Parasitoses internes

Toxocarose

Introduction

Sont responsables deux parasites intestinaux : Toxocara canis (parasite du chien) et Toxocara cati (parasite du chat).

Ce sont des nématodes blanchâtres, proches des ascaris.

Au stade adulte, ils mesurent de 10 cm à 18 cm environ. Les mâles sont plus petits et ont l'extrémité postérieure recourbée, contrairement aux femelles dont l'extrémité est droite.

Données épidémiologiques

Cosmopolite, c'est une zoonose très fréquente en France et d'autres pays développés, surtout en zone rurale.

Elle est aussi très fréquente dans les pays tropicaux.

Les cas humains sont, de leurs côtés, beaucoup plus rares.

Il s'agit bien souvent d'une maladie infantile, notamment à cause de la géophagie qui est un facteur de risque (sol pollué par des déjections canines).

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

Le cycle de Toxocara canis est complexe.

Au départ, des milliers d'œufs sont rejetés dans les excréments du chien contaminé.

Ces œufs s'embryonnent et deviennent infestants en trois à quatre semaines, si les conditions environnementales sont satisfaites (peu exigeantes, car les œufs sont assez résistants, et peuvent demeurer infestants plusieurs années).

Ils sont ensuite ingérés par un mammifère comme le chien ou l'homme (via des légumes contaminés par exemple). Les larves sont libérées dans l'intestin, et peuvent traverser la paroi intestinale pour atteindre la circulation sanguine.

Chez l'humain, les larves ne peuvent pas parvenir à maturité, elles vont donc migrer dans l'organisme en touchant divers organes, puis finissent par mourir.

Chez le chien, elles atteignent le foie, le cœur, puis les poumons via les artères pulmonaires. Elles remontent ensuite jusqu'à la trachée, où elles seront dégluties et pourront évoluer en adulte en retournant dans l'intestin. Cela dure cinq semaines.

Elles peuvent alors s'y reproduire pour pondre des œufs qui seront rejetés dans les selles.

Il faut noter que le passage jusqu'à la trachée ne se réalise que chez le chiot.

Chez les chiens adultes, elles s'enkystent dans de nombreux organes en passant par le système sanguin, et finissent par mourir chez les mâles. Chez les femelles, les larves restent infestantes longtemps : lorsqu'une femelle est gravide, les sécrétions hormonales stimulent l'activité des larves qui vont terminer leur cycle dans l'intestin ou parasiter les embryons de chiots. Ceux-ci sont donc contaminés dès la naissance, et la parasitose est entretenue par l'allaitement des chiots, car les larves passent dans le lait maternel.

Le cycle est similaire chez le chat avec Toxocara cati.

Signes cliniques

Les symptômes dépendent surtout de la quantité d'œufs ingérés et de la fréquence de réinfections.

Généralement, la toxocarose est bénigne et asymptomatique, la guérison est spontanée.

Il y a plusieurs sortes de syndromes, avec différents symptômes.

Dans le cas d'un syndrome de « toxocarose cachée », on peut voir associés divers symptômes peu spécifiques : douleurs abdominales, anorexie, fièvre, respiration sifflante, toux, maux de tête, troubles du comportement...

La toxocarose provoque souvent des réactions allergiques (inflammations dues à l'atteinte des organes par les larves).

Il existe aussi des formes plus graves, dont les formes dites « larva migrans », qui constituent l'essentiel des manifestations cliniques :

LMV

« Larva Migrans Viscérale », qui touche divers organes, notamment les poumons et le foie.

On observe une asthénie chronique, une respiration sifflante avec toux, une hépatosplénomégalie (augmentation du volume du foie et de la rate), et une hyperéosinophilie (augmentation du taux de polynucléaires éosinophiles).

LMO

Cela signifie « Larva Migrans Oculaire », autrement dit c'est une atteinte de l'œil par le parasite, qui va provoquer des réactions inflammatoires à l'origine d'une perte de la vision, de strabisme (lésions maculaires) et autres lésions.

