Parasitoses internes

Oxyurose

Introduction

Le vecteur de l'oxyurose est Enterobius vermicularis. C'est un parasite intestinal de type nématode, blanchâtre.

Données épidémiologiques

L'oxyurose est une parasitose cosmopolite, répandue dans les pays tempérés et moins répandue en zones tropicales.

C'est l'helminthiase la plus fréquemment rencontrée en Europe et aux États-Unis.

Elle est très contagieuse, favorisée par la promiscuité familiale ou scolaire et fréquente chez les enfants (de 14 à 90 % de prévalence selon les études épidémiologiques). Des taux de prévalence élevés sont également observés chez les homosexuels masculins.

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

Après ingestion des œufs, ceux-ci éclosent au niveau de l'estomac et les larves migrent jusqu'à l'intestin grêle pour muer en adultes, au bout de trois semaines.

Les individus adultes séjournent dans l'intestin, et s'accouplent au niveau de la partie terminale de l'intestin grêle (région iléo-caecale). Une fois fécondées, les femelles migrent jusqu'à la marge anale pour y pondre les œufs (jusqu'à 20 000) et mourir. Cette migration s'effectue généralement le soir ou au début de la nuit.

Les œufs embryonnés au niveau de l'anus sont directement infestants sans nécessiter une maturation.

L'oxyurose est très contagieuse.

La contamination est strictement humaine, et possible essentiellement par voie orale (contact des mains avec la bouche après avoir touché du linge ou d'autres mains souillées, ou ingestion directe d'aliments souillés), parfois par voie respiratoire (les œufs mesurent environ cinq microns et sont « volatils »).

Chez le patient atteint (surtout chez l'enfant), il y a une auto-infestation par grattage (« péril fécal ») puis portage des mains à la bouche : la parasitose est ainsi auto-entretenue.

Signes cliniques

C'est une parasitose bénigne, dont le signe clinique majeur est le prurit (démangeaisons) anal vespéral (le soir), ou nocturne. Il est dû à la migration des femelles, dont la salive provoque des démangeaisons. Cela s'accompagne bien souvent de lésions péri-anales dues au grattage.

Chez la femme on peut observer aussi un prurit vulvaire.

Des symptômes moins spécifiques peuvent également survenir, surtout chez les enfants où ils sont plus marqués :

  • Troubles intestinaux : diarrhées, douleurs abdominales (notamment au niveau de la fosse iliaque droite), anorexie.

  • Troubles du comportement : irritabilité, insomnies, cauchemars.

On peut observer parfois des complications comme une appendicite à oxyures (l'appendice est alors obstrué), ou une vulvo-vaginite, voire une salpingite ou une endométrite (respectivement inflammation de la vulve, du vagin, des trompes et de l'endomètre), par envahissement des voies génitales féminines depuis la région anale.

Diagnostic

Présence de petits vers blancs (femelles) dans les selles, plus rarement présence d'œufs (car les œufs sont pondus à l'extérieur du tube digestif, dans les plis de la marge anale).

Pour la mise en évidence des œufs, on effectue un test de Graham, qui consiste à coller un morceau de ruban adhésif (« scotch-test ») sur la marge anale, pour ensuite l'examiner au microscope et rechercher la présence d'œufs. Ce test doit être effectué le matin avant nettoyage de la zone : si le patient est atteint d'oxyurose, les femelles auront pondu pendant la nuit. C'est le test réalisé généralement quand un patient se plaint de prurit anal.

Le bilan sanguin montre une légère hyperéosinophilie, peu spécifique.

Un test sérologique est inutile, car les anticorps sont inexistants.

Traitement

Différents médicaments sont disponibles, en prise unique.

Les mesures d'hygiène sont très importantes, il est nécessaire de les respecter pendant le traitement. Il faut aussi traiter toute la famille pour éviter les contaminations.

Benzimidazolés

Ce sont des anti-helminthiques qui agissent en bloquant la capture du glucose par le parasite.

1. Flubendazole (Fluvermal®) :

Il est contre-indiqué chez la femme enceinte et pendant l'allaitement.

Prise de 100 mg (sous forme de comprimé ou suspension buvable) à renouveler quinze jours après.

2. Albendazole (Zentel®) :

Contre-indiqué pendant la grossesse.

Adulte : prise de 400 mg (comprimé ou suspension buvable) puis renouveler la prise sept jours après.

Enfant de 1 à 2 ans : prise de 200 mg (suspension buvable) puis renouveler la prise sept jours après.

Pamoate de pyrantel (Combantrin®)

C'est un anti-helminthique qui a pour effet de paralyser le ver. Sa prise est déconseillée pendant l'allaitement.

Adulte et enfant : prise de 12,5 mg/kg (comprimé ou suspension buvable), à renouveler au bout de 15 à 20 jours.

Embonate de pyrvinium (Povanyl®)

Anti-helminthique au mode d'action mal connu. Sa prise est déconseillée pendant l'allaitement.

Adulte et enfant : prise de 5mg/kg (comprimé ou suspension buvable), à renouveler au bout de 2 à 3 semaines.

Prophylaxie

Pour éviter les contaminations ou recontaminations, on peut conseiller de :

  • Nettoyer consciencieusement le linge, la literie et plus généralement l'habitat.

  • Si une personne de la famille est infectée, préférer l'utilisation de l'aspirateur au balai pour le ménage.

  • Se laver régulièrement les mains, notamment après passage aux toilettes et avant les repas.

  • Procéder à une toilette régulière.

  • Porter un pyjama la nuit.

  • Garder les ongles courts, et bien nettoyer sous les ongles.

L'oxyurose en images

Œufs d'E. vermicularis
Œufs d'E. vermicularis dans une biopsie de colon
Extrémité postérieure d'un E. vermicularis adulte

Références

Sources documentaires

Durand F., Brenier-Pinchard M-P., Pelloux H. Parasitoses digestives : lambliase, taeniasis, ascaridiose, oxyurose, amibiase, hydatidose (avril 2004).

http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/corpus/disciplines/parasitomyco/parasito/100/lecon100.htm#

http://lmm.univ-lyon1.fr/internat/download/item100.doc (Page consultée le 23 février 2012)

J.-L. Caumes, B. Chevalier, F. Klotz. Oxyures et oxyuroses. EMC (Elsevier Masson SAS) Maladies infectieuses. 8-515-A-20 – 4-350-A-10. (2002)

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

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