Parasitoses internes

Giardiose

Introduction

La giardiose, aussi appelée lambliase, est une parasitose intestinale due à un protozoaire flagellé, Giardia intestinalis ou Giardia duodenalis.

L'infection peut avoir lieu chez l'homme (principal réservoir) et certains mammifères, selon les génotypes.

D'autres espèces du genre Giardia sont parasites d'animaux comme les amphibiens ou les oiseaux.

Données épidémiologiques

C'est un parasite cosmopolite, responsable de la protozoose intestinale la plus répandue dans le monde. La prévalence est variable, mais assez élevée dans les pays en voie de développement (12 à 30 % en 1997) et non négligeable dans les pays industrialisés (2 à 7,5 % en 2003).

Les enfants en bas âge sont davantage touchés, la prévalence pouvant atteindre 75 % dans certains pays en voie de développement. Cependant, l'infection est rare avant 6 mois grâce au rôle protecteur du lait maternel.

En France environ 1 à 4 % des adultes étaient touchés il y a une dizaine d'années.

Les génotypes incriminés sont principalement le génotype B, et le génotype A. Les cas d'infections humaines à partir d'animaux sont rares de par la spécificité des différents génotypes. L'inverse semble se produire davantage.

Il existe des populations à risque, comme les égoutiers, le personnel des crèches, les enfants en collectivités, ou encore les homosexuels masculins.

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

L'infection commence par l'ingestion de kystes à quatre noyaux (une faible quantité suffit).

Le passage dans l'estomac, avec baisse de pH, suivi d'une remontée de pH dans l'intestin, conduit à la lyse de la paroi du kyste qui libère un excyzoïte à quatre noyaux dans le duodénum.

Celui-ci évolue en forme végétative ou trophozoïte, piriforme, de 10 à 20 micromètres de long, avec deux noyaux et des flagelles. Les trophozoïtes s'accrochent à la muqueuse intestinale grâce à un disque ventral. Ils se multiplient et prolifèrent par scissiparité. C'est eux seuls qui sont responsables des symptômes.

Une partie de la population évolue en kystes au niveau du côlon. Ceux-ci seront expulsés avec les selles et pourront résister de longues périodes en attendant une ingestion.

La giardiose est donc une parasitose liée au péril fécal : transmission fécale-orale, directement ou indirectement par l'intermédiaire d'eau ou de légumes souillés.

Signes cliniques

La plupart du temps (70 % des cas), l'infection est asymptomatique, mais cela dépend de facteurs propres à l'hôte et à la souche (virulence variable).

Si les symptômes sont présents, ils apparaissent entre 3 et 20 jours après l'infection, la moyenne étant d'une semaine.

Ils sont caractérisés par une diarrhée importante, aqueuse ou souvent graisseuse, avec douleurs abdominales, nausées, vomissements, flatulences, asthénie et perte de poids. À noter que ces symptômes sont peu spécifiques.

Il s'agit des symptômes de la forme aiguë, qui dure deux à quatre semaines.

Si la giardiose devient chronique, elle peut entraîner un syndrome de malabsorption avec perte de poids importante (particulièrement chez les enfants). Il semblerait même qu'il y ait des répercussions sur le coefficient intellectuel des enfants.

On notera aussi des malabsorptions en cas de giardioses aiguës, qui en ce cas sont souvent modérées.

Des signes cutanés de types urticaire ou dermatite atopique peuvent aussi être observés (réactions allergiques, avec présence d'immunoglobulines E anti-Giardia).

Enfin, des cas d'hypokaliémie (diminution du taux de potassium dans le sang) ont été recensés.

Diagnostic

Dans la plupart des cas, on fait un examen parasitologique des selles (recherche de kystes), réalisé à trois reprises (car il y a existence de périodes muettes, sans excrétion de kystes).

Pour affiner le diagnostic, la détection d'antigènes dans les selles peut être réalisée, par immunofluorescence ou ELISA.

On peut également recueillir le liquide duodénal, où l'on cherchera des trophozoïtes.

Ces derniers peuvent aussi être visualisés sur biopsie perorale (biopsie de l'intestin grêle, faite en introduisant une sonde par la bouche) ou brossage duodénal.

Depuis peu, des PCR sont réalisées.

Traitement

Première intention : nitro-5-imidazolés

Métronidazole (Flagyl®) : 15 à 25 mg/kg/jour, per os, pendant 5 à 10 jours.

Tinidazole (Fasigyne®) et secnidazole (Secnol®) : prise unique, 2 g chez l'adulte, 25-50 mg/kg chez l'enfant.

Les contre-indications sont l'allaitement et l'hypersensibilité à la molécule.

Ces molécules ont une bonne efficacité. Il y a meilleure tolérance au traitement pour les imidazolés secondaires (tinidazole et secnidazole).

En cas de chimiorésistance, on utilisera des benzimidazolés

Le traitement usuel consiste en la prise d'albendazole (Zentel®) à 400 mg/jour pendant 5 jours, en association avec d'autres imidazolés.

On peut aussi utiliser le nitazoxanide, un nitrothiazole antiparasitaire commercialisé aux USA, mais pas en France (pour l'instant, il possède une ATU).

Prophylaxie

La contamination est liée au péril fécal, d'où la nécessité d'améliorer les conditions d'hygiène.

Il faut donc prendre :

  • Des mesures individuelles : lavages des mains, lavage des crudités...

  • Des mesures collectives (surtout dans les pays en voie de développement) : amélioration de l'accès à l'eau potable, du traitement des eaux usées, développement de toilettes publiques...

La fasciolase en images

G. intestinalis : forme trophozoïte
G. intestinalis : kyste
G. intestinalis

Références

Sources documentaires

L. Favennec, D. Magne, C. Chochillon, G. Gargala, J.-G. Gobert. Infections intestinales humaines à Giardia duodenalis. EMC (Elsevier Masson SAS), Maladies infectieuses, 8-515-A-10, 2006

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

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