Parasitoses internes

Hydatidose

Introduction

Le vecteur est Echinococcus granulosus (ou « taenia du chien »). C'est un cestode de la famille des plathelminthes, de cinq à huit millimètres de long.

L'hydatidose est une anthropozoonose, l'homme est un hôte intermédiaire accidentel. Cette parasitose touche principalement le foie et les poumons, mais également de nombreuses autres localisations de l'organisme.

Données épidémiologiques

Cosmopolite, la distribution de l'hydatidose dépend du foyer animal (surtout présente dans les grands pays d'élevage de moutons). Elle se trouve principalement dans les populations rurales.

Les personnes les plus atteintes par cette parasitose sont celles en contact avec les chiens, par exemple les bergers.

Les femmes semblent en moyenne plus touchées.

En France il existe quelques foyers endémiques (Massif central, Aquitaine, Normandie, Corse...). L'INVS estimait, en 2004, le nombre de cas autochtones annuels à 269, menant à 39 hospitalisations, et un décès.

Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme

Adulte, le parasite vit accroché à la paroi de l'intestin grêle du chien grâce à ses ventouses et ses crochets. Les œufs embryonnés sont excrétés dans les selles du chien, pour être ingérés par un hôte intermédiaire herbivore, la plupart du temps le mouton, mais également le bœuf, la vache, voire le chameau.

Après ingestion, les oncosphères (c'est-à-dire les embryons contenus dans les œufs) pourront éclore au niveau du système digestif et traverser la paroi (grâce aux crochets) pour atteindre la circulation générale. Ils peuvent alors se fixer à différents niveaux de l'organisme, mais surtout au niveau du foie ou des poumons.

Si l'embryon survit, il se transforme en larve hydatide avec formation d'un adventice autour de celle-ci : on parle de kyste hydatique.

Le cycle se poursuit lorsqu'un chien dévore les viscères d'un herbivore infesté.

La contamination de l'homme est accidentelle et consiste en l'ingestion des œufs embryonnés.

Cette ingestion est possible par contact avec le chien qui garde souvent des œufs accrochés au pelage et sur la langue, et contamine l'homme en le léchant ou en se faisant caresser (contamination directe), ou par l'intermédiaire d'eau ou de légumes souillés (contamination indirecte).

Signes cliniques

Il existe une longue période de latence asymptomatique, d'évolution lente. Souvent la découverte de la parasitose est fortuite (au cours d'une intervention chirurgicale par exemple).

Lorsque les symptômes apparaissent, ils peuvent être très variés de par le large panel d'organes pouvant être touchés.

Il existe deux formes principales.

Forme hépatique

Le foie est l'organe le plus fréquemment parasité (jusqu'à 70 % des cas). Il y a une bonne tolérance à l'infection, et une période de latence de quelques années.

En l'absence de complication, on observe une hépatomégalie indolore, avec déformation de la coupole diaphragmatique droite, et souvent il y a des calcifications.

Des manifestations allergiques sont également présentes (type urticaire).

Au bout de quelques années, des complications graves apparaissent.

Elles sont très diverses, et dépendent de l'endroit ou il y a rupture ou fissuration du kyste :

  • Dans la cavité péritonéale ou pleurale : syndrome péritonéal (douleurs abdominales et fièvre), choc anaphylactique, échinococcose secondaire.

  • Dans les voies biliaires : hépatomégalie, douleurs hépatiques, fièvre, ictère, angiocholite.

    Cela peut aboutir à :

    • Une complication compressive : compression des voies biliaires avec ictère (jaunisse), des veines sus-hépatiques avec « syndrome de Budd-Chiari » (nécrose hépatique due à l'obstruction des veines), du système porte avec hypertension portale.

    • Une infection, qui fait suite à la fissuration des voies biliaires.

    • Une complication toxique, à la suite de la libération de produits toxiques du liquide hydatique, provoquant des réactions allergiques bénignes (prurit) ou graves (choc anaphylactique) et des polyarthrites.

Forme pulmonaire

La forme pulmonaire représente environ 20 % des cas. Elle est primitive ou secondaire à une forme hépatique.

Il y a également une période de latence clinique, le diagnostic est alors possible grâce à un examen radiographique qui met en évidence au niveau des poumons des formes intra-parenchymateuses arrondies, opaques.

Les manifestations apparaissent plus tôt que pour la forme hépatique : toux d'irritation, dyspnée, parfois douleurs intrathoraciques.

Les complications sont diverses, on peut observer :

  • Une rupture du kyste dans les bronches, provoquant une vomique de liquide « eau de roche », liquide qui est clair et salé.

