Échinococcose alvéolaire
Introduction
L'échinococcose alvéolaire est une anthropozoonose (zoonose humaine) due à un cestode, Echinococcus multilocularis.
Comme l'hydatidose, il y a infestation du foie par le parasite, mais, contrairement à l'hydatidose, l'atteinte, en plus d'être très lente, est souvent asymptomatique, à tel point que l'on parle de « mode de progression comparable à un cancer du foie à marche lente ».
Données épidémiologiques
C'est une zoonose rare, endémique des régions ou l'on retrouve des renards roux : Est et Sud-Est de la France.
L'INVS estime ainsi qu'il y a annuellement 14 cas recensés, menant à 14 hospitalisations et 2 décès.
La majorité des cas rapportés se concentrent en Franche-Comté, Lorraine et Rhône-Alpes.
Dans le Doubs et le Jura, qui concentrent la majorité des cas, on peut observer de deux à six cas pour 10.000 habitants dans les cantons les plus exposés.
On note des extensions nord et sud vers les Ardennes, Côte-d'Or, Massif Central et Aveyron.
Le nombre de renards roux s'accroît, ceci en raison de la grande efficacité des campagnes de vaccination contre la rage (diminuant bien la mortalité chez les renards). Et, avec, l'incidence de l'échinococcose alvéolaire qui, pour l'instant, reste stable.
L'infestation s'est fortement propagée parmi les renards. Elle serait par exemple passée de 6 % à 44 % dans les Ardennes.
Cycle de vie du parasite et transmission à l'homme
Les renards, hôtes définitifs, s'infectent en mangeant des rongeurs, hôtes intermédiaires aux foies infestés, ayant eux-même été infestés par ingestion d'« oncosphères » portées par des graines. Les larves vont s'enkyster dans le foie, donnant des vésicules. Ces vésicules éclatent pour libérer un parasite sous forme « protoscolex », qui va migrer vers l'intestin et maturer pour donner un ver adulte. Les vers adultes libéreront des œufs dans l'environnement, œufs qui évolueront pour donner les oncosphères précédemment mentionnées. L'homme est une hôte accidentel : il s'infecte par la consommation d'aliments souillés, ou parfois par contact direct avec le pelage d'animaux contaminés. À noter que chien et chat peuvent être porteurs. |
Signes cliniques
La maladie n'évolue que chez un patient sur dix, et n'est détectable que par une sérologie positive et des calcifications hépatiques.
C'est une maladie longtemps asymptomatique : le développement s'étale sur plusieurs années, pour former une masse hépatique assez importante pour que des signes peu spécifiques apparaissent : sensation de « masse hépatique », troubles de compression des organes voisins, ictère, prurit.
On observera aussi un envahissement des organes voisins, ainsi que des axes vasculaires et biliaires.
L'âge moyen d'apparition des symptômes est de 50 ans.
Diagnostic
Le diagnostic repose essentiellement sur l'imagerie médicale : échographie hépatique, tomodensitométrie, IRM. On recherchera des calcifications hépatiques.
L'anatomopathologie est aussi très importante : une biopsie hépatique permet de mettre en évidence des lésions très caractéristiques.
On peut aussi employer des méthodes moins invasives. Ainsi, l'on va suivre les marqueurs de souffrance hépatique : les gamma-GT et les phosphatases alcalines sont plus élevées. Il faut confirmer dans ce cas par un sérodiagnostic immunoenzymologique.
Traitement
Il consiste en l'ablation chirurgicale pour retirer la masse parasitaire du foie et éventuellement au voisinage du foie.
La chirurgie est suivie par une prise d'albendazole en continu à plus ou moins long cours, mais toujours pendant un minimum de deux ans.
Dans les cas les plus graves (7 % des malades), une transplantation hépatique peut être envisagée, malgré le risque de réinfestation.
Prophylaxie
La présence de renard s'étend de plus en plus sur le territoire, à tel point qu'il n'est pas rare de voir des renards en zone périurbaine, voire même, en ville (il fut rapporté des cas à Nancy et Annemasse).
Cette anthropozoonose va donc très probablement prendre une grande importance, il convient donc de sensibiliser d'une part les professionnels de santé, mais aussi et surtout la population.
Bien que les antiseptiques et la congélation soient inefficaces sur les œufs d'Echinococcus multilocularis, les mesures à prendre sont simples : éviter de consommer des baies sauvages crues en région endémique (car il y a un fort risque de contamination par les selles des renards), et ne pas approcher de renards.
Dans le cas des populations à risque, des mesures plus ou moins spécifiques sont recommandées. Ainsi, un taxidermiste devrait travailler avec des gants, un chasseur traiter ses chiens avec du praziquantel en prévention.
La diphyllobothriose en images
Références
Sources documentaire
[1] BOURÉE P., FRESCO M. L'échinococcose alvéolaire en progression en France. OptionBio 448, 15-16, février 2011.
[2] VAILLANT V., DE VALK H., BARON E.. Morbidité et mortalité dues aux maladies infectieuses d'origine alimentaire en France. INVS, 2004.
[3] GRENOUILLET F. et coll. L'échinococcose alvéolaire humaine en France en 2010 . Bulletin épidémiologique 38, ANSES, septembre 2010.
Crédit images
Librairie d'images de parasites du CDC. DPDx — CDC Parasitology Diagnostic Web Site (http://www.dpd.cdc.gov).
Yale Rosen. Echinococcus (hydatid) cyst involving liver and lung. Licence CC-BY-SA. https://secure.flickr.com/photos/pulmonary_pathology/3679907350/