Parasitoses internes

Anisakidose

Introduction

L'anisakidose, aussi nommée anisakiase, est une parasitose digestive impliquant des larves de nématodes apparentés aux anisakidés, le plus souvent d'Anisakis simplex.

Ces larves sont ingérées par l'homme en même temps que l'hôte secondaire de l'espèce, consommé cru : poissons, céphalopodes.

Données épidémiologiques

L'incidence des anisakidose est d'autant plus élevée que la population considérée est grande consommatrice de poisson, notamment cru. Ainsi, le Japon connut 11 232 cas en 1988.

Concernant la France, peu de données sont disponibles, du fait qu'il n'existe pas de systèmes de surveillance pour l'anisakidose.

Néanmoins, sur la période 1977-1991, 25 cas ont été rapportés, alors que, sur la période 1992-2005, seuls 6 cas ont été rapportés. Ceci semble montrer une efficacité des mesures préventives prises contre ce parasite.

Mais, du fait de l'essor de la consommation de poisson cru en France (mode des sushis...), certains auteurs considèrent que les cas d'anisakidose vont s'amplifier.

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

La contamination humaine se fait par ingestion de poissons ou de céphalopodes, mal cuits : l'homme est un hôte accidentel des anisakidés, qui sont en fait des parasites de mammifères marins.

Dans le tube digestif humain, le parasite ne passe pas le stade de larve, et meurt dans une période de trois jours maximum après ingestion.

Tout commence par l'excrétion dans les déjections dans le milieu des œufs. Ces derniers vont former dans l'océan des larves, qui seront à leurs tours ingérées par les premiers hôtes secondaires que sont les crustacés, eux-mêmes ingérés par les seconds hôtes secondaires que sont les poissons et les céphalopodes.

Les poissons concernés sont majoritairement le colin, le lieu, la morue, le merlu.

À titre d'exemple, le colin pêché dans la mer du Nord, a 83 % de chances d'être porteur d'Anisakis simplex.

La sole, le turbot, la pile et la barbue ne sont que très exceptionnellement contaminés.

En France, l'ensemble des cas rapportés indique que la contamination est uniquement alimentaire.

Signes cliniques

Le terme d'anisakidose regroupe en fait trois tableaux cliniques distincts :

  • La forme gastro-duodénale

    La plus fréquente, elle survient quelques heures après ingestion, et se traduit par des symptômes de type ulcération.

  • La forme grêlique

    Elle peut intervenir jusqu'à plusieurs semaines après ingestion. Elle se manifeste par de violentes douleurs intestinales, qui signent des lésions.

  • La forme allergique

    Elle concerne plutôt des épisodes aigus, sur terrain propice (personne déjà sensibilisée à l'allergène d'Anisakis simplex, ou ayant été en contact avec le responsable de la toxocarose, Toxocara canis, en raison d'une forte parenté entre espèces, responsable de réactions croisée). Elle se manifeste de façon diverse, de la crise d'urticaire jusqu'au très grave choc anaphylactique (un cas recensé en France, consécutif à l'ingestion de thon cru contaminé).

Diagnostic

Dans le cas d'une forme gastro-duodénale, le diagnostic consiste à rechercher des larves par coloscopie ou gastroscopie.

Réaliser une sérologie garde un intérêt dans les formes allergiques chroniques, malgré le phénomène de réaction croisée avec d'autres espèces.

La forme grêlique est très dure à dépister, car il y a peu voire pas d'indices paracliniques (les larves ne sont pas directement visibles, comme dans le cas de la forme gastro-duodénale). Bien souvent, le diagnostic est posé après interrogatoire du patient, au cours duquel ce dernier confiera avoir consommé du poisson cru.

Traitement

Le traitement est essentiellement chirurgical, et consiste en l'extirpation des larves lors d'une endoscopie.

Ceci pourra être éventuellement complété par un traitement antiparasitaire à base de benzimidazolés ou d'ivermectine.

Dans le cas d'une forme allergique, arrêter la consommation de poisson fait progressivement disparaître les symptômes. Un traitement anti-allergique peut être envisagé en cas de formes d'urticaire violentes.

Prophylaxie

Les larves d'anisakis résistent aux procédés de conservation classiques des produits de la mer : salaison, fumage, marinade dans le vinaigre ou le jus de citron...

Des mesures spécifiques ont donc été prises, mesures ayant eu pour résultat une diminution de la prévalence de l'anisakidose intestinale en Europe.

Éviscération des poissons

Opérée avant mise en cale des poissons, elle a pour but d'éviter le passage des larves du tube digestif à la chair.

Congélation

Rendue obligatoire par une directive du Conseil de l'Europe (22/07/1991), la congélation des poissons destinés à être consommés crus, doit se faire à une température inférieure ou égale à -20 °C à l'intérieur du poisson, pendant au moins 24 h.

Cuisson

La cuisson permet de tuer les larves.

Il est à noter noter qu'elle ne protège pas contre la forme allergique de l'anisakidose, l'allergène d'A. simplex responsable étant thermostable.

L'anisakidose en images

Larve d'anisakidé issue d'une biopsie gastrique
Larves d'anisakidés dans un hareng

Références

Sources documentaires

JUST P.-A, MÉATCHI T., ELOUARET Y., BADOUAL C.. L'anisakidose : une zoonose au goût du jour. Gastroentérologie Clinique et Biologique (2008) 32, 782-787.

PETITHORY J-C. Actualités sur l'anisakidose. Revue Francophone des Laboratoires n° 399, février 2008,87-93.

VAILLANT V., DE VALK H., BARON E.. Morbidité et mortalité dues aux maladies infectieuses d'origine alimentaire en France. INVS, 2004.

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

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