleanolic and betulinic acids: antibacterial spectra and selectivity indexes. J Ethnopharmacol 2008 ; 120 : 272-276.
Lagarto A. et al., Acute and subchronic oral toxicities of Calendula officinalis extract in Wistar rats. Exp Toxicol Pathol 2010 ; article prépublié en ligne à la date de finalisation de ce document (numéro de volume et de pages non attribués).
Neukirch H. et al., Simultaneous quantitative determination of eight triterpenoid monoesters from flowers of 10 varieties of Calendula officinalis L. and characterisation of a new triterpenoid monoester. Phytochem Anal 2004 ; 15, 30-35.
Szakiel A. et al., Antibacterial and Antiparasitic Activity of Oleanolic Acid and its Glycosides isolated from Marigold (Calendula officinalis). Planta Med 2008 ; 74 : 1709-1715.