  • Des fissurations, surinfections et hémoptysies.

Autres formes

Tout l'organisme peut être touché. Ainsi, on peut observer des formes :

  • Cérébrale : elle peut se manifester par une hypertension intracrânienne, des crises d'épilepsie, une hémiparésie (déficience motrice touchant la moitié du corps), une hémianopsie (diminution de la vue dans une moitié du champ visuel), des troubles du langage...

  • Splénique : l'atteinte de la rate est souvent asymptomatique, mais une infection ou une rupture dans la cavité abdominale sont possibles.

  • Osseuse : rachis, os longs, bassin, os du crâne... Les atteintes osseuses peuvent être multiples, avec dans le cas d'une atteinte rachidienne des complications neurologiques par compression médullaire.

  • Rénale : cette forme entraîne une hématurie (présence de sang dans les urines), de la fièvre, une pyélonéphrite (infection du rein), des coliques néphrétiques...

  • Cardiaque, avec différentes atteintes cardiaques et complications par rupture intracardiaque comme l'embolie pulmonaire ou le déficit neurologique.

Diagnostic

Il y a deux volets diagnostics :

1. Morphologique : imagerie par différentes techniques, permettant la visualisation du kyste hydatique et des atteintes des organes (usage diagnostic et pronostic).

2. Biologique :

  • Indirect (pas de certitude) : éosinophilie (taux de globules blancs type polynucléaires éosinophiles) plus élevée à certains stades de développement du kyste, anomalies du bilan hépatique (même s'il est souvent normal), Immunoglobulines E totales augmentées (marque des réactions inflammatoires).

    On peut réaliser un diagnostic spécifique grâce à la sérologie. Elle permet aussi une surveillance postopératoire et la détection d'une éventuelle récidive.

  • Direct (certitude) : analyse de vomique (expectorations abondantes), de ponction d'un kyste hydatique, ou encore examen macroscopique du kyste.

Traitement

Chirurgie

C'est le traitement le plus commun.

Il faut enlever le kyste, de préférence sans l'ouvrir pour éviter une dissémination du parasite. Il y aura ensuite des échographies et des sérologies régulières pour vérifier le succès de l'opération.

Dérivés benzimidazolés

On utilise surtout l'albendazole (Eskazole®), qui agit par perturbation de l'absorption de glucose. Il est pris en cure de 28 jours, à raison d'un comprimé dosé à 400 mg deux fois par jour pour les patients de plus de 60 kg, et de 15 mg/kg/jour à répartir en deux prises pour les autres.

L'albendazole est contre-indiqué en cas de grossesse.

L'albendazole présente une bonne efficacité pour les kystes hépatiques de petite taille, et bonne alternative pour les kystes multiples ou disséminés qui rendent une opération chirurgicale compliquée.

Prophylaxie

De nombreuses mesures individuelles et collectives sont à envisager, telles que :

  • L'éducation sanitaire dans les zones endémiques.

  • L'interdiction d'accès des potagers aux chiens.

  • Le lavage systématique des mains après avoir touché un chien.

  • Éviter la promiscuité avec les enfants.

  • Le dépistage chez les populations à risque : bergers, vétérinaires...

  • L'abattage des chiens errants.

  • Vermifuger les chiens domestiques.

  • Des contrôles sanitaires des abattoirs, avec incinération des abats porteurs d'hydatides.

Un vaccin pour les animaux domestiques d'élevage est en cours d'évaluation.

L'hydatidose en images

Echinococcus granulosus adulte
Echinococcus granulosus
Kystes hydatiques libérant des larves hydatides

Références

Sources documentaires

T. Carmoi, P. Farthouat, X. Nicolas, J.-M. Debonne, F. Klotz. Kystes hydatiques du foie. EMC (Elsevier Masson SAS) Hépatologie, 7-023-A-10 (2008).

Durand F., Brenier-Pinchard M-P., Pelloux H. Parasitoses digestives : lambliase, taeniasis, ascaridiose, oxyurose, amibiase, hydatidose (avril 2004).

http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/corpus/disciplines/parasitomyco/parasito/100/lecon100.htm#

http://lmm.univ-lyon1.fr/internat/download/item100.doc (Page consultée le 26 mars 2012)

VAILLANT V., DE VALK H., BARON E.. Morbidité et mortalité dues aux maladies infectieuses d'origine alimentaire en France. INVS, 2004.

Crédit images

Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).

Public Health Image Library (PHIL). http://phil.cdc.gov/phil/.

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