Parasitoses internes

Téniose

Introduction

Parasitose assez commune, la téniose est provoquée par un ver plat segmenté de la famille des cestodes, Taenia saginata, plus connu sous le nom de « ver solitaire » ou « ténia du bœuf ».

Données épidémiologiques

Bien que ce soit une parasitose assez courante, il est difficile d'avoir des statistiques la concernant.

L'INVS a, en 2004, estimé qu'annuellement il y aurait 65 495 cas, débouchant sur un nombre d'hospitalisations allant de 14 à 62. Mais ces statistiques ne sont pas des plus fiables, notamment car le nombre de cas estimé est évalué à partir du nombre annuel de boites de niclosamide (ancien traitement de cette parasitose) vendues par les laboratoires Aventis (maintenant Sanofi), sur une période de trois ans (1997-2000).

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

L'adulte se retrouve exclusivement au niveau du tube digestif de l'homme, au niveau du jéjunum. Le ver s'accroche à cet endroit via son scolex (« tête »), équipé à cet effet de quatre « ventouses ».

Tout commence par l'ingestion d'œufs présents dans le milieu extérieur, par un bovidé. Une fois ingéré, l'œuf éclora, libérant une larve qui va s'empresser de migrer vers les muscles du bovidé, ou elle formera une larve cysticerque.

L'homme s'infectera par ingestion de viande peu ou pas cuite.

Contrairement à d'autres cestodoses, on ne retrouve qu'un seul Taenia saginata adulte au niveau du tube digestif (d'où le nom de « ver solitaire »). Des infestations multiples (association avec un autre Taenia, d'autres cestodes, ou même d'autres parasites) ne se retrouveraient que dans 1 % des cas.

Taenia saginata peut vivre très longtemps. Ainsi, si la parasitose est non traitée, le ver peut vivre aussi longtemps que son hôte.

Chaque jour, Taenia saginata perd une dizaine de ses proglottis (« anneaux ») les plus distaux, qui vont être éliminés avec les selles de l'hôte. Les œufs s'échapperont des anneaux lors de l'élimination de ces derniers, ou par lyse des anneaux dans le milieu extérieur.

Signes cliniques

L'infection est le plus souvent latente, asymptomatique. Et donc découverte fortuitement, par exemple via des traces d'anneaux dans les sous-vêtements.

Les symptômes, s'il y en a, sont très divers. Ils apparaissent après une phase de latence de deux à trois mois.

Le plus souvent, il s'agit de désordres digestifs et généraux (douleurs abdominales, diarrhées, vomissements, perte de poids...).

Les troubles allergiques (prurit, œdème de Quincke) sont rares. De même que les troubles neurovégétatifs, qui sont aussi très variables (asthénie, nervosité, dyspnée, arythmie/palpitations cardiaques, insomnie, convulsions...).

Il existe des complications, bien que peu fréquentes : appendicites, entéropathies, occlusion intestinale, entérites, abcès hépatiques, pancréatite...

Diagnostic

Un hémogramme n'est pas forcément très informatif : on observera une hyperéosinophilie le plus souvent modérée, quelquefois élevée.

Sont surtout utilisées des méthodes classiques : « scotch-test » de Graham, examen parasitologique des selles (recherche d'anneaux). Ces deux examens ne sont positifs qu'à partir de trois mois, intervalle de temps nécessaire à la maturation du ver.

On peut maintenant utiliser les techniques classiques de biologie moléculaire, telle l'amplification de la signature ADN du parasite par PCR, ou la recherche d'antigènes par méthode ELISA.

Enfin, dans certains cas on peut faire une biopsie (appendicectomie) et un examen anatomopathologique de la pièce prélevée.

Traitement

De nos jours, on traite par prise unique de praziquantel (Biltricide®) à une dose de 10mg/kg.

Anciennement, le traitement de référence était la prise d'albendazole (Zentel®) ou de flubendazole (Fluvermal®) à une dose de 400mg par jour pendant trois jours.

Prophylaxie

Au niveau du producteur de viande, des examens vétérinaires sont réalisés, même si difficiles. Si la viande est très infestée, elle est saisie. Si l'infestation est raisonnable, elle est stérilisée par radiations ionisantes (30 000 rads), la chaleur (plus de 56 °C) ou la congélation (-15 °C pendant 10 à 15 jours, ou -30 °C pendant quatre jours).

Plus généralement, il faut améliorer l'hygiène fécale, le traitement des eaux, et la cuisson des viandes de bovidés.

Les cysticerques sont très résistants : en effet, ils résistent 40 jours à 4 °C, et quatre heures à -10 °C.

Il faut donc faire cuire correctement la viande, car ils sont détruits par chauffage à 46 °C.

L'oxyurose en images

Scolex (tête) de Taenia saginata. À noter que le scolex n'a pas de crochets, contrairement aux autres ténias, mais quatre ventouses
Œufs de Taenia saginata
Taenia saginata adulte. Ce spécimen fait près de quatre mètres de long

Références

Sources documentaires

Patrice Bourée. Cestodoses adultes. EMC (Elsevier Masson SAS), Maladies infectieuses, 8-510-A-10, 1995.

DESOUBEAUX G., DUONG T-H. Parasitoses intestinales cosmopolites. Actualités pharmaceutiques n° 509, octobre 2011.

VAILLANT V., DE VALK H., BARON E.. Morbidité et mortalité dues aux maladies infectieuses d'origine alimentaire en France. INVS, 2004.

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

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