Parasitoses internes

Diphyllobothriose

Introduction

Aussi nommée « bothriocéphalose », la diphyllobothriose est une parasitose intestinale, due à un cestode, Diphyllobothrium latum.

Ce dernier se démarque des autres cestodes par sa grande taille (deux à huit mètres en moyenne, il peut même atteindre les vingt mètres), et son scolex (« tête »), qui porte deux sortes de ventouses : les bothridies.

Données épidémiologiques

On ne retrouve Diphyllobothrium latum que dans des conditions environnementales spécifiques : eau douce (pH compris entre 4 à 9), climat froid (de 8 à 20 °C).

Ainsi, on observe de diphyllobothriose en France uniquement autour des lacs alpins, en Haute-Savoie.

C'est d'ailleurs parce que l'incidence de cette parasitose semblait très forte dans cette localité qu'une enquête y fut menée (Desvois, 2001), impliquant tous les laboratoires d'analyse du département. Cette enquête montra qu'entre 1993 et 2001, il y eut 22 cas recensés aux abords du lac Léman, et qu'entre 1997 et 1999, il y avait en moyenne deux cas annuels.

Pour l'INVS, en raison des conditions bien particulières nécessaires à la survie du parasite, ces cas représenteraient la majorité des cas en France. L'INVS estime donc qu'annuellement, en France, il y aurait trois cas confirmés, menant à deux hospitalisations.

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

L'hôte définitif (homme, chien, chat, porc, renard, ours) va émettre des œufs dans ses selles. Ces œufs, s'ils sont au contact de l'eau et que les conditions sont favorables (oxygène, lumière, pH de 4 à 9, température allant de 8 à 20 °C), vont maturer, pour finir par éclore, libérant au bout de sept à vingt jours, une larve ciliée nommée « coracidium ».

Cette dernière va se faire avaler par un petit crustacé copépode (Cyclops ou Eudiaptomus), et s'y développer pour donner au bout de 16 à 18 jours une larve procercoïde.

Le copépode va à son tour se faire avaler par un petit poisson (gardon), qui va lui-même se faire avaler par un poisson prédateur (truite, perche, lotte, brochet...). Dans ce poisson prédateur, la larve procercoïde va migrer en des endroits variables suivant l'hôte intermédiaire (muscles pour la perche et la lotte, cavité abdominale pour le brochet...), et former en deux ou trois mois une larve plérocercoïde. C'est chez cette larve qu'apparaissent les deux bothridies.

L'hôte définitif se contaminera par ingestion de la chair crue ou mal cuite du poisson prédateur. Le parasite se fixera à la muqueuse intestinale par les bothridies, grandira, et pourra pondre au bout de sa cinquième semaine.

L'homme semble être l'hôte définitif naturel de ce parasite, dans la mesure où le développement de ce dernier sera parfait seulement chez l'homme.

D. latum se nourrira passivement (absorption des nutriments du chyme intestinale de l'homme), et consomme énormément de vitamine B12.

Signes cliniques

La diphyllobothriose est souvent asymptomatique.

Les symptômes sont surtout digestifs (constipation, sensation de faim, ballonnements et douleurs abdominales). Ils apparaissent dans un intervalle de trois à six semaines après ingestion de poisson infecté, et sont dus à la fixation du parasite par ses bothridies, puis sont déplacement, détruisant des villosités intestinales et créant une lésion inflammatoire.

Peuvent aussi être vus des douleurs cardiaques (précordialgie) maux de tête, malaises, asthénie, et divers symptômes psychiatriques (hypocondrie, paranoïa, hystérie).

Le signe le plus caractéristique d'une diphyllobothriose est « l'anémie macrocytaire de type Biermer ». Cette dernière est due à une carence en vitamine B12, absorbée par le parasite.

Cette anémie se manifeste par une pâleur cutanéomuqueuse, des œdèmes, une glossite et des troubles neuropsychiques.

Diagnostic

Un examen parasitologique des selles peut être réalisé pour rechercher des œufs.

Au niveau de l'imagerie, on pourra voir des lésions inflammatoires lors d'une gastroscopie, alors que des radiographies digestives ne seront pas utiles, car ne révélant rien.

On pourra aussi doser le taux sanguin en vitamine B12, qui sera abaissé. On notera de même une hypoprotidémie, une hypoalbuminémie, et une hypergammaglobulinémie.

Enfin, un hémogramme montrera anémie (diminution des globules rouges), hyperréticulocytose (augmentation du taux de réticulocytes), leucopénie (diminution des globules blancs), lymphocytose (augmentation des lymphocytes) et thrombopénie (diminution des plaquettes).

Traitement

Il suit les mêmes modalités que celui de la téniose : 20 mg/kg de praziquantel en prise unique.

On pourra envisager des injections de vitamine B12 en cas de grande anémie.

Prophylaxie

La chair du poisson peut être traitée à la saumure (NaCl à 12 % pendant quinze jours), passée à la chaleur (55 °C ; la chaleur est utilisée pour stériliser les abats destinés aux animaux) ou au froid (-10 °C ou une semaine au congélateur).

D'un point de vue plus global, il faut éviter la contamination des eaux par les déjections des hôtes du parasite.

La diphyllobothriose en images

Section d'un D. latum adulte (scolex absent)
Œufs de D. latum
Scolex de D. latum

Références

Sources documentaires

Patrice Bourée. Cestodoses adultes. EMC (Elsevier Masson SAS), Maladies infectieuses, 8-510-A-10, 1995.

VAILLANT V., DE VALK H., BARON E.. Morbidité et mortalité dues aux maladies infectieuses d'origine alimentaire en France. INVS, 2004.

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)