Parasitoses internes

Amoebose

Introduction

Aussi appelée amibiase intestinale, elle est due à la présence d'une amibe, Entamoeba histolytica.

C'est un protozoaire rhizopode spécifique de l'homme, caractérisé par deux formes végétatives et une forme kystique. Il

s'agit d'une parasitose intestinale.

Données épidémiologiques

Cette parasitose est cosmopolite, mais sévit essentiellement dans les zones tropicales. La prévalence est élevée en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

Cependant, on retrouve l'amoebose dans les pays tempérés et notamment en France, malgré sa rareté, due aux mesures d'hygiène. La transmission étant liée au péril fécal, il y a des populations à risque : certaines professions (égoutiers), les homosexuels masculins, les enfants, les collectivités...

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

L'homme s'infeste par ingestion de kystes mûrs directement à partir de selles, ou indirectement à partir d'eau ou de légumes souillés.

La forme kystique possède une coque qui est digérée par les enzymes de l'intestin grêle pour libérer des formes végétatives minuta, ovoïdes, de 12 à 15 micromètres.

Celles-ci se multiplient dans le côlon par scissiparité (ou division binaire) puis évoluent en kystes, qui possèdent quatre noyaux lorsqu'ils sont mûrs. Ils sont libérés avec les selles et résistent plusieurs jours en milieu extérieur, en attendant d'être ingérés pour une nouvelle infestation. La forme minuta peut aussi évoluer en forme histolytica, plus allongée (20 à 40 micromètres) et très mobile, en cas de baisse de l'immunité. Il s'agit de la forme virulente : elle est hématophage (ingère des globules rouges) et attaque la paroi intestinale (responsable des symptômes).

Signes cliniques

De nombreux facteurs interviennent en ce qui concerne la pathogénicité du parasite.

La parasitose reste longtemps asymptomatique, on observe des symptômes chez seulement 10 % des sujets.

Plusieurs formes peuvent être observées.

Dysenterie amibienne (ou amoebose intestinale) aiguë

Elle se manifeste par des diarrhées abondantes, parfois afécales, glaireuses et sanglantes. Ces diarrhées sont associées à des douleurs abdominales, comme des épreintes (douleurs coliques), et des ténesmes (douleurs anales).

La muqueuse colique est ulcérée. Cette forme peut être plutôt atténuée (symptômes banals) ou au contraire suraiguë

(plus virulente).

Amoebose intestinale chronique (postamibienne)

Elle entraîne des troubles du transit, accompagnés d'une altération de l'état général.

Amoebome

Rare, c'est une tumeur inflammatoire (pseudotumeur parasitaire) au niveau du cæcum ou du sigmoïde, avec diarrhées et évolution lente vers un « syndrome subocclusif ».

Amoebose hépatique

C'est une complication qui survient suite au passage du parasite dans la circulation mésentérique.

On observe fièvre et hépatomégalie douloureuse, la douleur étant inconstante. Il peut y avoir formation d'abcès

hépatiques.

Autres localisations

Ce sont surtout les poumons, et rarement la rate, le coeur, le cerveau, la peau...

Diagnostic

Est réalisé un examen parasitologique des selles, des glaires (prélevées par écouvillon), ou d'une biopsie colique.

L'examen des selles est souvent utilisé, on peut observer l'échantillon au microscope ou pratiquer des techniques de biologie moléculaire (PCR). En cas d'examen négatif, il faut le répéter plusieurs fois pour confirmer le résultat. On peut également réaliser des examens radiologiques non spécifiques. Un sérodiagnostic est utile pour les formes viscérales : mise en évidence d'anticorps antiamibes par différentes techniques. Dans l'amoebose hépatique, on observe une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles (taux élevé de globules blancs de type polynucléaires neutrophiles), ainsi qu'une vitesse de sédimentation accélérée, mais un bilan hépatique normal.

Traitement

Amoebicides tissulaire pour les formes viscérales

Dihydroémétine. Cette molécule n'est plus commercialisée.

Amoebicides de contact, agissant sur les amibes de la lumière intestinale

Tiliquinol (Intétrix®), molécule contre-indiquée pendant la grossesse.

Amoebicides mixte

On utilise des dérivés imidazolés : Métronidazole (Flagyl®), et surtout Tinidazole (Fasigyne®), Secnidazole (Secnol®) et

Ornidazole (Tibéral®), qui sont mieux tolérés.

Dysenterie amibienne aiguë

Le traitement consiste en une cure de 1 à 3 jours d'imidazolés, suivie d'une cure de tiliquinol pendant 10 jours.

Posologie :

  • 2g/jour d'imidazolés (Tinidazole, Secnidazole ou Ornidazole) pour l'adulte, 30 mg/kg pour l'enfant.

  • 4 gélules de 300 mg de tiliquinol par jour pour l'adulte, 2 gélules/5kg pour l'enfant.

Amoebome

Utilisation de tinidazole. Une intervention chirurgicale est nécessaire s'il n'y a pas de régression au bout d'un mois.

Colopathie postamibienne

Elle est traitée comme une colopathie fonctionnelle (antispasmodiques, pansements intestinaux).

Prophylaxie

Il convient de :

  • Traiter les porteurs asymptomatiques comme les malades (voir plus haut).

  • Prendre des mesures d'hygiène individuelles : lavage des mains, nettoyage des crudités.

L'amoebose en images

E. histolytica ayant ingéré des globules rouges
E. histolytica au niveau du colon
Forme kystique d'E. histolytica

Références

Sources documentaires

P. Bourée. Amoebose intestinale. EMC (Elsevier Masson SAS), Gastro-entérologie, 9-062-B-10, 2010

Durand F., Brenier-Pinchard M-P., Pelloux H. Parasitoses digestives : lambliase, taeniasis, ascaridiose, oxyurose,

amibiase, hydatidose (avril 2004).

http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/corpus/disciplines/parasitomyco/parasito/100/lecon100.htm

http://lmm.univ-lyon1.fr/internat/download/item100.doc (Page consultée le 28 mars 2012)

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

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