Parasitoses internes

Hypodermose

Introduction

L'hypodermose est une anthropozoonose (commune à l'homme et aux animaux) due à la présence de larves de mouche du genre Hypoderma, appelées varons. Ces larves parasitent habituellement les bovins (Hypoderma bovis, Hypoderma lineatum) et les cervidés (Hypoderma lineatum).

Les cas d'hypodermose humaine sont assez accidentels, l'homme ne fait normalement pas partie du cycle du parasite.

Données épidémiologiques

L'espèce Hypoderma bovis est cosmopolite, présente (bien que très rare) en Europe, en Afrique, en Australie et en Amérique du Sud. Hypoderma lineatum est plutôt présente dans les zones tempérées, c'est à dire en Europe et en Amérique du Nord.

L'hypodermose bovine et l'hypodermose humaine suivent les mêmes distributions : les cas d'hypodermose humaine sont observés dans les régions d'élevage de bovins (surtout la Bretagne et la Normandie en France). On estime que l'incidence réelle de cette parasitose est sous-évaluée.

Les sujets touchés sont principalement les enfants vivant en milieu rural, au contact du bétail.

L'hypodermose animale était encore bien présente en France en 1998, avec sept régions ayant des taux d'infestation supérieurs à 5 %. Les cas ont fortement diminué depuis la mise en place d'un programme de lutte spécifique.

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

Les individus adultes ne vivent que peu de temps durant l'été, juste assez pour se reproduire.

Après l'accouplement, les femelles pondent plusieurs centaines d'œufs sur l'animal hôte. L'éclosion des œufs libère des petites larves dont le mode de pénétration dans l'animal est sujet à controverse. Elles peuvent être ingérées lorsque celui-ci se lèche, ou pénétrer directement dans la peau via un vecteur.

Puis elles migrent à différents niveaux de l'organisme selon l'espèce, pour devenir au printemps suivant des larves sédentaires au niveau de la peau, avec formation de granulomes perforés et purulents.

Puis les larves sortent de la peau pour tomber à terre et se transformer en nymphe puis en adultes, qui apparaissent en juin.

Plusieurs modes de contamination humaine sont possibles : soit par dépôt des œufs sur le corps, soit par contact direct d'une larve avec la peau lors d'un rapprochement avec un animal, soit par ingestion de lait contaminé.

La larve va alors évoluer au niveau cutané ou comme chez l'animal migrer vers différentes parties du corps. Généralement, elle n'est pas adaptée à cet hôte et meurt avant de terminer le cycle.

Signes cliniques

Les manifestations cliniques sont généralement bénignes.

On observe :

  • Des signes peu spécifiques : fièvre, plus rarement asthénie, anorexie et nausées avec perte de poids, et manifestations allergiques.

  • Souvent des manifestations cutanées, plus évocatrices, avec des œdèmes fugaces et migrateurs, indolores (« tumeurs ambulatoires ») surtout au niveau de la tête et du thorax, et des ecchymoses en forme de sillons témoignant du passage de la larve. On peut voir apparaître 3 à 4 mois après des furoncles, avec émergence d'une larve blanchâtre quelques jours plus tard.

  • Parfois des douleurs musculaires et articulaires, voire des douleurs plus profondes, thoraciques ou digestives.

Des complications peuvent survenir :

Neurologiques

On peut observer méningites, hypertension intracrânienne, troubles de la conscience, déficits moteurs, convulsions... Malgré la gravité apparente, ces manifestations évoluent en général vers la guérison.

Ophtalmiques

Les atteintes peuvent être externes et bénignes (prurit, photophobie) ou internes et graves, avec des séquelles fréquentes.

Pleuro-péricardiques (atteintes de la plèvre et du péricarde)

L'évolution est en général favorable.

Diagnostic

Il repose sur un Interrogatoire minutieux du patient. Est recherché le sexe (les garçons étant plus touchés, car plus en contact du bétail) et l'âge du patient, son origine géographique, et la date d'apparition des signes clinique.

Il y a souvent l'existence d'une hyperéosinophilie sanguine.

Le diagnostic de certitude consiste en l'identification d'une larve, après expulsion spontanée ou exérèse (retrait chirurgical) de cette dernière.

Enfin, on peut réaliser une sérologie.

Traitement

En cas d'affection bénigne, le traitement est uniquement symptomatique (anti-inflammatoires, antalgiques, anti-histaminiques).

En effet, il n'y a pas de traitement antiparasitaire préconisé à l'heure actuelle même si l'ivermectine est efficace pour traiter les bovins.

Les extractions chirurgicales doivent être proscrites, car elles entraînent des lésions disproportionnées.

En cas d'atteinte ophtalmique interne, il y a urgence, et le traitement est chirurgical. Les techniques diffèrent selon la localisation de la larve dans l'œil.

Prophylaxie

Des mesures individuelles sont conseillées : éviter le contact des enfants avec les bovins, par exemple.

On peut mettre en place des mesures collectives. C'est entre autres le cas dans la lutte contre l'hypodermose bovine : estimation du taux d'infestation, traitement des bovins infestés, contrôle de l'efficacité des programmes.

L'hypodermose en images

Hypoderma sp. : adulte et larves
Larve d'Hypoderma sp. dans une biopsie d'oreille

Références

Sources documentaires

B. Chevalier, J-C. Chapalain, F. Klotz. Hypodermoses humaines. EMC (Elsevier Masson SAS) Maladies infectieuses. 8-118-E-10 (2003).

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

Wikimedia commons.

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