Forme neurologique

Il y a une atteinte par les larves du système nerveux central ou périphérique. Selon la zone touchée, cela peut provoquer diverses manifestations neurologiques graves, par exemple une méningo-encéphalite, ou une myélite.

Diagnostic

Souvent, lors d'un bilan sanguin, on observe une hyperéosinophilie, qui peut parfois être très importante.

Il y a aussi une augmentation des immunoglobulines E, associée aux manifestations allergiques.

Pour confirmer le diagnostic avec certitude, il est possible de réaliser une biopsie pour observer les larves dans les tissus, mais seulement dans des cas exceptionnels.

Plus généralement, on réalise un sérodiagnostic : détection des anticorps dirigés contre le parasite par test ELISA et Western blot.

Le problème de la sérologie vient du nombre important de personnes saines, mais porteuses d'anticorps (particulièrement en milieu rural : jusqu'à 45 % de sujets porteurs), qui ont été produits pendant une infection asymptomatique et spontanément guérie. La sérologie n'est donc pas des plus informatives.

À noter qu'il n'est pas possible d'observer quoi que ce soit dans les selles, puisque les individus restent au stade larvaire dans les tissus.

Traitement

Pour les manifestations allergiques, on utilise des traitements symptomatiques : corticoïdes (également utilisés pour la forme oculaire), antihistaminiques, β-mimétiques en cas de problèmes respiratoires.

Un traitement antihelminthique est à envisager en cas d'hyperéosinophilie persistante ou de troubles cliniques.

Parmi les molécules disponibles, on peut citer :

Albendazole (Zentel®)

Antihelminthique de la classe des benzimidazolés. Il est contre-indiqué chez la femme enceinte.

La dose est de 10 à 15 mg/kg/jour (comprimés de 400 mg) pendant une à deux semaines.

Ce traitement est bien toléré, mais ce n'est pas le plus efficace.

Diéthylcarbamazine (Notézine®)

C'est un antihelminthique dérivé de la pipérazine, au mode d'action mal connu (cette molécule semble perturber le métabolisme de l'acide arachidonique). Sa prise est déconseillée pendant la grossesse et l'allaitement.

On administre une dose de 4 mg/kg/jour (comprimés de 100 mg), progressivement.

C'est le traitement le plus efficace, mais il est délicat à mettre en œuvre, et donc réservé à un usage hospitalier.

Prophylaxie

Il convient de :

  • Vermifuger les chats et les chiens trois fois par an, voire mensuellement pour les chiots âgés de moins 6 mois.

  • Se laver systématiquement les mains avant les repas et après contact avec la terre.

  • Laver les légumes destinés à la consommation.

  • Éviter la géophagie chez les enfants, et aussi le léchage par le chien.

  • De bien cuire les abats (il y a parfois transmission par les abats mal cuits contenant encore des larves).

  • Mettre en place des mesures collectives : interdire l'accès aux chiens dans les parcs et terrains de jeux, couvrir les bacs à sable, rendre obligatoire le ramassage des excréments canins dans les endroits publics...

L'oxyurose en images

Œuf de Toxocara sp.
Larves de Toxocara sp. dans du tissu hépatique (foie)
Larve de Toxocara canis

Références

Sources documentaires

J-F. Magnaval. Traitement des parasitoses cosmopolites. http://www.revuemedecinetropicale.com/193-198_-_rg_-_magnaval.pdf Médecine tropicale 2006 ; 66 : 193-198.

Agence de la santé publique du Canada. Toxocara canis, Toxocara cati. http://www.phac-aspc.gc.ca/lab-bio/res/psds-ftss/toxocara-fra.php (Page consultée le 25 mars 2012).

H.Pelloux, O.Faure. Toxocarose de l'adulte. La revue de médecine interne 25 (2004), 201-206.

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

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